Vue sur l’Hôtel de Ville de Lyon depuis Fourvière. @WilliamPham

Nuits sonores, Woodstower, Maison de la Danse … la baisse des subventions de la Région s’allonge à Lyon 

Le nombre d’institutions et d’événements culturels lyonnais frappés par la baisse "brutale" des subventions accordées par la Région n’en finit plus de grimper. En plus des trois noms révélés fin avril par la Région Auvergne-Rhône-Alpes, la Ville de Lyon en recense désormais onze autres, auxquels s'ajoutent plusieurs noms que nous dévoilons ci-dessous. La liste devrait continuer de s’allonger pour atteindre une baisse globale de près de 2 millions d’euros à Lyon.

À la "douche froide" des premiers jours, qui ont suivi l’annonce de la baisse ou coupe des subventions de la Région accordées à l’Opéra de Lyon, la Villa Gillet et les Biennales, succède désormais la colère froide du maire de Lyon, qui se pose en défenseur de la culture entre Rhône et Saône face à Laurent Wauquiez. En amont du conseil municipal de ce jeudi 19 mai, où il souhaite faire adopter un voeu demandant à l’exécutif régional de revenir sur sa décision, l’édile écologiste a dévoilé de nouvelles baisses pour les institutions culturelles lyonnaises, qui pourraient approcher au total les 2 millions d’euros, comme nous le révélions la semaine dernière.  


"Faire de la politique sur les arts et la culture c’est ce que font les régimes autoritaires. Ce sont les orientations de l’extrême droite.[...] C’est ce pourquoi nous sommes inquiets et nous appelons l’exécutif à la région à revenir sur sa décision", Grégory Doucet, le maire de Lyon


Dans notre article en date du 12 mai nous avancions que la Maison de la danse pourrait perdre 180 000 euros sur une enveloppe régionale de 380 000 euros (-47%), que le Théâtre du Point du Jour pourrait voir sa subvention baisser de 15 000 euros sur une aide de 150 000 euros (-10%) et encore que les Subsitances, le Théâtre Nouvelle Génération (TNG) et le Théâtre de la Croix-Rousse pourraient aussi être frappés. Autant d’informations confirmées ce mercredi matin par le maire de Lyon Grégory Doucet et son adjointe à la culture Nathalie Perrin-Gilbert. 

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L'École nationale supérieure du cinéma durement frappée

À cela s’ajouteraient d’autres noms d’événements et institutions culturelles comme le festival Woodstower (- 6 000 €), la MAPRAA — Maison des Arts Plastiques et visuels Auvergne Rhône-Alpes — (- 54 000 €), l’Orchestre national de Lyon (- 46 000 €), en plus des baisses déjà connues et qui devraient toucher l’Institut Lumière (- 100 000 €) et le Musée Urbain Tony Garnier (- 35 000 €) qui est désormais menacé de fermeture. Selon nos informations, le Nouveau théâtre du huitième (NTH8) perdrait également 25 000 €, sa subvention passant ainsi de 155 à 130 000 euros, le festival Sens Interdit verrait s'envoler toute sa subvention de 50 000 €, le Lyon BD festival serait amputé de 2 000 € et la Cinéfabrique (l’École nationale supérieure du cinéma) serait également durement touchée par une baisse de 100 000 euros, sur l’enveloppe de 700 000 € qui lui était accordée jusqu’ici. Comme le dévoilaient nos confères de Tribune de Lyon, le festival Quais du Polar serait lui aussi concerné. Ce que nous a confirmé la directrice de l'évènement Albane Lafanechere, en précisant qu'il s'agit d'une baisse de 13% sur un budget de 32 000 €, et non 40 000 € comme l'écrivait l'hebdomadaire.

Une liste provisoire des institutions et événements qui pourraient être concernés à Lyon par une baisse des subventions de la Région à Lyon. (Crédit DR)

Quid du reste de la Métropole dans tout cela ? La semaine dernière Cédric Van-Styvendael nous annonçait une baisse de 100 à 150 000 euros pour le TNP, à laquelle viendrait désormais s’ajouter une coupe de 30 000 euros au centre de valorisation de la lithographie (URDLA) de Villeurbanne, ainsi qu’une baisse de 10 000 euros pour le Centre de musique traditionnelle Rhône-Alpes (CNTRA). Du côté de Givors, le théâtre de la ville perdrait également 5 000 euros dans cette affaire. 

Des coupes officialisées le 25 mai ?

