Syndicat et élus d’opposition tirent la sonnette d’alarme au moment où la Région Auvergne-Rhône-Alpes a décidé de revoir son mode d’engagement auprès des structures culturelles. Pour le moment les acteurs restent prudents et attentistes, alors que cette décision pourrait fragiliser un équilibre républicain trouvé il y a près de 30 ans.
C’est peu dire que depuis un an une partie des institutions culturelles de la région Auvergne-Rhône-Alpes ne portent pas dans leur coeur le président Les Républicains de l’une des plus grandes collectivités de France. Et cela ne devrait pas aller en s’arrangeant. Un an après l’importante redistribution de subventions opérée par la Région au détriment des structures installées dans les Métropoles, la collectivité s’attaque désormais aux Conventions pluriannuelles d’objectif (CPO). Si sur le papier l’acronyme peut paraître anodin, il n’en est rien.
30 ans de politique culturelle remis en question
Derrière les CPO se cache tout simplement "l’entente républicaine qui permet de sécuriser des lieux de diffusion, de formation et des compagnies sur plusieurs années", décrypte Pascal Bonniel-Chalier, conseillère d’opposition EELV. Instaurées dans les années 90 à la suite des lois de décentralisation, depuis près d’une trentaine d’années les CPO "engagent les collectivités toutes ensemble dans un système de financement croisé aux institutions labellisées, dans l’idée d’avoir un service public de la culture". Autrement dit, en contrepartie d’engagements financiers des collectivités aux côtés de l’État sur trois, quatre voire cinq ans, les institutions culturelles se doivent de remplir des objectifs répondant aux politiques culturelles.
"N’allez pas chercher de révolution où il n’y en a pas. La seule chose qui est remise en cause ce sont les mentions financières qui sont hypocrites"
Sophie Rotkpoff, vice-présidente de la région à la Culture
Les Villes, les Métropoles ou encore les Régions fonctionnant sur un système d’annualité budgétaire, ces fameuses CPO tiennent donc lieu d’engagement moral des collectivités envers les institutions culturelles aux côtés d'un partenaire principal, l'État. C’est cela que remet en cause aujourd’hui l’exécutif régional, qui a suspendu tous ses votes de CPO depuis décembre 2022 "dans l’attente de trouver un nouveau modèle avec l’État". "On ne signe pas de chèque en blanc. On ne peut pas s’engager sur des montants précis à trois ou cinq ans. Que se passera-t-il si la guerre continue ou si l’inflation explose ?" justifie Sophie Rotkopff, la vice-présidente de la région à la Culture. Avant d’ajouter "n’allez pas chercher de révolution où il n’y en a pas. La seule chose qui est remise en cause ce sont les mentions financières qui sont hypocrites, car de toute façon il n’y a pas d’automatisme dans les subventions que l’on verse, elles doivent être votées chaque année. Intellectuellement on continuera de s’engager auprès des structures en signant des CPO. Ça s’arrête là". Sous-entendu, circulez il n’y a rien à voir.
Des acteurs dépendants du "bon vouloir politique"
Sauf que pour le Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles (Syndeac) cela semble loin d’être aussi clair. "Lorsque la Région refuse de signer ses conventions avec des indications financières, la planification des projets devient plus compliquée. En agissant ainsi, la Région affirme qu’elle n’engage pas ses moyens de manière pérenne dans la construction de sa politique culturelle, mais plutôt dans le soutien à des entreprises qu’elle va aider à se développer telle année, puis arrêter l’année d’après pour en aider une autre. Elle arrête de travailler sur le foncier, l’implantation durable des structures et compagnies, pour être davantage dans l’événementiel", déplore, Joris Mathieu, le directeur du Théâtre Nouvelle Génération (TNG) de Lyon et délégué du Syndeac. De quoi faire voir le rouge le maire PS de Villeurbanne et vice-président de la Métropole de Lyon à la Culture. "Cela rend très dépendants les acteurs culturels au bon vouloir politique. C’est quelque chose de l’ordre du fait du prince qui n’est pas propice à la liberté de création artistique", dénonce Cédric Van-Styvendael passablement énervé.
"Cela fragilise l’écosystème, car quand on signait ces conventions pluriannuelles et pluripartites c’était une manière de limiter les risques d’injonctions contradictoires des collectivités"
Nathalie Perrin-Gilbert, adjointe à la Culture de la Ville de Lyon
Que ce soit du côté de la Ville et de la Métropole de Lyon, aux mains des écologistes, où à Villeurbanne, on craint rien de moins qu’"une instrumentalisation des acteurs culturels à la main d’une seule collectivité", celle de Laurent Wauquiez. Car en retirant la mention financière de ses CPO, la Région n’aura d’autre choix que de faire signer des conventions différentes de celles aujourd’hui en vigueur avec les autres collectivités, qui, elles, n’entendent pas revoir leur mode de fonctionnement. "Cela fragilise l’écosystème, car quand on signait ces conventions pluriannuelles et pluripartites c’était une manière de limiter les risques d’injonctions contradictoires des collectivités", souligne Nathalie Perrin-Gilbert, l’adjointe à la culture de la Ville de Lyon. Et Cédric Van-Styvendael de prévenir qu’en "se retirant du jeu partenarial, la Région sera libre de dire je vous subventionne si…". Au risque de contraindre les institutions culturelles à faire des choix entre les aides des collectivités, si les objectifs demandés sont trop éloignés.
