Pr Karim Tazarourte, chef du Samu 69_urgences
Pr Karim Tazarourte, chef du Samu 69/ Urgences @Romane Thevenot
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"Il est crucial de repenser le rôle du médecin" (Karim Tazarourte, chef de service du Samu de Lyon)

Le professeur Karim Tazarourte est chef de service du Samu 69 -Urgences à l’hôpital Édouard-Herriot de Lyon et président de la Société française de médecine d’urgence (SFMU).

  Pr Karim Tazarourte, chef du Samu 69_urgences Pr Karim Tazarourte, chef du Samu 69/ Urgences
@Romane Thevenot Lyon Capitale : Les entrées aux urgences ont doublé en vingt ans, atteignant 22 millions de passages annuels. Comment l’explique-t-on ? Karim Tazarourte : La part des patients relevant d’une extrême urgence ou d’une urgence vitale ne bouge pas. Cela veut dire que l’augmentation des passages aux urgences est liée à des profils de pathologies qui, globalement, ne relèvent pas majoritairement de la médecine dite aiguë [médecine d’urgence, soins intensifs, NdlR]. On y croise des gens qui viennent pour de simples consultations – la médecine générale en gros –, d’autres qui viennent pour un soin non urgent mais qui ne sont pas assouvis en médecine de ville : c’est l’exemple de la personne qui a très mal au genou, sans douleurs intenses mais qui a des difficultés à marcher. Et puis on est confronté au vieillissement de la population, aux pathologies chroniques qui ne sont parfois pas gérées parce qu’il n’y a plus de médecins traitants. À l’échelle du territoire, entre 10 et 13 % de la population n’a pas de médecin traitant. En fait, il faut imaginer que les urgences de l’hôpital sont le seul endroit ouvert H 24. Et, de facto, les dysfonctions du monde de la médecine de ville, au sens large, affluent aux urgences et les touchent fortement. Limiter les entrées aux urgences ne relève-t-il pas d’une responsabilisation de la population, entre 20 et 40 % des patients qui se présentent aux urgences pouvant être pris en charge par un médecin de ville ? C’est vrai qu’il y a 50 ans, on attendait que la fièvre baisse ou grimpe pour aller consulter. Aujourd’hui, au moindre symptôme, on fonce à l’hôpital ou chez le médecin. On assiste donc à une évolution sociétale majeure, avec un effet d’éducation indéniable. À côté de cela, on observe une problématique d’accès à l’information pour une partie de la population. Ce qu’on dit dans le rapport Braun, c’est que lorsque vous êtes confronté à des soins non programmés, que vous savez que ce n’est pas grave, on pousse à appeler son médecin traitant. Encore faut-il qu’il soit disponible et qu’il ait le temps de répondre dans un laps de temps compatible avec votre demande, c’est-à-dire dans la journée ou, au pire, dans les 36 heures. Le médecin traitant doit rester une pierre angulaire. Quand ce n’est pas le cas, intervient alors le Sas (Service d’accès aux soins), fondé sur le partenariat hôpital/médecins généralistes de ville. Le service est accessible par téléphone 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 et apporte une réponse à toute demande de soins urgents non programmés.  

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