À l'occasion d'une visite du préfet du Rhône et d'Auvergne-Rhône-Alpes au commissariat de Villeurbanne, près de Lyon, policiers et associations ont pu expliquer leurs actions pour lutter contre les violences faites aux femmes.
Samedi 26 novembre, au lendemain de la journée internationale contre les violences faites aux femmes, le préfet du Rhône et de région, Pascal Mailhos, s’est rendu au commissariat de Villeurbanne.
Les associations Viffil - SOS Femmes et Le Mas étaient présentes à ses côtés et auprès de Nelson Bouard, directeur départemental de la sécurité publique. Ensemble, ils ont passé en revue les moyens mis en place dans le Rhône face aux affaires de violences conjugales. Il ressort de leurs échanges une meilleure connaissance des actions de chacun, qui favorise la prise en charge des femmes.
Des moyens humains pour la police
Au commissariat de Villeurbanne, lorsqu'une femme vient porter plainte pour violences conjugales, "le dossier n’est pas mis sur une pile" affirment les policiers locaux. Ces derniers, comme 2600 policiers dans le Rhône, ont été formés à l’accueil des victimes de violences conjugales. Du personnel à l'accueil au policier qui prend la déposition, tous savent qu'une écoute particulière est nécessaire. Une centaine d'officiers rhodaniens ont même suivi, il y a deux semaines, une formation inédite. "C’est une approche pratique sur les outils et acteurs locaux à disposition des policiers", affirme Nelson Bouard. À l'initiative de cette formation, il souhaite la reconduire tous les trimestres. Dans le département, il existe aussi sept unités spécialisées, dont une départementale, soit une quarantaine de policiers, pour traiter uniquement les violences conjugales, sexuelles et intrafamiliales.
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Intervenants sociaux et psychologues au sein des commissariats
Les victimes peuvent aussi être prises en charge en amont ou en aval d'une plainte par d'autres corps de métier. À Villeurbanne, une psychologue et une intervenante sociale ont été recrutées. Le poste de cette dernière, employée par l'association Viffil - SOS femmes, est cofinancé par la mairie de Villeurbanne et l'État. C'est également le cas des huit autres intervenants sociaux du Rhône avec leur mairie de rattachement. Au total, quatre postes de psychologue maillent le département et bientôt un supplémentaire. "Le travail en réseau est notre quotidien, même si nous n'avons pas de structure dédiée comme la maison des familles proposée par la gendarmerie. Nous avons une réelle compréhension du travail des uns et des autres", insiste Nelson Bouard.
Le rôle essentiel des associations
Après le dépôt d’une plainte et lors de l’arrivée du dossier au Parquet de Lyon, c’est l’association Le Mas qui est sollicitée. Elle accompagne les victimes dans la défense de leurs droits. "Nous aidons à la préparation des audiences. Nous recevons les PV d’audition et je salue le travail des policiers", note Pascale Fournand, responsable de service au sein du Mas. Au total, 1111 victimes ont été orientées vers l’association par la justice cette année. La structure gère également un panel de bracelets anti-rapprochement et téléphones grave danger, toujours en lien avec la justice. "Depuis sept ans que je suis là, je vois une réelle évolution dans les relations du Mas avec le tribunal judiciaire de Lyon et avec les autres associations", constate la responsable.
"Plus la réponse est personnalisée, plus nous encourageons les femmes à dénoncer ces faits", Nelson Bouard, directeur départemental de la sécurité publique.
En cas de danger imminent, la justice ou directement la police contactent aussi les associations pour une mise à l'abri des femmes. Elles sont alors obligées de quitter leur logement et leurs enfants se retrouvent déscolarisés. Une double peine qui entraîne parfois un refus de quitter le domicile. Le Mas partage avec l'association Viffil - SOS femmes cette mission de mise à l'abri des victimes. "Elles sont mises en sécurité quand on estime que la dangerosité de la situation le nécessite. Quand on pense qu'un féminicide peut arriver", résume la directrice de Viffil, Élisabeth Liotard. Ces critères obligent à refuser certaines prises en charge, malgré 300 logements dédiés dans le Rhône en plus des places généralistes. "En 2021, l’association a dépensé 300 000 euros en nuits d’hôtels pour des situations urgentes alors que son budget prévoyait 110 000 euros", pointe Élisabeth Liotard.
Plus de procédures pour violences sur les femmes
Entre 2018 et 2022, les procédures pour des violences faites aux femmes ont augmenté de 61%, et +11% rien que cette année. "En même temps que cette hausse des dépôts de plainte, nous constatons une baisse des interventions à domicile, annonce Nelson Bouard. Je vois une explication : les femmes disent stop plus tôt qu’avant face aux situations qu’elles subissent".
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Pour les acteurs autour de la table, les difficultés principales restent l’emprise subie par ces femmes qui les raccroche à leur conjoint malgré les violences. Le contexte social, économique, familial, amical, de voisinage peut aussi expliquer les retraits de plainte, les changements d’avis, les hésitations. "Le traitement de ces affaires est un défi quotidien. Chaque cas est différent et nécessite une mobilisation particulière. Nous avons besoin de ressources et d’échanges. Plus la réponse est personnalisée, plus nous encourageons les femmes à dénoncer ces faits", estime Nelson Bouard. Malheureusement, tout ce travail n'empêche pas les drames. Dans le Rhône, cinq féminicides ont lieu depuis le début de l'année 2022, des "échecs" pour les associations et la police, affirment-ils tous.
Toujours pas de cours de psychologie dans les écoles de France afin d'expliquer réellement ce qu'est l'expression par la violence ?
Alors ça continuera.
Parce que dire "c'est pas bien" ne suffit pas et n'a jamais suffit.
Nivellement par le bas les connaissances, c'est fabriquer des idiots.