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Un manifestant dépose plainte après avoir été matraqué à la tête en manifestation à Lyon. (Capture vidéo Martin Gaboriau)

Matraqué à la tête lors d'une manifestation à Lyon, il dépose plainte

Blessé après avoir reçu plusieurs coups de matraque lors d'une manifestation contre la réforme des retraites à Lyon, Arnaud (prénom d'emprunt), a déposé plainte ce lundi par la voie de son avocate.

Jeudi 13 avril, boulevard des Belges dans le 6e arrondissement de Lyon, entre 10 000 et 22 000 personnes battent le pavé lors d'une nouvelle journée de mobilisation contre la réforme des retraites. Un blackbloc se forme en tête de cortège, dégradant des hôtels particuliers et la vitrine de l'hôtel quatre étoiles Warwick Reine Astrid.

Six jours d'ITT

Arnaud (prénom d'emprunt), proche de la trentaine, est au cœur de la manifestation, comme presque toutes les semaines depuis le début du mouvement de contestation. "Je suis devant l'intersyndicale, mais à bonne distance des éléments perturbateurs", raconte-t-il. C'est alors que les forces de l'ordre effectuent une violente charge sur le cortège, d'une puissance encore jamais vue à Lyon depuis le début des manifestations. Sur le terrain, notre journaliste en est témoin, les matraques sont portées à hauteur des visages.

La charge au cours de laquelle Arnaud a été blessé. (Vidéo : Martin Gaboriau)

"Je ne veux pas courir, pour ne pas aggraver le mouvement de foule, raconte Arnaud, alors rattrapé par la charge des policiers. Je prends un premier coup de matraque sur l'arrière du crâne, et j'en arrête un autre qui m'arrivait sur la tête, détaille l'ingénieur en environnement." Il met alors les mains en l'air avant d'être de nouveau la cible d'un coup de matraque dans la cuisse. Il chute, sur le côté de la route, avant qu'un policier ne lui assène "plusieurs coups de pied en criant 'relève toi', rapporte-t-il. Et d'ajouter : Je me relève, et je me reprends des coups de matraque".

Cinq points de suture

Mis en sécurité par une "streetmedic", aux côtés de notre confrère d'ActuLyon blessé lui aussi à la tête lors de cette même charge policière (il a lui aussi déposé plainte par la voie de son avocat), Arnaud est transporté aux urgences des HCL à la Croix-Rousse. Les documents médicaux remis au manifestant, que Lyon Capitale a pu consulter, mentionnent ainsi un "traumatisme crânien", plusieurs hématomes, plusieurs contusions au niveau des mollets et des cuisses, ainsi qu'une "plaie du scalp" avec cinq points de suture. Un médecin lui a également délivré six jours d'ITT le lendemain évoquant un "état de stress post-traumatique". Arnaud est retourné voir de nouveau un médecin mercredi 19 avril, qui a prolongé son arrêt de travail d'une semaine.

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La plaie d'Arnaud au niveau du crâne. (Photo remise à LC)

"J'ai du mal à recoller tous les morceaux, j'ai des réminiscence parfois, raconte-t-il. Et d'ajouter : Je ne suis pas serein lorsqu'il y a des forces de l'ordre à coté de moi." Le manifestant a décidé de saisir l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) ainsi que le défenseur des droits. Il a également déposé plainte ce lundi auprès du procureur (plainte consultée par Lyon Capitale) par l'intermédiaire de son avocate, Maître Adeline Dubost. Une procédure qui permet d'éviter le dépôt de plainte en commissariat, "qui peut être douloureux, et peut donner lieu à des auditions à charge explique la conseil. Cela nous permet aussi de prendre le temps de mettre les faits par écrit, ajoute Me Dubost". Cette plainte au pénal, Arnaud n'en attend pas grand chose, "je me doute bien que les vidéos seront illisibles, qu'on nous dira qu'on ne parvient pas à identifier celui qui m'a fait ça, lance-t-il, un peu dépité. Mais je veux que les langues se délient".

Un recours administratif possible

Me Dubost partage le même sentiment, la conseil n'exclut pas un recours en responsabilité au tribunal administratif, en cas d'échec de la plainte au pénal, comme elle l'avait fait avec une "gilet jaune" victime d'un tir de LBD en 2019. Toutefois, pour l'avocate, la plainte au pénal reste le recours privilégié, car, "on a plus de chance d'avoir des policiers qui font attention s'ils savent que leur responsabilité peut être mise en cause". Quoi qu'il en soit, si son état le lui permet, Arnaud sera dans le cortège lors de la grande manifestation du 1er mai. "Ce ne sera pas facile, reconnaît-il. Et de conclure : Au début du mouvement, j'avais des pancartes contre la réforme des retraites, le 1er mai, j'aurai des pancartes contre les violences policières."

A ce jour, huit enquêtes ont été ouvertes à la suite des manifestations pour des faits de violences policières à indiqué le parquet de Lyon à nos confrères du Progrès, qui précise que ces dernières sont confiées à l'IGPN. Toutefois, une grande partie des enquêtes pour violences policières sont traitées par des cellules déontologiques locales, comme le décrit lui-même le rapport 2020 de l'IGPN.

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