De plus en plus de Lyonnais vont au boulot à vélo. Quatre d’entre eux nous racontent leur quotidien.
Sandrine “J’ai appris à monter des pneus” Le réveil vient de sonner 7 h et le trafic commence tout juste à saturer sur la rocade de l’Est lyonnais, quand Sandrine grimpe la piste cyclable qui longe le tram T3 à hauteur du Grand Large. La vue sur le plan d’eau, avec en arrière-plan un paysage rehaussé par la colline de la Côtière, est inspirante. Habitante de Meyzieu, Sandrine passe tous les jours devant ce décor de carte postale. “Je me suis mise au vélotaf mi-mars 2022. Avant, je prenais la voiture jusqu’à Vaulx-en-Velin et ensuite le tram.” Pour couvrir la distance (17 km) qui sépare son domicile de son lieu de travail dans le 7e arrondissement de Lyon, elle y a été progressivement. “J’ai un ami qui habite à Meyzieu et bosse occasionnellement à Lyon dans le 7e. Il m’a dit que ça se faisait bien à vélo. C’était le nombre de kilomètres qui me décourageait. Au début, je prenais le tram depuis le Groupama-Stadium jusqu’à Vaulx-en-Velin, avant de finir à vélo.” Puis elle effectue l’entièreté de la distance : “J’ai d’abord fait une fois par semaine, puis deux et maintenant cinq fois.” Pour être plus autonome, elle a adhéré à l’association des “P’tits Vélos” à Meyzieu. “J’ai appris à monter des pneus et quelques autres astuces.”
anthony “Si la météo est mauvaise, je peux télétravailler” Anthony, jeune papa trentenaire, est parti loin de Lyon pour se convertir au vélo. C’est lors de sa première expérience professionnelle en Norvège qu’il commence à appuyer régulièrement sur les pédales. “J’avais 1 km à pied à faire pour aller au travail, mais je m’étais acheté un VTT pour en faire en loisir et j’allais donc au boulot avec. Depuis 2016, je fais du vélotaf à Lyon.” Cet ingénieur dans le domaine de la chimie habite dans le 7e arrondissement. Il travaille à Genas dans la banlieue est de Lyon, ce qui l’oblige à réaliser un long périple. Mais il bénéficie d’un luxe : le droit au télétravail deux jours par semaine. “Je fais 16 km aller, soit 32 km par jour trois fois par semaine. Si je vois que la météo est vraiment mauvaise, je peux télétravailler. Je peux aussi adapter l’horaire de départ. Ce que j’aime c’est l’activité physique. Quand je passe au-dessus de la rocade et que je vois les gens qui font touche-touche dans les bouchons, je suis heureux d’être à vélo.” Il roule sur un vieux vélo routier avec garde-boue et porte-sacoche. “Avec le télétravail, il faut transporter le PC donc c’est bien d’avoir les sacoches.”
Jerôme Le déclic dans les bouchons Il a la silhouette affûtée du sportif régulier. Dans son casier au bureau, une paire de chaussures de trail côtoie ses vêtements de vélotafeur. Comme des milliers de Lyonnais, Jérôme Dechanoz se rend plusieurs fois par semaine à bicyclette sur son lieu de travail. Salarié d’un bureau d’études spécialisé dans les travaux de génie civil à Vaise dans le 9e arrondissement, il habite à Marcy-l’Étoile. “Cela fait quatre ans que je fais du vélotaf. Avant, quand les enfants étaient chez la nounou, je les déposais en voiture avant d’aller ensuite au boulot. Quand j’ai commencé à les déposer à l’école, j’ai été plus contraint par les horaires, je me retrouvais dans les bouchons et j’arrivais au bureau à des heures pas possibles. C’est là que j’ai eu le déclic : dans les bouchons, je voyais des gens qui me doublaient à vélo et je me suis dit : ‘Je vais essayer.’ J’ai d’abord tenté un jour lors des vacances scolaires et j’ai mis moins de temps qu’en voiture. J’ai adoré le trajet à vélo et j’ai continué”, s’enthousiasme ce quadragénaire. Son trajet fait neuf kilomètres. Une longue descente à l’aller et de la montée au retour. “Je mets vingt minutes à l’aller et une demi-heure au retour.”
Marion “L’hiver, je prends plus facilement le vélo électrique” Il y a ceux qui transpirent sur les pédales pour boucler leur vélotaf. Et puis il y a les grands sportifs, pour qui le trajet en deux-roues ressemble presque à une récupération après de dures séances d’entraînement. La championne d’ultra-trail Marion Delespierre a fini 2e sur le podium du Grand Raid de la Réunion, une course de 170 km qui traverse l’île montagneuse du sud au nord avec 10 000 mètres de dénivelé au menu. Médecin du sport, elle travaille à la clinique de La Sauvegarde dans le 9e arrondissement de Lyon. Le matin, elle quitte donc son domicile à Collonges-au-Mont-d’Or pour un trajet vallonné qui traverse les communes de Saint-Didier-au-Mont-d’Or et Champagne-au-Mont-d’Or pour un total de 10 km. Mais il y a forcément des jours moins faciles en vélotaf. Même pour les athlètes. “J’ai toujours aimé faire du vélo pour aller travailler, même si l’hiver c’est plus difficile. Pendant cette période, je prends plus facilement le vélo électrique comme ça je n’ai pas besoin de me changer quand j’arrive. En plus, j’ai acheté récemment un véhicule électrique et j’ai moins de scrupules à prendre la voiture si le temps est mauvais”, confie Marion Delespierre. En novembre prochain, elle participera aux championnats du monde de trail running en Thaïlande. Et sa préparation physique se fera aussi sur le vélo.
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