Pour l’instant le conditionnel est toujours de rigueur au moment d’évoquer ces baisses, le conseil régional ne devant se prononcer sur le sujet que le 25 mai, à la suite de sa commission culture prévue le 20 mai, mais l’issue du vote ne fait que peu de doute, le président de la Région, Laurent Wauquiez, détenant la majorité au sein de l’hémicycle. Certaines institutions ont d’ailleurs déjà reçu des courriers de la part de la Région les informants des baisses à venir, effectives dès cette année, comme pour la Villa Gillet ou le Musée Urbain Tony Garnier, d’autres comme Arty Farty, qui organise le festival Nuits Sonores, n’ont pas encore été mises au courant officiellement. Contacté ce matin, le directeur d’Arty Farty, Vincent Carry, assurait n’avoir encore rien reçu et n’entendre que des "bruits de couloirs, pour le moment", faisant état d’une baisse de "15 000 euros", sur une subvention qui était jusqu’ici de 75 000 euros. Une mauvaise nouvelle à moins d’une semaine du début de la 19e édition du festival, qui sera lancée le 25 mai, le jour où devraient être officialisées toutes ces baisses.

Invités à réagir aux nouvelles coupes évoquées par la Ville de Lyon ce matin, les services de la Région Auvergne-Rhône-Alpes n’ont pas souhaité commenter ces informations, nous renvoyant à leur justification communiquée fin avril. À savoir que le budget culture voté en 2022 reste identique à celui adopté en 2021, environ 60 millions d’euros, et qu’il s’agit d’une redistribution des ressources visant à irriguer tout le territoire d’Auvergne-Rhône-Alpes et pas seulement les Métropoles, qui percevaient jusqu’ici 60% des aides.

Cinéma, livres et arts plastiques finalement pas épargnés

Par ailleurs, la collectivité nous avait alors assuré que "les filières cinéma, livres et arts plastiques ne seront pas concernées par les baisses", ce qui ne semble finalement pas être le cas à la vue des baisses qui devraient toucher la Villa Gillet, mais aussi la MAPRAA, pour les arts plastiques, et l’association lyonnaises Les Inattendus, qui organise un festival de cinéma d’auteurs, et pour qui l’on annonce une coupe de 2 250 €, contre 15 000 € auparavant, selon nos informations. 


"Le seul sens c’est de pénaliser les structures sur Lyon et Villeurbanne. Je le vois [Laurent Wauquiez, Ndlr] surtout taper sur certains territoires plutôt que d’autres, [...] c'est de l'ordre de la punition des territoires", Pascale Bonniel Chalier (EELV), conseillère régionale d’opposition au sein de la commission culture


Une incohérence qui ne surprend pas Pascale Bonniel-Chalier (conseillère régionale d’opposition au sein de la commission culture) pour qui ces coupes n’ont "aucun sens, le seul sens c’est de pénaliser les structures sur Lyon et Villeurbanne. Je le vois [Laurent Wauquiez, Ndlr] surtout taper sur certains territoires plutôt que d’autres, parfois pour faire des économies de bouts de chandelles". Devant l’ampleur des baisses annoncées, le maire a appelé Laurent Wauquiez à revoir sa positon, non sans avoir auparavant eu des mots très forts à l’égard de la politique du président LR, qu’il n’hésite pas à associer à celle de "l’extrême droite".

Comment pallier cette baisse de subventions ?

Reste désormais aux acteurs culturels et aux représentants à la culture de la Ville de Lyon et la Métropole à trouver des solutions pour pallier cette décision qualifiée d'"électoraliste" par Cédric Van-Styvendael, le maire de Villeurbanne. Des discussions ont notamment été lancées par Nathalie Perrin-Gilbert avec le ministère de la Culture et divers acteurs, mais concernant un renforcement du soutien financier de manière pérenne et complet cela pourrait s’avérer plus complexe pour les collectivités. Du côté de la Métropole, le vice-président à la culture nous expliquait ne pas pouvoir pour l'instant "inventer des crédits au fur et à mesure du désengagement de la Région. Ça ne veut pas dire que l’on n’est pas en train de discuter avec l’État, mais moi je veux d’abord mettre devant ses responsabilités le conseil régional". 


"Compenser strictement les décisions brutales de la Région reviendrait à les cautionner et ce n’est pas moins choix", Grégory Doucet, le maire de Lyon


Le maire de Lyon Grégory Doucet n'en disait pas moins ce mercredi matin, "notre rôle n’est pas de mener la politique régionale à la place de la région. Compenser strictement les décisions brutales de la Région reviendrait à les cautionner et ce n’est pas moins choix. Nous allons étudier chaque situation en mettant tous les acteurs autour de la table. Nous ne sommes pas dans un combat ville/Région, mais dans un combat pour la culture et les arts. Des acteurs privés pourraient aussi venir en aide, j’en appelle à toutes les bonnes volontés, à toutes celles et ceux qui croient dans l’importance des arts et de la culture, leurs valeurs et leur pouvoir. Ce sont les fondamentaux de notre démocratique et de notre République qui sont ici attaqués" déclare froidement l'édile Lyonnais.

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