Un faux panneau posé lundi par des membres du collectif dans le 2e arrondissement de Lyon. (Crédit @lacadieu / Twitter)

On sait qui se cache derrière le faux projet d’oléoduc à Lyon

Le canular géant annonçant la construction d’un oléoduc à travers Lyon a été revendiqué par Le Bruit qui court, un collectif d’activistes et d’artistes désireux d’alerter sur la construction d’un pipeline en Afrique de l’Est. 

Lundi 24 avril l’annonce de la construction d’un oléoduc de 1 443 kilomètres en France, qui traverserait Paris, Lyon, Marseille, Grenoble et de nombreux parcs naturels et zones sensibles comme le Morvan ou le Vercors, a fait couler beaucoup d’encre. Un canular géant bien ficelé avec l’installation de panneaux de démolitions sur la place Saint-Jean, l’envoi de lettres d’expropriation, des avis de travaux courants du 24 avril à fin décembre, la création d’un site internet et même la mise en ligne d’une pétition contre ce projet intitulé Wecop ((West European Crude Oil Pipeline en anglais pour Oléoduc de Pétrole Brut d’Europe de l’Ouest).

Des affiches placardées dans Lyon ce lundi matin annonçaient la construction d'un oléoduc sous la ville. (Photo Hadrien Jame / Lyon Capitale)

 "Montrer l’absurdité du projet Eacop"

24 heures après le lancement de cette fausse opération, le collectif Le Bruit qui court est sorti du bois pour revendiquer ce canular. L’objectif, comme nous le supposions hier dans notre article, "montrer l’absurdité du projet Eacop [East African Crude Oil Pipeline, NDLR] de Total. Cet oléoduc géant, chauffé, déplaçant des milliers de personnes en Ouganda et en Tanzanie. Une vraie bombe climatique et sociale", explique l’un des auteurs sur Twitter. 

Long de 1 443 km (comme Wecop) ce pipeline géant que le groupe TotalEnergies veut construire en Afrique de l’Est permettrait de relier la région du lac Albert en Ouganda à l’Océan indien en passant par la Tanzanie. En 2019, Survie, Les Amis de la Terre et quatre associations ougandaises avaient attaqué en justice TotalEnergies et son projet, mené selon elles, au mépris des droits humains et de l’environnement. Déboutées le 28 février 2023 par le tribunal de Paris qui a jugé leur plainte irrecevable, les ONG estiment que le géant français de l’industrie pétrolière ne respecte pas dans ces projets son "devoir de vigilance". Alors que de premiers forages ont débuté au mois de janvier en Ouganda, TotalEnergies espère livrer ses premiers barils de pétrole dès 2025. 

Un groupe d'artistes et activistes

Le canular Eacop n’était donc rien de moins qu’une vaste opération de sensibilisation, qui aura tout de même réussi à donner quelques sueurs froides à certains Lyonnais. Selon le Bruit qui court, le but était de faire "sentir" aux Français "ce que ce serait de construire un oléoduc au milieu de la France, mais surtout pour se demander, si le projet n’est pas acceptable en Europe, pourquoi le serait-il en Afrique ?". Une action saluée sur Twitter par l’adjoint au maire de Lyon Valentin Lungenstrass, qui appelle lui aussi à stopper le projet Eacop de TotalEnergies.

Ce faux projet n'a en revanche pas du tout fait sourire le maire LR du 6e arrondissement Pascal Blache, qui dénonce sur ce même réseau social des "agissements qui inquiètent les habitants et mobilisent nos agents pour rétablir l'ordre. Dans le 6e, des jeux pour enfant ont été entourés de rubalises afin d'en interdire l'accès pour cette même fausse raison. C’est lamentable".

Sur son site, Le Bruit qui court, qui rassemble 150 artistes et activistes, revendique son "intention de faire jaillir, par l’expérience artistique, un engagement profond à la hauteur des enjeux écologiques et sociaux actuels". 

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