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Prostitution à Gerland : "on ne fait que déplacer le problème"

La préfecture du Rhône a déposé un arrêté pour interdire le stationnement des camionnettes à Gerland. D’une même voix, la Ville de Lyon et les associations regrettent le manque de concertation entre les différents acteurs.

Cela faisait plusieurs semaines que la menace planait, le couperet de la préfecture du Rhône est finalement tombé. Fabienne Buccio, préfète du Rhône, a pris un arrêté d’interdiction de stationnement de “tout véhicule dans lequel s’exerce une activité de prostitution.” Ce dernier concerne une vingtaine de rues situées dans le quartier de Gerland, dans le 7e arrondissement de Lyon. Les camionnettes installées, entre autres, aux abords de la Plaine des Jeux, sont donc sommées de quitter les lieux.

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Pour justifier la prise d’une telle décision, la préfecture explique “répondre aux enjeux de sécurité, portant atteinte aux familles, aux associations sportives et aux clubs.” En effet, des associations de parents avaient demandé l’expulsion pure et simple des travailleuses du sexe. La proximité avec des lieux d’activités sportives dérange. Mélanger “le plus vieux métier du monde”, ses dangers et autres problématiques n’est pas du goût des associations souhaitant protéger les plus jeunes. D’un autre côté, la préfecture indique que la présence de ces camionnettes blanches génère “depuis plusieurs mois, des troubles à l’ordre public (vols, extorsions, menaces…)”, mais aussi “la dégradation des conditions sanitaires par la multiplication des déchets abandonnés (seringues et préservatifs usagés).

On nous oblige à travailler dans l’urgence”, dénoncent les associations

Cette décision d’un arrêté préfectoral ne vient pas de nulle part, l’annonce avait déjà été faite il y a plusieurs semaines aux associations de défense des travailleuses et travailleurs du sexe ainsi qu’à la municipalité. Pourtant, du côté des associations, cette décision résonne comme un coup de poignard. “Avec cet arrêté, on nous oblige encore à travailler dans l’urgence”, dénonce l’association Cabiria qui ajoute “cela nous empêche d’assurer la protection des travailleuses du sexe ou de les aider à trouver une autre activité.” L’association assure aussi de son côté que le dialogue se fait rare avec les différents acteurs territoriaux.

Elles vont continuer de travailler, mais avec encore plus de stress

Plus offensive, l’association interroge : “ils s’attendent à ce qu’elles partent d'elles-mêmes ?” Selon elle, ce ne sera pas le cas, les prostituées de la Plaine des Jeux de Gerland vont continuer leurs activités sur place jusqu’à l’intervention des forces de l’ordre. “Elles vont continuer de travailler, mais avec encore plus de stress”, explique notre interlocutrice de Cabiria. Quand viendra l’heure pour la préfecture de déloger les camionnettes blanches de Gerland, l’association compte envoyer des “témoins” sur place pour observer la manière de faire des forces de l’ordre. Gérald Darmanin, le ministre de l’intérieur et la députée du Rhône (EELV) Marie-Charlotte Garin ont été interpellés sur ces problématiques, annonce l’association.

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On ne fait que déplacer le problème”, annonce la Ville

La Ville de Lyon campe sur ses positions. Dès sa prise de fonction, la majorité verte avait annoncé sa volonté de faire cesser la prise d’arrêtés concernant le stationnement des camionnettes de prostituées. Pour la Mairie, cette solution n’est pas la bonne, Mohamed Chihi, adjoint à la sécurité, martèle : “on ne fait que déplacer le problème.” En revanche, la Ville demeure frileuse face à l'État. L’adjoint à la sécurité lance : “je ne jette pas l'opprobre sur la préfecture, en revanche, il faut continuer à travailler main dans la main pour trouver des solutions humaines et réellement efficaces.” Une réunion entre la Mairie de Lyon et la préfecture du Rhône doit se tenir vendredi 5 mai pour échanger sur les questions de sécurité. Les acteurs confirment que l’arrêté pris sera probablement un des sujets de concertation.

Nous avons la volonté d’être les premiers acteurs dans le dialogue avec les riverains"

Parallèlement, l’adjoint à la sécurité à la Mairie de Lyon revient sur les engagements de la collectivité dans le secteur de Gerland. “Des policiers municipaux patrouillent trois à quatre fois par jour sur place, nous dénombrons plus de 900 opérations chaque année.” Une présence policière qui déplaît chez Cabiria : “Nous avons la volonté d’être les premiers acteurs dans le dialogue avec les riverains comme à Lille où ce système fonctionne très bien. Il faut arrêter le harcèlement policier, il n’est ni pertinent, ni efficace.

À la veille de la coupe du monde de rugby à l’occasion de laquelle l’équipe des All Blacks aura son camp de base au Matmut Stadium, les prostituées de Gerland sont dans l’attente. Pour l’instant la date de l’intervention des forces de l’ordre n’est pas connue.

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