Après près de deux ans de fermeture la cité de la gastronomie rouvre ses portes ce vendredi 21 octobre. (Photo Hadrien Jame)

À Lyon, la Cité de la gastronomie manque de saveur pour sa réouverture

Dans un état végétatif depuis sa fermeture il y a près de deux ans, la Cité internationale de la gastronomie (CIG) rouvrira ses portes au public ce vendredi 21 octobre dans l’écrin du Grand Hôtel-Dieu. Trois expositions, dont la très ludique Banquet, accompagnent cette réouverture attendue par les Lyonnais, dont certains resteront sur leur faim.

Fermée depuis deux ans après le fiasco de sa première ouverture, qui n’aura finalement duré que neuf mois, la Cité internationale de la gastronomie (CIG) rouvre ses portes ce vendredi  21 octobre au sein de l’Hôtel Dieu. Avec ambition, mais surtout "humilité" insiste Régis Marcon, le chef triplement étoilé aux commandes de la CIG, qui a encore en travers de la gorge l’échec cuisant de la version numéro 1.


"Ici, ce n’est pas une halle, c’est un endroit où l’on veut proposer un récit autour de l’alimentation. J’aimerais bien qu’ici ce soit un peu un happening permanent autour de l’alimentation", Jérémy Camus, vice-président de la métropole de Lyon à l’alimentation.


Autant aborder le sujet en entrée. Les gourmands qui espéraient que cette nouvelle mouture leur offrirait la possibilité de satisfaire leurs papilles resteront sur leur faim. Cette CIG 2.0 ne vient pas nourrir l’estomac de ses visiteurs, mais plutôt assouvir leur curiosité et nourrir leur esprit. Autrement dit, on ne peut pas y manger. Un choix assumé par la Métropole de Lyon qui, en passant la Cité de la gastronomie de Délégation de service public (DSP) à une régie directe, a complètement repris les commandes. Pour se sustenter, les visiteurs seront plutôt invités à se diriger vers les commerces abrités au sein de l’Hôtel Dieu.

Lire aussi : Lyon: la Cité de la gastronomie à la sauce écolo

On ne mange pas à la Cité de la gastronomie

Le seul volet gustatif, si l’on peut dire, aura lieu un jeudi par mois, sur inscription, en compagnie du chef Alain Alexanian. Lors d’un showcooking d’une heure, le chef invitera à ses côtés des producteurs locaux et des artisans des métiers de la bouche pour présenter son travail avant de le faire goûter à son public. "Les jeudis gourmands seront vraiment là pour mettre en avant les produits de saison, les valoriser", précise Alain Alexanian, l’idée étant que les participants puissent ensuite cuisiner chez eux des produits qui sortent de l’ordinaire ou peu attrayants de prime abord. Une belle expérience à laquelle nous avons eu l’opportunité de participer, mais qui aura du mal, par sa rareté, à faire oublier l’absence de mâche dans cette cité de la gastronomie.

Un jeudi par mois le chef Alain Alexanian proposera un showcooking, le seul vrai moment gustatif de la cité de la gastronomie pour le moment. (Photo Hadrien Jame)

"L’idée n’est pas de reproduire ce qui se fait à la cité de la gastronomie de Dijon, chacun à son approche. Ici, ce n’est pas une halle, c’est un endroit où l’on veut proposer un récit autour de l’alimentation. On commence en proposant quelque chose autour du geste de la cuisine, l’éveil des sens, on revient ensuite sur le repas des Français avec l’exposition Banquet. L’objectif est d’arriver à proposer en deux trois ans un récit autour des grands enjeux de l’alimentation", explique Jérémy Camus, le vice-président à l’alimentation de la Métropole de Lyon qui s’est pleinement investi dans le projet depuis son arrivée.

Un droit d'entrée ramené à 7 euros

Pour éviter de "répéter les erreurs du passé" et alors qu’il n’y a eu aucune rallonge financière des mécènes de la CIG ou de la Métropole pour relancer le lieu, un comité a été chargé de repenser le projet. Une trentaine de personnes du milieu de la gastronomie, de la nutrition, de l’artisanat, du milieu associatif ou encore de l’agriculture ont été invitées autour de la table pour tenter, cette fois, de séduire les Lyonnais. 

