Une centaine de policiers municipaux ont débrayé devant l’Hôtel de Ville ce mardi 1er mars à midi. (Photo Hadrien Jame)

Une centaine de policiers municipaux font éclater leur colère sous les fenêtres de la mairie de Lyon

Moins de 24 heures après l’échec des négociations entre l’intersyndicale de la police municipale de Lyon et la direction des services de la ville, les agents ont mis leur menace à exécution en débrayant devant l’Hôtel de Ville. Au bruit des pétards et des sifflets, une centaine de policiers ont exprimé leur colère de ne pas avoir été entendus. 

(MàJ 18h15 ) Retrouvez à la fin de ce reportage notre interview de Laurent Bosetti, adjoint à la promotion des services publics, sur l'état des discussions et la position de la ville de Lyon.

Annoncée le 9 février dernier, la grève des agents de la police municipale a bien eu lieu ce mardi 1er mars, sous les fenêtres de la mairie de Lyon, place de la Comédie dans le 2e arrondissement. À l’appel de l’intersyndicale CGT, UNSA, CFTC et FO, une centaine de policiers municipaux se sont rassemblés sur les coups de midi entre l’Opéra de Lyon et la mairie centrale pour exprimer leur colère au lendemain des négociations avortées entre leurs représentants syndicaux et le directeur général des services de ville de Lyon. 

Lire aussi : Dialogue de sourds entre la Ville de Lyon et sa police municipale, en quête de "sens au travail"


"On avait obtenu ce que l’on voulait, on était quasiment à un accord parfait", Bertrand, porte-parole de l'intersyndicale


Bertrand, porte-parole de l'intersyndicale, assure que c'est le début le début "d’un conflit qui pourra être dur". (Photo Hadrien Jame)

En amont de ces discussions et de ce premier débrayage, Laurent Bosetti, l’adjoint à la promotion des services publics, nous confiait "on pense vraiment avoir donné des marques de considération qui n’ont jamais eu lieu dans cette mesure là sur le précédent mandat". Pendant un temps, lundi 28 février, il semble d’ailleurs que ces propositions aient retenu l’attention de l’intersyndicale. À entendre son porte-parole Bertrand, "on avait obtenu ce que l’on voulait, on était quasiment à un accord parfait. L’IAT [indemnité d'administration et de technicité, NDLR] maximale pour tous les agents, un engagement de notre part à mettre notre communication au service du recrutement, à ne pas manifester et à soutenir notre hiérarchie". 

Dialogue rompu lundi

Cela, c’était avant que la machine ne s’enraye, "quelques voix dissonantes ont rompu totalement le dialogue", lâche Bertrand. À en croire Édith Kinhouande brigadiére-chef principale de la police municipale et secrétaire générale adjointe de la CGT, la responsabilité serait à imputer à la direction de la police municipale "on sait que le blocage vient de nos directeurs de police municipale, qui veulent continuer à diviser les services". Ce qu’ont fermement démenti les intéressés dans un courrier adressé à l’intersyndicale, que nous avons pu consulter, où ils dénoncent un "mode de fonctionnement diffamatoire qui s’inspire des heures sombres de notre histoire" et qui "ne fait pas honneur à votre mandat de représentants du personnel et fait injure à votre qualité de policier", déclarent-ils en s'adressant aux représentants de l'intersyndicale.


"On sait que le blocage vient de nos directeurs de police municipale, qui veulent continuer à diviser les services", Édith Kinhouande brigadiére-chef principale de la police municipale et secrétaire générale adjointe de la CGT


C’est donc dans un climat tendu et avec en toile de fond un dialogue rompu que drapeaux de syndicats en main les agents se sont fait entendre sous les fenêtres du maire de Lyon. "On s’est suffisamment battus pendant longtemps pour avoir des choses intéressantes. Il y a 20 ans en arrière ils se targuaient d’être la plus grande police municipale de France avec les meilleurs avantages et maintenant pour une grande ville on se retrouve dans les dernières financièrement, avec de plus en plus de missions", déplore un agent du PC radio, qui préfère rester anonyme. 

