Laurent Legendre
Laurent Legendre

Laurent Legendre (LFI) : "Emmanuel Macron va être empêché de gouverner"

Laurent Legendre, conseiller métropolitain de La France Insoumise, appelle à une mobilisation massive le 1er mai pour protester contre la réforme des retraites.

Ce sera peut-être le baroud d'honneur des opposants à la réforme des retraites. "On a encore une mobilisation le 1ᵉʳ mai. On demande vraiment que ce soit à la fois massif, festif, joyeux, familial, mais toujours avec les mêmes revendications", avance Laurent Legendre, élu LFI de Villeurbanne. Ce conseiller métropolitain dénonce l'entêtement d'Emmanuel Macron et de sa majorité et théorise un mandat compliqué : "on est sur un gouvernement qui s'est tout seul enferré dans son coin. Emmanuel Macron va être empêché de gouverner. On voit bien que partout où il fait des sorties publiques, on le ramène en fait à cette violence (...) À un moment, je pense que son gouvernement ne pourra plus agir et il sera obligé de reculer et d'en appeler à d'autres voies démocratiques. Que ce soit un référendum, que ce soit des législatives. Mais on va être dans une situation de blocage sinon.".

Il revient aussi sur les sondages qui donne le Rassemblement national de Marine Le Pen comme le grand vainqueur de cette séquence politique : "Notre enjeu à nous, c'est d'aller proposer notre programme politique de constituante, de bifurcation écologique et de justice sociale, et de faire comprendre aux électeurs que notre alternative nous permet en fait de nous desserrer entre l'étau, la tenaille du RN d'un côté et la deuxième pince de la tenaille du gouvernement libéral qui réduit nos droits sociaux de l'autre".


La retranscription intégrale et textuelle de l'interview avec Laurent Legendre

Paul Terra: Bonjour à tous et bienvenue! Vous regardez 6 Minutes Chrono le rendez-vous de la rédaction de Lyon Capitale et aujourd'hui on accueille Laurent Legendre.

Laurent Legendre: Bonjour

Paul Terra: Alors vous êtes conseiller métropolitain, La France Insoumise ou on va dire NUPES pour faire plus simple. On voulait revenir avec vous sur la réforme des retraites qui a été validée par le Conseil constitutionnel, puis promulguée dans la foulée par Emmanuel Macron. J'imagine pour vous que ce n'est pas la fin de l'histoire, ce n'est pas le dernier chapitre. Il en reste encore plein d'autres à écrire sur cette réforme des retraites. Mais ils peuvent contenir quoi ces chapitres? Puisque vous êtes républicain maintenant, tout le monde a donné son avis sur ce texte. À un moment donné, il faudra peut-être aussi sortir pour vous. Quelle peut être la sortie de cette crise, de cette, pour l'instant, de ce qu'on voit un peu aussi, peut être comme une impasse.

Laurent Legendre: Oui, alors on est, je pense qu'à la fois sur une crise sociale et aussi une crise démocratique et qu'on a besoin de sortir d'un système qui a donné énormément de pouvoir à un président et qui est aujourd'hui en capacité de gouverner contre le peuple.

Paul Terra: Le 49.3, c'est un outil républicain. Le Conseil constitutionnel, c'est un outil républicain. Qu'est-ce qu'il y a? Qu'est-ce qui n'est pas républicain finalement dans ce qui se passe en ce moment?

Laurent Legendre: En fait, quand on gouverne avec un si fort taux d'opposition à une loi, je pense qu'aujourd'hui Emmanuel Macron va être empêché en fait de gouverner. On voit bien partout, il part , partout, il fait des sorties publiques, on le ramène en fait à cette violence qui de la part du gouvernement et du coup, nous on est toujours sur la demande du retrait. Je pense qu'il y a encore des organisations syndicales qui demandent en fait le retrait de la réforme. On a encore une mobilisation le 1ᵉʳ mai. On demande vraiment que ce soit à la fois massif, festif, joyeux, familial, mais toujours avec les mêmes revendications. En fait, on veut répartir la richesse différemment dans ce pays, on peut travailler moins longtemps, on a besoin, pour des questions de transition écologique, de produire mieux et moins, et donc augmenter le temps de travail dans la vie ou dans l'année ou dans la semaine, c'est vraiment l'inverse de ce qu'il faut faire. Donc on est toujours sur la nécessité de retirer cette réforme.