Pour commencer et répondre à la principale critique, le prix d’entrée a été revu à la baisse. Pour passer les portes de la CIG il faudra désormais débourser 7 euros contre 12 auparavant et l’entrée sera gratuite pour les -18 ans. Des tarifs qui ne seront appliqués qu’à la fin du mois de novembre, puisque pendant un mois, pour accompagner cette réouverture, le site sera accessible à tous gratuitement. 

Cette saison, les arts de la table occuperont une place de choix au sein de la cité de la gastronomie. Une exposition pensée par Régis Marcon est proposée sur ce thème. (Photo Hadrien Jame)

Une exposition sensorielle séduisante

L’autre point d’achoppement de la première version, la scénographie a été revue et on note le côté plus ludique donné à l’exposition "permanente", ou presque, qui doit rester un an dans les murs des anciens hospices. Pour convaincre les Lyonnais, la CIG a décidé de frapper fort d’entrée en proposant aux visiteurs de découvrir Banquet, l’exposition sensorielle qui a cartonné à la Cité des sciences et de l’Industrie en accueillant près de 250 000 visiteurs. Grâce à ce parcours qui met à contribution la vue, le goût, l’odorat, l’ouïe et le toucher pour découvrir la cuisine et la gastronomie, la CIG espère faire le plein pour sa première saison où elle ambitionne de recevoir 100 000 à 150 000 visiteurs. 


“Vous allez vivre un banquet sensoriel conçu par Thierry Marx. Plein de gens qui ne se connaissent pas vont partager un repas ensemble” , Jérémy Camus, vice-président de la métropole de Lyon à l’alimentation


Un chiffre bien éloigné des premières ambitions de la CIG, mais sûrement plus atteignable que l’objectif de 250 000 à 300 000 visiteurs annuel annoncé lors de la première ouverture et qui n’avait pas été atteint. En neuf mois, seulement 45 000 personnes avaient visité le site, ce qui avait fini d’enterrer le projet. Pour cette réouverture Jérémy Camus précise que lors des trois premiers jours les visites se feront à guichet fermé, "3 000 billets ont été vendus, soit 1 000 personnes par jour. On aurait pu augmenter la jauge, mais l’idée n’est pas de faire la queue pour visiter", fait valoir l’élu. 

Véritable expérience sensorielle, le "Banquet" propose de participer à un banquet virtuel qui met à contribution l'ouïe, la vue, l'odorat. On peut sentir l'iode, le homard, l'odeur d'un pied de tomate, le caramel et la vanille d'un chou à la crème. (Photo Hadrien Jame)

À partir de ce vendredi, les visiteurs pourront aussi redécouvrir le parcours dédié aux enfants notamment, l’espace Miam Miam, "le vrai succès de la première version de la CIG", confie Bruno Bernard, le président de la Métropole de Lyon. Un endroit pour "apprendre à bien manger et développer le goût de la cuisine". Outre l’exposition consacrée à l’entreprise locale SEB qui fête ses 165 ans, pour son nouveau départ la CIG a décidé de mettre en avant les arts de la table et l’art du service à table au travers de Bonnes tables, belles tables, une exposition pensée par Régis Marcon. Un moyen aussi de mettre en valeur les métiers du service, aujourd’hui touchés par une grave crise d’attractivité. À ces expositions s'ajouteront tous les jeudis des conférences, tables-rondes et  rencontres autour de la justice alimentaire, l'agriculture, la résilience alimentaire, la nutrition et bien entendu la gastronomie.

Pour ses retrouvailles avec Lyon, la CIG a donc mis les petits plats dans les grands, tout en faisant le choix de ne pas proposer de nourriture aux visiteurs. Sachant que la CIG coûte 1 million d’euros par an en fonctionnement à la Métropole de Lyon, reste désormais à savoir si cela sera suffisant pour construire un modèle économique durable et nouer un lien pérenne avec les habitants de la capitale de la gastronomie.

Lire aussi : Les arrière-cuisines de la Cité de la gastronomie de Lyon

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