Photo : Hadrien Jame

La Métropole de Lyon bataille pour sauver ses parcs du changement climatique

Au cours des prochains jours, la Métropole de Lyon va procéder à l’abattage de près de 120 tilleuls argentés au parc de Parilly, à Vénissieux. Après plusieurs accidents, la collectivité a décidé de faire tomber ces arbres attaqués par un champignon, induit par la sécheresse et la canicule. Pour sauver ses parcs du changement climatique, la Métropole repense sa politique de plantation. 

D’ici une quinzaine de jours, les promeneurs de l’allée charretière du parc de Parilly, à Vénissieux, ne pourront plus s’abriter sous le couvert des tilleuls qui la borde depuis près de soixante ans. Près de 120 spécimens de cet arbre majestueux au feuillage argenté vont être abattus après plusieurs accidents. Au cours des quatre dernières années, huit chutes d’arbres ou de branches ont été recensées sur l’allée de 900 mètres de long, qui longe le stade de Parilly et les nombreux espaces d’activités où jouent des enfants. L’un d’eux avait d'ailleurs été blessé le 27 juin 2021 par la chute d'un tilleul. 


"Ce champignon qui n'avait pas encore détecté en France apparaît sur des arbres qui sont très fatigués, fragilisés par la sécheresse et la canicule" Pierre Athanaze, vice-président de la Métropole de Lyon en charge de l'environnement


Une quarantaine de tilleuls de l'allée charretière du parc de Parilly sont touchés par un champignon indétectable à l'oeil nu. (Photo Hadrien Jame)

Acté depuis plusieurs mois, le début de l’abattage était à la base prévu pour l’automne, mais il a dû être avancé en urgence à ce lundi 4 juillet après deux nouvelles chutes il y a une dizaine de jours. Longtemps plébiscité par la direction des espaces verts pour sa beauté et son ombrage important, "cet arbre ne sera plus planté sur le territoire de la Métropole de Lyon", précise Pierre Athanaze, le vice-président de la collectivité en charge de l’environnement. Trop fragile, l’essence n’est plus jugée viable par les services de la collectivité.

Près de 10% du parc de Parilly abattu en 4 ans

Le coniophore est un champignon qui s'attaque aux racines de l'arbre. (Photo HJ)

À la suite de l’accident de juin 2021, survenu seulement trois mois après une série d’expertises sur les arbres de l’allée qui n’avaient relevé aucun souci, la Métropole de Lyon a diligenté une nouvelle enquête pour tenter de percer le mystère de ces chutes à répétition. À force de prélèvements, les experts ont décelé la présence d’un champignon enfoui "très profondément sur les racines". "Très difficile à détecter", ce champignon connu sous le nom de coniophore est habituellement présent dans les charpentes ou les milieux humides et n’avait jusqu’ici jamais été détecté sur des arbres en France, selon Pierre Athanaze. 

Pour le moment, une quarantaine des quelques 120 tilleuls de l’allée seraient concernés, mais pour ne pas prendre de risque la collectivité a préféré tous les abattre. "C’est une allée très passante", justifie le vice-président de la Métropole. "On sait qu’il y a des arbres dangereux, mais on ne sait pas dire lesquels", abonde Mathieu Lamure, le responsable des espaces verts parcs et jardins. 


"Le patrimoine souffre et peu d’arbres en réchappent, mais il est difficile de donner une proportion d’arbres malades", Mathieu Lamure, le responsable des espaces verts parcs et jardins


À l'extérieur, mais aussi à l'intérieur de l'arbre les traces du coniophore ne sont pas visibles . (Photo HJ)

Pour expliquer ce début d’épidémie, M. Athanaze avance deux éléments de réponse. Le premier est tout simplement à mettre au compte de la sécheresse qui laisse des arbres "épuisés" et donc plus sujets à contracter des maladies et le deuxième tient dans le fait que ces tilleuls argentés sont des clones. Autrement dit ils possèdent tous le même patrimoine génétique et si l’un tombe malade tous peuvent potentiellement être porteurs. Après avoir été arrachés, les tilleuls seront broyés sur le site du parc puis utilisés comme paillage, les analyses réalisées par la Métropole ayant permis d’écarter un risque de transmission du champignon, "ce n’est pas comme avec le Chancre coloré qui touche les platanes et ait extrêmement contagieux", explique Pierre Athanaze.

Repenser la politique de plantation

En 4 ans, près de 10% du parc de Parilly a dû être abattu, soit environ 2 000 arbres, en raison de maladies, de la sécheresse ou encore de la canicule. "Le patrimoine souffre et peu d’arbres en réchappent, mais il est difficile de donner une proportion d’arbres malades", déplore Mathieu Lamure. Une étude sanitaire globale du parc est en cours pour "prendre en compte le changement climatique et la qualité du sol", afin de mieux cerner l’avenir des végétaux du parc et établir une nouvelle politique de plantation, qui commence à prendre forme. 

Désormais, la Métropole ne plantera plus d'allées de ce type, très aérée avec une seule essence de grands arbres. Les plantations seront beaucoup plus denses. (Photo HJ)

"Le climat a déjà changé et pour l’avenir il faut repenser la plantation", assène Pierre Ahtanaze, qui ne cache pas que "c’est un peu un cauchemar parce qu’on ne sait pas quel climat il y aura dans 30 ans. Nous savons qu’il fera plus chaud, mais cela ne veut pas dire que nous aurons le climat méditerranéen. On le voit dès maintenant avec les gelés tardives, de la grêle, etc.". Moyennant un investissement de 85 000 euros, la collectivité a donc acheté 250 arbres plus petits que les tilleuls, 600 arbustes et près de 1 500 arbustes bas, vivaces et couvre-sol pour faire revivre cette allée emblématique du parc de Parilly en la pensant pour résister au changement climatique.


"Le climat a déjà changé et pour l’avenir il faut repenser la plantation. [...] Si on plante des arbres plus petits ce n’est pas parce qu’on est devenus radins. Il y a une raison technique", Pierre Athanaze, vice-président de la Métropole de Lyon en charge de l'environnement


Avec une variété d’essences plus accueillantes pour les insectes pollinisateurs et une densité très importante la future allée devrait apporter plus de fraîcheur et d’humidité pour les promeneurs, mais aussi les arbres. "On ne veut plus faire d’alignement on veut mélanger les essences, en panachant avec des espèces exotiques et locales. On va aussi travailler sur des tailles différentes avec des arbres, des arbustes", détaille M. Athanaze. Une feuille de route qui devrait être appliquée par la suite sur le reste du territoire.  D’ici une quinzaine d’années, lorsque ses arbres seront arrivés à maturité et qu’ils dessineront une nouvelle voûte végétale, l’allée charretière du parc de Parilly devrait ainsi offrir un bel exemple de la nouvelle dynamique impulsée par la majorité écologiste pour ses plantations.

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