Paul Terra: Mais quand bien même il y aurait par exemple 2 ou 3 millions de manifestants le 1ᵉʳ mai, vous pensez réellement que ça changerait quelque chose? Il y a eu des manifestations qu'on n'avait jamais vues depuis 30 ans. Ça n'a pas marché. Pourquoi ça marcherait le 1ᵉʳ mai? C'est pourquoi est-ce qui n'a pas marché plus tôt marcherait le 1ᵉʳ mai.

Laurent Legendre: Alors en fait, l'intérêt..

Paul Terra: Je comprends hein, vous, votre intérêt de réussir un 1ᵉʳ mai pour les partis de gauche, pour les syndicats. On voit votre intérêt, mais franchement il y a peu de chance que ça change quoi que ce soit.


Laurent Legendre: En fait, si, si on laisse cette situation telle qu'elle est, on va juste laisser du ressentiment dans le pays et notamment dans le monde du travail. Ça c'est des mots des syndicats. Et nous, notre responsabilité politique, c'est de ne pas laisser ce ressentiment se transformer en colère qui viendrait nourrir l'extrême droite. Donc en fait, on a besoin de faire cette proposition de mobilisation pour que ça débouche sur, voilà une autre proposition politique. Donc, est-ce que Emmanuel Macron veut rester comme ça, un peu cantonné dans le fait qu'il ait raison tout seul contre le pays? À un moment, je pense que son gouvernement ne pourra plus agir et il sera obligé de reculer et d'en appeler à d'autres voies démocratiques. Que ce soit un référendum, que ce soit des législatives. Mais on va être dans une situation de blocage sinon.

Paul Terra: Pour vous, il n'y a pas de.. on ne pourra pas passer, il n'y a pas d'après, c'était le fusil à un coup. C'est passé en force là, mais plus rien ne peut se passer désormais ?

Laurent Legendre: À mon sens non. Vraiment, on est sur, voilà, sur un gouvernement qui s'est tout seul enferré dans son coin. Et encore une fois, je vous dis, on a besoin de produire différemment. Et il y a de telles inégalités aujourd'hui dans le pays qu'on a besoin de répartir la richesse différemment.

Paul Terra: Vous évoquiez, comment dire cette colère, ce sont finalement sans points de fuite sans porte de sortie honorable qui pourraient profiter. Mais on voit pour l'instant qu'elle profite politiquement au Front national, au Rassemblement national, ce qui est quand même plutôt un constat d'échec pour vous puisque les syndicats c'est plutôt des syndicats de gauche. Il y a eu un gros travail de l'opposition, de la NUPES, notamment à l'Assemblée nationale. Ça veut dire que finalement, vous avez marqué un but contre votre camp avec cette mobilisation-là ?

Laurent Legendre: Alors, celui aujourd'hui qui joue contre le peuple, c'est Emmanuel Macron, ce n'est pas nous. Nous, au contraire, avec la nouvelle Union populaire Ecologique et Sociale qui, je le rappelle, n'a même pas un an. Il y a un an, la NUPES n'existait pas et en un an, on a construit voilà 650 propositions et aujourd'hui des groupes parlementaires à l'Assemblée nationale qui font un travail législatif qui nous permettrait de gouverner demain. Et c'est ça en fait, tout l'enjeu aujourd'hui.

Paul Terra: Pour l'instant, les Français, ne vous en sont pas gré puisque dans les intentions de vote. Et tout à l'heure vous parliez du taux de rejet de la réforme des retraites. Ce qui veut dire que vous ne pouvez pas invalider les sondages maintenant une fois que vous avez dit ça et les sondages montrent bien pour l'instant que c'est le RN qui en profiterait et pas vous. Donc ça veut dire qu'il y a quelque chose qui ne marche pas dans votre stratégie?

Laurent Legendre: Oui alors j'ai bien lu je pense, les mêmes sondages et j'ai peut être une lecture un tout petit peu différente. Je rappelle que la NUPES était au premier tour en tête des élections législatives en juin 2022 que dans les sondages aujourd'hui on se maintient, voire on améliore un petit peu et qu'en fait on a un effet siphon entre les électeurs d'Emmanuel Macron qui chute et le RN qui semble monter. Et bien en fait, c'est ça toujours. Notre enjeu à nous, c'est d'aller proposer notre programme politique de constituante, de bifurcation écologique et de justice sociale, et de faire comprendre aux électeurs que notre alternative nous permet en fait de nous desserrer entre l'étau, la tenaille du RN d'un côté et la deuxième pince de la tenaille du gouvernement libéral qui en est réduit nos droits sociaux de l'autre.

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