Les policiers municipaux dénoncent notamment le manque d'effectifs et évoquent un sentiment d'insécurité à travailler avec des équipes réduites. (Photo Hadrien Jame)

Pétards, sifflets et marseillais sous les fenêtres de la mairie

Entre les très nombreuses explosions assourdissantes de pétards, les sifflets stridents et quelques craquages de fumigènes rouges et bleus, "les bleus" ont longtemps donné de la voix, entonnant plusieurs Marseillaises à pleins poumons avant d’inviter Mohamed Chihi, l’adjoint à la sécurité, et le maire de Lyon, Gregory Doucet, à les rejoindre, en vain. À défaut des deux élus, ils ont finalement eu la visite du directeur général des services venu leur proposer de revenir à la table des négociations, tout en leur demandant de stopper les jets de pétards intempestifs. "Ce n’est pas ça l’image de la police municipale, ça fait peur aux gens. Vous ne vous rendez pas compte de l’image que ça rend", a plaidé M. Maillard auprès des représentants des grévistes. 


"Ils nous ont donnée un espoir et derrière on ne voit rien arriver. Leur problème il est là", un policier du PC radio


Une requête que les agents auront mis plus d’une bonne demi-heure à accepter, déterminés à se faire entendre avant de retourner négocier. "Le problème de cette municipalité c’est qu’elle a donné une sorte d’ouverture au départ et en fin de compte il n’y a pas de résultats. Ils nous ont donnée un espoir et derrière on ne voit rien arriver. Leur problème il est là. Ils auraient du rester sur ce terrain-là pour comprendre où nous en étions et trouver des solutions avec nous", confie l’agent du PC radio, qui a rejoint la pluie municipale de Lyon en 1999. 

Les fumigènes étaient de sortie devant la mairie de Lyon, pour accompagner la Marseillaise. (Photo Hadrien Jame)

Reprise des négociations ?

Venu soutenir les policiers grévistes, la maire LR du 2e arrondissement, Pierre Oliver, toujours en pointe sur les questions de sécurité, s’interroge, lui, sur les difficultés de la ville à recruter des agents, "j’ai toujours dit et défendu qu’il fallait doubler les effectifs de la police, la mairie de Bron a réussi à le faire, pourquoi la ville de Lyon n’y arrive pas ?". Comme nous l’expliquions dans notre décryptage de cette grève lundi 28 février, la mairie de Lyon a bien annoncé vouloir augmenter de 20% les effectifs de sa police d’ici la fin du mandat, mais les effets de ce recrutement ne se font pas encore ressentir, car dans le même temps il y a aussi "eu des départs à la retraite ou des départs pour d’autres collectivités parce que les gens déménagent ce n’est pas nécessairement parce qu’ils sont malheureux à Lyon", nous expliquait Laurent Bosetti.


"Il y a certaines demandes sur lesquelles on ne transigera pas [...] on a l’habitude de ne pas faillir, on ne subit de personne et on ne subira pas", Bertrand, porte-parole de l'intersyndicale


Mardi midi, après une heure de protestation, les représentants syndicaux étaient enfin prêts à retourner négocier. Pour autant, et le porte-parole de l’intersyndicale l’assure, "il y a certaines demandes sur lesquelles on ne transigera pas", notamment en ce qui concerne l’augmentation de l’amplitude des dimanches travaillés, au coeur des négociations depuis le début. Finalement reçus vers 14h15 par Messieurs Chihi et Bosetti, les représentants de l'intersyndicale ont pu dialoguer de manière "ouverte" et "apaisée" avec les deux élus et rappeler leurs revendications déjà énoncées la veille. "Ils se sont engagés à nous donner apporter un réponse rapidement", explique le porte-parole de l'intersyndicale, qui nous confiait aussi en début d'après-midi que faute d'accord ce sera "le début d’un conflit qui pourra être dur, [...] on a l’habitude de ne pas faillir, on ne subit de personne et on ne subira pas".