Beaucoup de prudence des institutions
À Lyon, d’après Nathalie Perrin-Gilbert au moins cinq institutions seraient déjà concernées : l’Opéra de Lyon, le Théâtre du Point du Jour, les deux SMAC (Périscope et Marché Gare) et les Subsistances. Pour le moment, une forme d’attentisme semble s’être installée au sein de certaines de ces structures, où l’on préfère rester prudent en refusant de s’exprimer sur le sujet à ce stade.
"Le sujet central c’est de garder un moment où l’on a l’ensemble de nos interlocuteurs des politiques publiques autour de la même table"
Pierre Dugelay, directeur du Périscope
Du côté du Périscope, Pierre Dugelay, le directeur, confirme, lui, que sa salle de concert fait bien "partie de la première vague des structures où la Région a décidé de ne plus signer de CPO". Non sans prendre quelques pincettes pour ne pas se retrouver en porte-à-faux, il confie néanmoins que pour le Périscope dans le fond "ça ne change pas grand-chose. Si la Région veut signer à deux je signerai une autre convention bi-partite". En revanche, il insiste sur l’importance pour la Région, la Ville et l’État de continuer à se réunir lors des Comités de pilotage chaque année pour "conserver une qualité de dialogue". "Si on perd ça, tout le monde va y perdre", prévient-il.
L’État pas insensible
Dans ce dossier et malgré la levée de boucliers de son opposition et les inquiétudes ou tout du moins les incertitudes que génère sa réflexion chez les acteurs, la Région pourrait bénéficier d’un soutien de poids, capable de faire la différence. Depuis un certain temps déjà la collectivité travaille en effet avec les services de la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) sur ce sujet, l’État ne voyant pas forcément d’un mauvais oeil une évolution. "Nous échangeons bien sûr autour de ce sujet qui n’est pas simple. […] Le monde bouge comme jamais peut-être auparavant" et "l’évidence pour notre secteur culturel, c’est en effet l’urgence d’interroger un modèle qui n’a pas démérité. Il est sans doute moins difficile de remettre en cause ce qui ne va pas, et plus compliqué de renoncer à un modèle qui avait su trouver son chemin et son équilibre", reconnaît Marc Drouet, le Directeur régional des affaires culturelles de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
"Nous sommes nombreux à partager le même constat : la stratégie d’offre culturelle institutionnelle achève un cycle, avec succès"
Marc Drouet, Directeur régional des affaires culturelles de la région Auvergne-Rhône-Alpes
Pas question toutefois d’enclencher une révolution. Garant de la politique culturelle de l’État au niveau local, Marc Drouet prévient qu’il "convient de préserver les acquis". Ces derniers restent encore à définir, selon lui, "dans le dialogue, en acceptant de devoir préparer la nouvelle étape […] en marge du modèle dominant actuel, à partir d’initiatives et d’expérimentations qui doivent être prises en compte, dans des espaces élargis qui ne peuvent pas être restreints aux métropoles et aux grandes villes, mais qui demeurent le point de départ". Un discours qui donne une autre portée à la politique culturelle de Laurent Wauquiez et pas forcément de nature à rassurer les partenaires de la Région Auvergne-Rhône-Alpes.
Culture humaine :
Pour faire de bons soldats, obéissants, il faut supprimer les diversités de point de vue afin qu'il n'y ait jamais aucun doute, car au moment de tirer on ne doit pas douter.
Abo, clarifie ton discours !
Qu'est-ce qui n'est pas clair ? Contrairement à vous je ne fais pas de copier coller sans queue ni tête.
Il est vrai que les gambas sont meilleures, sans queue, ni tête !
c'est votre argument ?
Pour l'Opéra de Lyon, supprimer 500.000 eur, quémander des subventions publiques et refuser le mécénat de Total Energies.. ! Vu les programmes des NDF et autres fioritures du sytème NPG, que l'’écosystème des copinages tremble !
l’écosystème khmer parait évident avec la baisse du financement municipale pour l'Opera de Lyon, du refus du mécénat Total Energies, suivis des demandes de subvention régionale. Le programme des NDF parle de lui même !
2016 c'était avant que les Verts-greenwashing soient au pouvoir.
Total Energie qui finance la culture, c'est mettre le pouvoir du pétrole dans celle-ci. Non merci. 🙂
2026 après le Notre-Futur-greenwashing au pouvoir. On a hâte avec la queue et la tête !
Soutien total à Wauquiez.
Il faut stopper totalement les subventions à ces associations gauchistes et islamogauchistes.
Ha c'est donc pour cela qu'il avait supprimé des subventions en 2016 pour la maison d'Izieu...
Merci de nous en dire plus sur cette suppression
J'avais en souvenir qu'il y avait eu un accord au final avec le président socialiste de l'association.