Lors du conseil municipal du mardi 20 septembre, l’adjoint à la sécurité de la Ville de Lyon a affirmé avoir déployé 17 des caméras demandées par l’État. Une affirmation réfutée par la préfecture du Rhône. Une bataille politique qui exaspère les policiers de la Ville de Lyon en charge de la vidéosurveillance.
"Nous avons eu une demande de 30 caméras supplémentaires de la part des services de la police nationale et nous avons répondu à une majorité d’entre elles. Nous avons déployé 17 caméras", déclarait mardi 20 septembre, lors du conseil municipal de la Ville de Lyon, Mohamed Chihi l’adjoint à la sécurité. Laissant ainsi présumer d’une légère amélioration des relations entre la préfecture du Rhône et la mairie sur la question sécuritaire suite à ce redéploiement de caméras.
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4 caméras sur les 17 annoncées par la Ville ?
Sauf que selon des informations que la préfecture du Rhône a transmises à Lyon Capitale ainsi qu'à d'autres médias lyonnais, les chiffres annoncés par l’adjoint de Grégory Doucet ne recoupent pas ceux des services de l’État. Sur la liste d’une trentaine de sites où la préfecture demande à la Ville de Lyon d’installer des caméras, seuls 4 auraient été équipés et non 17 comme annoncé par Mohamed Chihi. "On a vérifié point par point", assure-t-on du côté des services de l’État, non sans souligner que sur les quatre caméras deux ne fonctionneraient pas.
En plus de son annonce du redéploiement de 17 caméras, l’élu expliquait que les 13 équipements qui restent à installer pour répondre aux requêtes de l’État nécessitent de plus amples échanges avec la préfecture pour définir les parcours de manifestations qu’elles doivent couvrir. "Nous n’avons pas déployé les caméras liées aux manifestations, car nous avons besoin de travailler avec la préfecture sur le trajet de ces manifestations pour qu’elles empruntent des lieux surveillés", précisait Mohamed Chihi. Ce que la préfecture dément une nouvelle fois.
Invitée à réagir au démenti de la préfecture du Rhône, la mairie de Lyon nous a renvoyé aux déclarations de Mohamed Chihi lors du conseil municipal sans apporter de précision à l'écart des chiffres de la municipalité et des services de l'État, qui assurent que le compte n'y est pas.
Les agents en charge de la vidéosurveillance montent au créneau
En parallèle de ce nouveau bras de fer politique, les agents du Centre de Supervision Urbain (CSU) de la ville de Lyon, qui sont chargés de contrôles ces fameuses caméras, "ne veulent pas faire les frais de cette guerre des clans (politiques) et être démunis de leur outil de travail". Dans un communiqué acerbe, la CGT Ville de Lyon dénonce les propos d’intervenants de la préfecture du Rhône qui, selon eux, "laissent à suggérer que l’utilisation des caméras, propriété de la Ville de Lyon, par les policiers [nationaux, NDLR] serait plus efficace que par les agents de la Ville de Lyon".
En toile de fond, la demande de l’État de permettre à alopécie nationale d’accéder en direct aux flux vidéo des 571 caméras de la mairie de la ville de Lyon, comme c’est par exemple le cas à Villeurbanne depuis quelques mois grâce au déport d’image. Pour appuyer sa demande, l’État met en avant le besoin de réduire la durée de l’intervention des policiers qui doivent aujourd’hui faire une demande aux agents du CSU de Lyon pour accéder aux images de la ville avant de pouvoir lancer une action policière. "C’est jeter l’opprobre insidieusement sur le travail fourni par les agents du CSU qui répondent depuis plus de 20 ans avec efficacité aux nombreuses demandes quotidiennes des effectifs de police (municipale et nationale)", tonne la CGT.
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Il faut croire que Mohamed Chihi ne sait pas compter.