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4 questions à Laurent Bosetti : "La grève persiste, mais le dialogue n’est pas rompu"

À l’issue du rassemblement organisé entre midi et 14 heures devant l’Hôtel de Ville, les représentants des policiers municipaux ont été reçus par la mairie en présence de Mohamed Chihi, adjoint à la sécurité, et Laurent Bosetti, adjoint à la promotion des services publics. Au terme de cette réunion de 2 heures, M. Bosetti est revenu pour Lyon Capitale sur l’état des discussions.

Lyon Capitale : Est-ce que des choses ont évolué par rapport à hier ? 

Laurent Bosetti : On a d’abord réaffirmé et récapitulé ce que l’on a envoyé dans la nuit aux agents dans un courriel. Soit, ce sur quoi nous nous sommes déjà engagés, comme la revalorisation de salaires, et ce sur quoi on s’engage à terme, quoi qu’il arrive, à savoir la prise en charge de l’entretien des vêtements de travail, allouer des caméras piétons aux agents ou encore ne pas bouger les horaires des postes  de proximité, etc.

Ensuite, on a formulé cinq mesures qui étaient dans leurs demandes et que je regroupe en trois catégories. 

  • Les évolutions de carrières : c’est-à-dire des accès à de nouveaux grades, à de nouveaux échelons. 
  • La question d’allouer un salaire encore amélioré par rapport à ce que l’on avait fait : on l’a proposé sur certaines unités qui peuvent bénéficier de bonifications indiciaires, à l’instar des motocyclistes, des brigades équestre et cycliste et du pôle de formation de la police.
  • La question de la rotation des  dimanches : jusqu’à présent, nous nous étions engagés sur un dimanche sur six avant de proposer un assouplissement d’un sur neuf au GOM et là on a avancé avec des propositions différenciées selon les unités de métiers, d’un dimanche sur six, sept, huit ou neuf. 

Comment se sont déroulés les échanges aujourd’hui ? 

La tonalité de l’échange est restée constructive, même si l’on se sépare sur un désaccord. Le point de blocage pour les syndicats c’est cette fameuse IAT, ce régime indemnitaire qu’ils veulent au maximum pour tout le monde, quels que soient les métiers et les contrats. De notre côté, c’est une non-différanciation des métiers et des contraintes sur laquelle nous ne voulons pas aller. C’est pour ça que nous avons proposé un pack le plus étoffé possible pour montrer que l’on voulait tout de même avancer. 

Eux nous disent, "on vous remercie pour ces propositions très positives, du rattrapage parce que vous héritez de trois mandats où il n’y avait pas eu de revalorisation, mais vous ne rattrapez pas assez". Pour ne pas être en rupture, j’ai donc proposé que chacun puisse essayer d’assouplir ses positions avant de se revoir pour trouver des points d’équilibre et d’accord.

Une date est-elle fixée pour une prochaine rencontre ? 

Non pas encore. Tout simplement parce qu’en interne nous devons étudier les scénarios et échanger avec le maire. Pour l’instant, la grève court et de ce point de vue là c’est le statu quo. La grève persiste, mais le dialogue n’est pas rompu. Comme nous, eux aussi ont à coeur d’aller chercher des policiers municipaux demain pour regonfler les effectifs de la police municipale lyonnaise sur les postes vacants et les nouveaux créés. 

Le mouvement de grève a été suivi avec une centaine d’agents mobilisés, ce n’est pas négligeable…

Je n’ai pas encore eu de consolidation du chiffre, mais pour l’instant j’en suis resté à 80 grévistes sur les 300 policiers, donc en effet c’est quand même important puisque ça représente un quart. Je ne vais pas nier que 25% c’est important. Mais encore une fois, on partage les préoccupations, elles sont légitimes. C’est simplement que l’addition proposée par l’intersyndicale est extrêmement maximaliste. Ils sont preneurs de tout le pack de mesure que l’on propose, mais en même temps ils nous sollicitent pour la mesure la plus engageante en voulant mettre tout le monde au maximum [en termes d’indemnités, NDLR].

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POUR ALLER PLUS LOIN SUR LE MÊME SUJET

Le porte-parole l'intersyndicale des policiers lyonnais, étaitl'invité de "6 minutes chrono" ce mardi matin. Il explique les raisons de la grève de ce mardi 1er mars.

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