Engagée dans un bras de fer avec sa police municipale depuis de nombreux mois, la Ville de Lyon est parvenue à trouver un protocole d’accord avec la CGT et l’UNSA pour "améliorer les conditions de travail" de ses agents. Néanmoins, pour le reste de l’intersyndicale, le compte n’y est pas et une grève perlée est à prévoir au mois d’avril.
Tout juste un mois après la manifestation d’une petite centaine de policiers municipaux devant ses fenêtres, le 1er mars dernier, la mairie de Lyon se félicite ce vendredi 1er avril d’être parvenue à un accord avec la CGT et l’UNSA. "Cet accord gagnant-gagnant est le fruit d’un dialogue continue et constructif entre les services de la Ville de Lyon et les syndicats pour aboutir à une solution commune", explique ainsi Laurent Bosetti l’adjoint à la promotion des services publics.
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L'intersyndicale divisée
Après des mois de tensions entre la ville et ses policiers, l’accord signé avec une partie de l’intersyndicale pourrait laisser présager de la fin du bras de fer, pourtant rien n’est moins sûr et le "combat" pourrait même se durcir dans les prochaines semaines. En effet, l’accord trouvé par la Ville ne semble pas répondre aux attentes du reste de l’intersyndicale, qui, par la voix de son porte-parole, s’émeut du choix de la CGT et de l’UNSA et s’estime "trahie". "Au mépris des règles du dialogue social ils se sont livrés à des négociations de couloir dont on ne connaît pas les enjeux, mais ils ont trahi l’esprit de l’intersyndicale", dénonce auprès de Lyon Capitale, Bertrand, le porte-parole de l’intersyndicale.
"Ils se sont livrés à des négociations de couloir dont on ne connaît pas les enjeux, mais ils ont trahi l’esprit de l’intersyndicale"
Bertrand, le porte-parole de l’intersyndicale
FO et la CFTC, les deux autres syndicats de la police municipale de Lyon ne se retrouvent pas dans le protocole mis sur la table par la Ville et qui aurait été signé par la CGT avant même que les policiers aient le temps de se prononcer lors d’une consultation lancée par l’intersyndicale, suite à la présentation de l’accord proposé. À tel point que les deux syndicats ont déjà prévu de durcir leur contestation au mois d’avril : "On s’oriente vers un conflit qui va durer, nos moyens d’expression vont évoluer. On ne sait pas encore comment on va réagir, mais ce sera l’action de la CFTC et FO et on ne se livrera pas à des compromis. Il n’y a pas d’appel à la manifestation, mais il y aura des grèves perlées", assure Bertrand, alors que l’intersyndicale a déjà déposé un préavis de grève pour les 3, 10, 17 et 24 avril prochains.
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L’accord présenté par la ville propose des évolutions sur le déroulé de carrière des agents, l’assouplissement des dimanches travaillés pour certains et une "hausse substantielle de leur indemnité d’administration et de technicité" pour d’autres, l’amélioration des équipements ou encore une bonification indiciaire. Autant d’avancées qui ne répondent néanmoins pas "au coeur des demandes sur lesquelles l’intersyndicale s’est montée. Ils s’autosatisfont de choses qui ne sont absolument pas convaincantes. On est atterré", lâche son porte-parole.
Dialogue de sourds
L’engagement de la ville à augmenter de 20% ses effectifs de police d’ici la fin du mandat, soit l’ouverture de 60 postes au recrutement, n’est pas de nature non plus à satisfaire le syndicaliste et le reste de l’intersyndicale, ces derniers estimant que le manque d’attractivité financière de la ville ne permettra pas d’atteindre l’objectif affiché. Pourtant, en début d’année, plus de la moitié des policiers municipaux de catégorie B et C ont reçu "une revalorisation salariale pouvant aller jusqu’à plus de 1400 € brut par an", assure la ville.
"Depuis le début de notre mandat, nous nous attelons à une meilleure prise en compte de cette profession pour valoriser au mieux son attractivité et son exercice"
Laurent Bosetti l’adjoint à la promotion des services publics
Pas de quoi convaincre les grévistes qui expliquent que dans certaines communes de la région les policiers sont payés 200 à 300 euros de plus. Interrogé sur ce point fin février, Laurent Bosetti nous expliquait qu’il y a parfois "des systèmes d’heures supplémentaires non réalisées et payées. Ce qui est totalement illégal et que la ville de Lyon ne le fera pas".
En attendant, Bertrand estime que les policiers municipaux de Lyon sont "la dernière roue du carrosse" et que la ville "se contente d’arrangements à la petite semaine". Entre la mairie et le reste de l’intersyndicale les sons de cloche semblent aujourd’hui bien éloignés pour se faire écho et le fossé continue de se creuser. À suivre.
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