Cet été, la végétation est mise à très rude épreuve dans la Métropole de Lyon, comme ici au parc de Miribel Jonage. Il s’agit de la conséquence de l’effet combiné de la sécheresse, en cours depuis le mois de février, et les canicules estivales. (Photo Hadrien Jame)

Sécheresse : dans la Métropole de Lyon la situation est "catastrophique"

Cet été, alors que les épisodes de canicule se succèdent à Lyon, les Lyonnais ne sont pas les seuls à accuser le coup de la chaleur. Partout dans la métropole de Lyon la végétation et la bidoviersité souffrent des conséquences d’une grave sécheresse en cours depuis plusieurs mois et dont les effets sont accentués par la canicule. 

Les cours d’eau à sec, l’herbe jaune et cassante des parcs, qui disparaît peu à peu en laissant apparaître la terre, ou encore les feuilles jaunies et desséchées de nombreux arbres qui donnent un air d’automne à Lyon en plein mois d’août sont autant de stigmates de la sévère sécheresse qui touche la Métropole de Lyon cet été. "On est sur un niveau de sécheresse jamais connu au XXe siècle", alerte Pierre Athanaze, le vice-président de la Métropole de Lyon chargé de l’environnement. 


"Nous sommes maintenant sur un cycle de sécheresse qui va se reproduire régulièrement, donc dire que c’est exceptionnel c’est nier ce qu'il se passe", Bruno Bernard, président de la Métropole de Lyon


Pour trouver trace des dernières grosses précipitations au niveau local, il faut remonter au mois de juin selon l’élu. Un apport qui a "fait du bien à la végétation", mais qui se révèle très insuffisant alors que le territoire est dans un "état de sécheresse depuis février, après un hiver moyennement pluvieux". À entendre Pierre Athanaze, la situation est désormais "catastrophique" dans la Métropole de Lyon en raison de la récurrence des épisodes de sécheresse des dernières années, combinés cette année à la canicule. 

Sur les bords du lac de Miribel Jonage, qui a perdu 20 cm en un mois, l'herbe verte est une denrée très rare ce lundi 8 août. (Photo Hadrien Jame)

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Le niveau du lac de Miribel Jonage baisse

Des arrêtés limitant l’utilisation de l’eau ont donc été pris par la préfecture du Rhône dès le mois de juin pour préserver la ressource. En l’absence d’amélioration, les mesures ont été renforcées fin juillet, les autorités imposant de nouvelles contraintes aux particuliers, aux professionnelles et aux collectivités de l’axe Saône. Depuis ce passage en alerte renforcée l’arrosage des pelouses et massifs fleuris "est interdit" et celui des terrains de sport "limité". Par ailleurs, ces règles imposent "une réduction de 50 % des prélèvements pour les usages industriels et l’irrigation agricole est soumise à des contraintes horaires".

Par endroit la situation en devient même critique, comme sur les bords de l’Yzeron ou du Garon où les conséquences sont "catastrophiques pour la biodiversité" en l’absence d’eau. Placé en en crise sécheresse le 28 juillet, le niveau d’alerte le plus haut, les deux cours d’eau qui passent sur la métropole sont à sec par endroits. Au niveau des nappes phréatiques, celle de l’Est lyonnais, qui alimente en grande partie le lac de Miribel Jonage, aurait déjà "perdu à peu près 20% de son niveau, c’est énorme", confie Pierre Athanaze. Le plan d’eau très apprécié des Grands Lyonnais, lui, a vu son niveau baisser de "20 cm en un mois", selon Calvin Simeone, un technicien du grand Parc charge de s'occuper des fleurs, des forêts et plus généralement de l'environnement de cet espace classé en zone Natura 2000.

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Les conséquences de cette sécheresse combinée à la canicule ne se font pas ressentir dans les robinets des Grands Lyonnais, qui devraient être épargnés pour le moment, la ressource en eau potable du territoire dépendant à 90% de la nappe du Rhône. Cela n'est toutefois pas figé dans le temps puisque selon la Métropole, "les modélisations indiquent une baisse des débits moyens du Rhône située entre 10 et 40% à horizon 2050".

