Les Eglantiers, sur la colline de Fourvière, l’une des neuf « sections » des jardins ouvriers de Lyon
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Reportage photo au coeur des jardins ouvriers de Lyon

Les jardins ouvriers lyonnais, délaissés pendant les Trente Glorieuses au point de quasiment disparaître, sont aujourd’hui très prisés des citadins. Ils constituent la mémoire patrimoniale de l’histoire sociale lyonnaise.

On les devine depuis Gorge-de-Loup ou l’autoroute, avant de s’engouffrer dans le tunnel de Fourvière. Ils recouvrent tout un pan de la colline, côté nord. Si, à l’époque, les cabanons épars pouvaient donner une impression de baraquements un brin traîne-misère, ils ont depuis fait l’objet d’une attention toute particulière. "Dans les années 90, se souvient Roger Delafoulhouze, 83 ans, ancien président de la section des Eglantiers au sein des jardins ouvriers de Lyon, Collomb m’avait convoqué et m’avait dit : ‘Regarde, on dirait Bab El Oued ton truc !’ On avait dû planter des centaines d’arbustes et repeindre en vert tous les cabanons. On avait tout bien remis d’aplomb." printempsBon pied bon œil, le doyen offre les merguez, entouré de ses deux complices, Georges, 74 ans, ancien de la propreté du Grand Lyon et Félix, 78 ans, qui a fait toute sa carrière aux usines Berliet. Comme tous les samedis, ils se réunissent “pour un casse-croûte” dans la bicoque de bric et de broc, équipée d’un barbecue avec une petite cheminée bricolée qui évacue, tant bien que mal, les odeurs. La "sainte trinité" des Églantiers a connu l’époque des jardins ouvriers "où on jardinait pour se nourrir".

"Œuvre moralisatrice"

  jardins ouvriers historiquePetit retour en arrière. Année 1916. Lyon, comme l’ensemble du pays, vit à l’épreuve de la Grande Guerre. Le 28 novembre, quelques jours avant d’obtenir son premier poste ministériel des Transports, des Travaux publics et du Ravitaillement, et inspiré des travaux de l’abbé Lemire [lire encadré Terrianisme et catholicisme social], le maire Édouard Herriot fait voter au conseil municipal la création de l’œuvre des jardins ouvriers municipaux. En fondant cette œuvre, l’assemblée délibérante lyonnaise cherche à peser sur le cours des denrées qui s’est déjà élevé dans une proportion importante. Peu de temps avant, Herriot avait constitué la Commission des denrées dans le but de permettre un meilleur ravitaillement de la population lyonnaise. L’idée de l’œuvre était donc aussi de donner à l’ouvrier le moyen de pourvoir en partie par son travail à l’alimentation de sa famille.

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