Last Train © Christophe Crénel

Cold Fame party : Lyon, terre de défrichage du rock indé

Entités sœurs, le groupe Last Train et l’agence de booking Cold Fame, créée par le chanteur Jean-Noël Scherrer, ont tout deux quelque chose à fêter, la fin d’une longue tournée et du chapitre “The Big Picture”, pour le groupe, huit ans d’existence pour l’agence de défrichage rock. Tout cela en simultané, ou presque, à la fin du mois avec Cold Fame Party, un concert qui va faire du bruit.

Au commencement était Last Train. Quelque part dans ce sud de l’Alsace proche de la Suisse tapissé de guirlandes de villages à colombages au charme identique et à l’ennui, il faut bien le dire, antédiluvien, quatre collégiens martyrisent dans un garage des instruments de musique presque aussi grand qu’eux avec la conviction très adolescente qu’ils finiront sur des scènes de stade (et pas les stades municipaux d’Altkirch, Blotzheim ou Uffheim, entendons-nous bien).

Écumant, à un âge où l’alcool leur est encore interdit, les bars du coin pas vraiment réputés pour leur ambiance rock’n’roll et leur exigence musicale, les quatre se font des dents longues comme ça et se les taillent en biseau. C’est un fait, les années passant et l’expérience venant, les gamins ont du talent et, à force, sont de moins en moins des gamins. Ils écrivent aussi très tôt leurs morceaux, au départ vraiment inspirés de ceux de leurs idoles, mais quand même.

Messe de Minuit

Avant même la vingtaine, dans le sillage très affirmé de Jean-Noël Scherrer, chanteur-guitariste et quasi P.-D.G. du groupe, décision est vite prise de tenter l’aventure de manière professionnelle en mode doigts à l’extérieur du postérieur – faire les choses le plus sérieusement du monde est un peu la condition pour s’amuser un maximum, pense le groupe.

Last Train passe la démultipliée sur les concerts et bouffe du kilomètre pour engranger de l’expérience tout en affinant une écriture qui débouche sur le morceau Fire agissant comme une étincelle et a tout fait de les propulser sous les projecteurs des gens qui savent. Et comme il ne sera pas dit qu’en cas d’échec Last Train n’aura pas mis toutes les chances de son côté, absolument toutes, en parallèle Jean-Noël absorbe toutes les connaissances disponibles sur le fonctionnement de l’industrie musicale.

Rockeur-chef d’entreprise

Au point que Last Train, Jean-Noël en tête, fonde à Lyon, où la plupart des membres du groupe sont désormais installés, Cold Fame, sa propre agence de booking et de production, officiant également un temps comme label.

Les deux entités vont se développer en parallèle et Jean-Noël Scherrer de devenir un rare exemple de rockeur-chef d’entreprise qui serait bien en peine de choisir entre ces deux activités – il remporte un prix de jeune entrepreneur et a commencé de dispenser des formations avant même ses 25 ans. En plus de développer la carrière de Last Train, le voilà qui épaule de jeunes groupes, lyonnais ou non, et de jeunes entrepreneurs, tout en développant un hallucinant carnet d’adresses professionnelles. Parmi les événements organisés par Cold Fame, on compte notamment la fameuse Messe de Minuit, l’un des rares événements réguliers réellement défricheurs d’un milieu rock indé légèrement sinistré face à la concurrence des musiques urbaines.

Bandit Bandit, pétaradante formation menée par les Bonnie & Clyde du rock lyonnais Maëva Nicolas et Hugo Herleman © Boby

The Big Picture

Aujourd’hui, Last Train, dont les membres n’ont pas trente ans, a publié deux albums et une ribambelle d’EP depuis le premier sorti en 2015, enquillé des centaines de dates dans le monde entier et Cold Fame fête ses 8 ans d’existence.

Pour les occasions, le groupe clôt la tournée “The Big Picture”, longue de trois ans – même si quelque peu hachée par les confinements – et de 130 dates (17 pays, un Olympia), par trois concerts symboliques à Mulhouse (chez eux), Lyon (chez eux aussi, le 24 septembre au Transbordeur) et Paris (en mode intime à La Maroquinerie) mais également, dans les mêmes villes, par trois soirées au cinéma.

Car le groupe ne se contente pas de musique. Largement influencé par les scores cinématographiques et rendu dernièrement à un quasi post-rock taillé pour les grands espaces et les longs formats, le groupe, par la grâce de Julien Peultier, guitariste et réalisateur, produit ses propres clips – celui du dernier titre en date, How did we get there ?, long de 18 minutes, est un véritable court métrage – et a même réalisé un film pour documenter l’enregistrement de l’épique “The Big Picture” en Norvège.


Last Train, dont les membres n’ont pas trente ans, a publié deux albums et une ribambelle d’EP depuis le premier sorti en 2015


La crème d’un rock indé français

Histoire de matérialiser ces liens entre la musique et leur passion de l’image, et afin de boucler la boucle en attendant de repartir vers un troisième album qui, on l’imagine, ne devrait plus tarder, les quatre de Last Train ont donc choisi de doubler les concerts de septembre de projections de leur documentaire et du court métrage précité, notamment au Comoedia le 26 septembre.

Mois de septembre qui sera chargé puisque pour l’anniversaire de Cold Fame, Scherrer and co produisent une Cold Fame Party pas piquée des hannetons (dans laquelle leur date du 24 septembre vient se loger faisant d’une pierre deux coups et marquant le caractère inséparable des deux entités) avec la crème d’un certain rock indé français.

Quelques Lyonnais d’abord puisque partageront l’affiche Bandit Bandit, pétaradante formation menée par les Bonnie & Clyde du rock lyonnais Maëva Nicolas et Hugo Herleman, et soutenue de longue date par Cold Fame, et les princes du garage Johnnie Carwash.

Mais on retrouvera aussi les Rouennais de MNNQNS un groupe à consonance (et donc sans voyelles) post-punk, le trio hardcore bordelais W!zard et ce drôle de mariage façon carpe frite et lapin à la moutarde constitué de la machine à transformer le post-punk en post-rock Lysistrata et du leader de Frànçois & The Atlas Mountains, François Marry, pour un projet baptisé Park, très power-pop atmosphérique.

L’affaire s’ouvrant à l’international, comme la plupart des manifestations Cold Fame, on pourra également retrouver la curiosité psyché Penelope Isles ressortissante du Royaume-Uni et de l’excellent label Bella Union ainsi qu’Aratan N’Akalle, formation malienne de rock touareg (un genre décidément prolifique) dont les membres se sont rencontrés dans un camp de réfugiés au Burkina Faso.

Le duo anglais psyché Penelope Isles produit par Cold Frame

Cold Fame ne s’en cache pas, cette party c’est une boum d’anniversaire à partager avec les copains et ç’a toujours été un peu l’esprit véhiculé tant par Last Train (la camaraderie d’abord même si elle ne doit pas rogner sur l’ambition) que par Cold Fame (promouvoir des coups de cœur et aider la jeunesse qui sonne). Boum c’est aussi le bruit que devrait faire cette soirée.


Cold Fame Party avec Last Train, Bandit Bandit, Johnnie Carwash, MNNQNS… – Le 24 septembre au Transbordeur, Villeurbanne
Projection de The Big Picture et How did we get there ? – Le 26 septembre au Comoedia, Lyon 7e


 

 

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