En revanche la biodiversité, elle, est déjà en péril. "Beaucoup de plantes n’ont pas fleuri du fait de la sécheresse et c’est catastrophique pour les insectes pollinisateurs et notamment les bourdons et les papillons qui n’ont rien à manger depuis avril-mai", insiste Pierre Athanaze, en précisant que cela pourrait avoir de lourdes conséquences sur les prochaines floraisons. À cela s'ajouteraient des pertes à venir sur les végétaux plantés cette année, encore difficiles à quantifier, mais qui pourraient s’élever cette année à 5% contre 2 à 3% habituellement.

Depuis plusieurs années, le Grand Parc a pris l’habitude de retarder la fauche et de laisser l’herbe pousser sur 70 de ses 2 000 hectares pour conserver de l’humidité relative dans le sol. Une technique qui permet habituellement de faire passer la température au sol de "30 à 25°c", estime Calvin Simeone, technicien du parc, mais qui cette année avec la sécheresse ne fonctionne guère et donne plutôt quelques sueurs froides aux agents en raison d’une "crainte de prise de feu de ce genre de milieux". (Photo Hadrien Jame)

Trouver un nouveau modèle d'agriculture

Une prédiction qui semble irréversible pour cette année, les collectivités semblant surtout vouées à essuyer les pots cassés. "Ça ne sert à rien de s’agiter quand on a la tête dans le mur, c’est trop tard. C’est bien avant qu’il faut agir pour éviter la sécheresse et la canicule. Si ce que l’on fait au niveau de la Métropole depuis 2 ans avait été lancé il y a 15, 20 ou 30 ans on en serait pas dans la situation d’aujourd’hui. Il faut désinpermabiliser, végétaliser, changer les cultures agricoles, arrêter de subventionner le maïs pour faire autre chose et aider les agriculteurs à consommer moins d’eau, c’est indispensable", liste le vice-président de la Métropole de Lyon.


"Pour inverser les températures, avoir plus d’humidité de l’air et donc plus de pluie il faut agir sur des territoires suffisamment vastes", Pierre Athanaz, vice-président de la Métropole de Lyon en charge de l'environnement


C’est ce qu’a notamment entrepris le Grand Parc depuis une dizaine d’années en réduisant la part de maïs cultivé sur ses 400 hectares de terres agricoles exploitées par 15 agriculteurs. D’une centaine d’hectares il y a dix ans, la culture du maïs a été réduite à une vingtaine sur ce territoire, car "sa production était trop exigeante en eau", justifie Catherine Creuze, la présidente du Syndicat mixte de l'île de Miribel Jonage. Désormais, la culture du colza et du blé noir est privilégiée.

Bruno Bernard, le président de la Métropole de Lyon estime qu'il "ne faut pas s’habituer, il faut agir et s’adapter". (Photo Hadrien Jame)

C’est ce genre de virage que le président de la métropole de Lyon, Bruno Bernard souhaite impulser, sur le territoire de la collectivité. "La moitié de la consommation en eau est liée à l’agriculture, donc si on ne traite pas la question de la production agricole nous n’arriverons à rien. On ne peut plus avoir une agriculture aussi consommatrice en eau. On se doit d’avoir des productions adaptées au climat. Il ne faut pas s’habituer, il faut agir et s’adapter, ce sujet doit être pris à bras le corps par le gouvernement", insiste l’élu écologiste alors qu'en date du 8 août 93 départements français sur 96 sont touchés par la sécheresse et que 57 se trouvent en crise.

En attendant, les stigmates et les conséquences de la sécheresse dans la Métropole de Lyon devraient continuer de s’accentuer dans le prochains jours, un nouveau pic de chaleur étant annoncé pour la fin de semaine. À l'horizon, pas l'ombre d'un nuage chargé des gouttes de pluie salvatrices pour la terre et la biodiversité.

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