Ce mardi après-midi, des membres de la communauté iranienne ont rendu hommage à Mohammad qui s'est suicidé pour alerter sur la répression en Iran.
"Femmes, vie, liberté." Sur le pont Galienni, une cinquantaine de membres de la communauté iranienne lyonnaise a rendu hommage à son "martyr". Mohammad, 38 ans, s'est jeté dans le Rhône lundi soir, là où les flammes des bougies allumées en sa mémoire flottent ce mardi en fin d'après-midi.
Tristesse et colère
Un geste de désespoir, dans l'espoir d'alerter médias et politiques occidentaux. "Pour lui, sa vie ne valait pas plus que celles des Iraniens opprimés", explique Timothée Amini, un Iranien arrivé en France en 2012. A 38 ans, Mohammad était étudiant en histoire, installé à Lyon avec sa femme depuis 2019. Déjà diplômé en Iran, il souhaitait combler ses lacunes en français. "Nous sommes meurtris, torturés par ce qu'il se passe là-bas", ajoute Timothée.
Sur les visages, des larmes, des sourires, de la colère aussi. "On demande que l'ambassade d'Iran à Paris soit fermée, mais on n'obtient rien", déplore Bahman, membre très actif de la communauté depuis le début de la révolution, qui regrette le manque "d'actes sérieux" de la part de l'occident.
"Donner sa vie pour gagner la liberté"
Un chant écrit à la mémoire de Mahsa Amini, étudiante iranienne décédée en septembre dernier après son arrestation par la police des moeurs, est entonné par une jeune femme. Les larmes ressurgissent, des regards se posent sur les photos de Mohammad affichées sur la rambarde du pont, là où des fleurs ont été déposées. "Nous allons les jeter dans les Rhône, ce fleuve qu'il aimait beaucoup, ce fleuve qui lui a pris la vie", lance, voix tremblante, Timothée.
Dans la foule, Thomas est présent. Il est l'un des camarades de classe de Mohammad. Emu et très en colère contre ce régime qui a pris son ami, il ne veut pas parler. Hadis, elle, prend le mégaphone. La jeune femme était journaliste en Iran avant de fuir vers la France il y a 14 ans. "Mohammad disait qu'il était fatigué par le régime iranien. Mais il disait aussi qu'il voulait rester fort et donner sa vie pour gagner la liberté", tente-t-elle, les larmes aux yeux.
"La liberté à besoin de sacrifices, mais la vie est trop précieuse", conclut Bahman, avant d'aller jeter sa rose dans le fleuve, suivi d'un ultime "femmes, vie, liberté".
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