L'adjoint à la petite enfance de la Ville de Lyon, Steven Vasselin, est revenu pour Lyon Capitale sur les problèmes de recrutement auxquels sont confrontées les crèches municipales qui peinent à trouver du personnel qualifié. Interview.
Une semaine après le décès d'une petite fille de 11 mois, empoisonnée volontairement avec un produit toxique par une employée d'une micro-crèche privée People & Baby dans le 3e arrondissement de Lyon, l'émoi est fort dans le monde de la petite enfance. Des témoignages de parents d'enfants inscrits dans ce réseau de crèches privées font surface, comme le rapporte France 3, et mettent en lumière, au-delà de ce drame très particulier par son histoire, les manques d'effectifs et le turn-over permanent des équipes dans ces établissements.
En marge de la tragédie qui secoue People & Baby, l'adjoint du maire de Lyon chargé de la petite enfance, Steven Vasselin, nous a confié les difficultés qu'ont les crèches municipales, comme leurs homologues privées, à recruter du personnel qualifié. "Pour la rentrée 2022, nous allons geler 200 berceaux en raison de la centaine de postes vacants", révèle Steven Vasselin.
Pas assez de places dans les formations professionnelles
Deux raisons expliquent selon lui les difficultés auxquelles sont confrontées les crèches. D'abord, "il n'y a pas assez de diplômés qui sortent des écoles de formation d'éducateurs de jeunes enfants". Selon Steven Vasselin, à Lyon les écoles spécialisées ne peuvent accueillir qu'un étudiant sur cinq ou six candidats. Il appelle la Région, dirigée par l'élu de droite Laurent Wauquiez, à ouvrir davantage de places dans ces formations professionnelles.
L'autre point brûlant pour attirer davantage d'éducateurs et d'auxiliaires de puériculture, ce sont les conditions de travail. "À la Ville, on fait en sorte de revaloriser les salaires", estime l'adjoint à la petite enfance. Le 1er janvier 2022, les employés de la petite enfance de la Ville de Lyon ont bénéficié d’une revalorisation salariale de 90 euros bruts par mois pour les auxiliaires de la puériculture et de 150 à 200 euros bruts par mois pour les éducateurs de jeunes enfants. Les salaires minimums sont désormais de l’ordre de 1 900 et 2 260 euros bruts par mois selon la fonction.
"Il n'y a pas que le salaire, il y a aussi les conditions de travail qui ne sont pas toujours satisfaisantes"
Steven Vasselin, adjoint du maire de Lyon chargé de la petite enfance
"Mais il n'y a pas que le salaire, il y a aussi les conditions de travail qui ne sont pas toujours satisfaisantes. On essaye d'améliorer cela en changeant l'image que le grand public se fait de ces métiers et en apportant du sens. À la Ville, on va mettre en avant la "pédagogie de plein air" (qui consiste à mettre davantage les enfants dehors). En allant là-dessus, on change l'image de ces métiers. On a des élèves qui sortent d'école qui viennent nous voir, car ça les intéresse", note Steven Vasselin.
L'adjoint au maire se dit cependant "confiant" concernant une nette amélioration de la situation d'ici 3-4 ans à Lyon.
La réalité est différente.
La très grande majorité du personnel de crèche est titulaire seulement d'un CAP petite enfance, payé au SMIC.
Les auxiliaires de puériculture et à fortiori d'éducateurs(trices) de jeunes enfants sont très, très minoritaires.
Le recrutement de CAP petite enfance est toujours d'actualité et il est tout à fait possible de trouver des personnes de ce niveau motivées, encore faudrait-il le vouloir.
Il serait intéressant, puisque c'est un sujet social très important, de faire une enquête journalistique sur le fonctionnement des crèches municipales de Lyon en commençant par interroger les personnes qui prennent en charge les enfants et les parents bien entendu, plutôt que de ne délivrer la parole qu'aux décideurs.