"Nous sentons l’envie de la Russie de prendre le contrôle de la situation"

Le vice-ministre lituanien de l’agriculture a accordé un entretien à Lyon Capitale, à l'occasion de son intervention à Lyon lors d'une conférence dédiée à la ruralité en Europe.

S'il était invité, comme d'autres dirigeants européens, à la conférence "Ruralisons l'Europe" organisée la semaine dernière à Lyon, Lyon Capitale a profité de la présence d'Egidijus Giedraitis, vice-ministre lituanien de l’agriculture, pour s'entretenir avec lui sur le conflit en Ukraine.

 

Vice-ministre lituanien de l'agriculture, Egidijus GiedraitisLyon Capitale : Comment le conflit entre la Russie et l’Ukraine impacte l’agriculture et la Lituanie ?

Egidijus Giedraitis  : Nous sommes membres de l'OTAN, et l'OTAN est prête à riposter, surtout maintenant, après l'agression par la Russie de l'Ukraine. Quant à l'agriculture, la Lituanie a importé peu de produits d'Ukraine. Les principaux produits d'importation pour la Lituanie, ainsi que pour l'ensemble de l'Europe, sont les aliments pour les animaux, l'avoine, le tournesol et dans une moindre mesure, les céréales.
Il n'y a pas de menace directe. En revanche, l'impact est beaucoup plus important sur l'électricité depuis que la Russie a augmenté les prix. En liaison avec la hausse des prix de l'électricité, les prix des engrais ont également augmenté - les prix ont été multipliés par 5 -, ainsi que les prix des céréales qui, eux, ont doublé.

Lyon Capitale : Outre la hausse des prix des produits, à quels problèmes devez-vous faire face ?
Egidijus Giedraitis  : En avril 2022, j'ai rencontré le ministre de l'Agriculture de l'Ukraine, j'ai également parlé avec l'ambassadeur de l'Ukraine : notre ministre veut vraiment aider l'Ukraine à établir un "corridor de transport"  pour l'approvisionnement en céréales vers l'Europe et directement vers la Lituanie. Le principal problème est non seulement le conflit et les hostilités sur le territoire de l'Ukraine, mais aussi les dimensions du chemin de fer. En Lituanie, comme en Ukraine, les gabarits ferroviaires sont en effet plus larges qu'en Europe. A ce stade, le mode de livraison par voie maritime est envisagé.

Lyon Capitale : Comment la Lituanie soutient-elle l'Ukraine ?
Egidijus Giedraitis  : En Lituanie, l'Ukraine est soutenue par 95 % de la population. En ce moment, si vous regardez à Vilnius (capitale de la Lituanie, NdlR), il y a plus de drapeaux ukrainiens que de drapeaux lituaniens. Dans les bâtiments des écoles fermées, les groupes d’actions locales ont organisé les sièges sociaux pour recevoir des réfugiés d'Ukraine. Toutes les arrivées sont acceptées. En outre, des "points" d'inscription supplémentaires ont été créés dans toute la Lituanie. Toutes les démarches administratives ont été simplifiées et accélérées. Depuis le début du conflit, plus de 40 000 réfugiés ukrainiens sont ainsi arrivés en Lituanie.

Lyon Capitale :  Que craignez-vous pour la Lituanie ?
Egidijus Giedraitis  : Nous sentons l’envie de la Russie de prendre le contrôle de la situation. En Lituanie, ils le disent : "si vous ne résistez pas, la Russie vous passera par-dessus la tête". Tout ce qui se passe sur le territoire de l'Ukraine peut nous arriver à tout moment.

Lire aussi : A Lyon, se joue l'avenir de la ruralité en Europe

 

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