Avec une programmation béton et des horaires élargis, le club de réputation internationale a su imposer son style dominical, à force d'un travail acharné.
"C'est un peu devenu notre messe dominicale". Voici comment Pierre Zeimet, programmateur du Sucre (et en partie des Nuits sonores), définit les soirées S. Society - Sunset Society - en référence au coucher de soleil visible depuis le rooftop. Il aura fallu quelques années et un travail de longue haleine pour que le club, reconnu à l'échelle internationale, fasse de cet événement un incontournable de la vie lyonnaise. De 18h à minuit chaque dimanche, les plus grosses têtes d'affiche s'y succèdent aujourd'hui.
L'idée, "c’est de faire découvrir notre musique au sens historique, précise Pierre Zeimet. En plus d'artistes émergents, on fait venir les acteurs les plus connus de nos différentes scènes pour proposer des styles variés à tous les publics. L'enjeu était aussi de proposer un format qui démontre qu'on peut apprécier la musique et faire la fête de jour, puis rentrer tôt pour travailler lundi matin. Si ça se fait beaucoup dans certaines villes d'Europe, notamment à Berlin, ça a mis un peu de temps pour faire évoluer les mentalités en France et à Lyon". Aujourd'hui, la S. Society constitue une référence ultime pour les clients du club comme pour les agents avec qui il travaille. "Beaucoup d’artistes affichent une réelle volonté de venir travailler le dimanche au Sucre. Ils savent que les gens se déplacent vraiment pour la musique".
Gratuité et formats multiples
Camion Bazar, Donato Dozzy, John Talabot, Pantha Du Prince...Toute l'année, les plus grands noms de la scène électronique contemporaine se succèdent donc le dimanche. Les collectifs résidents du Sucre investissent à leur tour les lieux le samedi, sans oublier la programmation d'artistes émergents, avec une scénographie revisitée façon "mini club" les vendredis.
Mais la S. Society, c'est aussi la possibilité pour les publics aux revenus plus modestes de découvrir des têtes d'affiche sans se ruiner, puisque l'accès au Sucre est gratuit le dimanche avant 19 h, dans la limite des places disponibles. "C'est important pour nous de proposer cette gratuité car nous comptons beaucoup d'étudiants dans notre public", indique Pierre Zeimet. S'il a fallu quelques années pour instaurer cette culture de la fête dominicale, qui a d'abord convaincu les plus fins mélomanes, le succès de l'événement n'est plus à questionner. En général, 90% des S. Society affichent complet. Un chiffre qui s'explique en partie par la gratuité, un argument fort.
Tout de même, la stratégie de programmation, les tarifs accessibles (généralement entre 8 et 13€) et les horaires adaptés doivent y être pour quelque chose. Alors, quand le ciel lyonnais se fait dégagé, et que le coucher du soleil s'ajoute à l'ambiance pour se refléter sur les vitres du rooftop, depuis la terrasse qui contemple la Saône, on se dit, en fin de week-end, que l'on tient quelque chose.