Thierry Fontaine, président de l'Umih du Rhône, veut des tracés de manifestation où la foule puisse être "canalisée" pour éviter que "tout soit rasé" derrière elle.
Quand le patron du plus puissant syndicat du secteur de la CHRD (cafés, hôtels, restaurants, discothèques) en appelle à l'intersyndicale (CGT - CFDT) ça en dit long sur l'état de "grande souffrance" dont lequel est plongée la CHRD.
Pour Thierry Fontaine, président de l'Umih du Rhône, la chose est entendue : le degré de violences commises par "l'ultragauche, les anarchistes et tout ce qui va avec" lors des dernières manifestations a atteint un niveau tel que "les commerçants sont à bout de souffle (et) ont peur des manifestations."
Travailler avec l'intersyndicale
"Il faut qu'on arrive à travailler avec l'intersyndicale, la Ville de Lyon, la préfecture, les pouvoirs publics, de manière à trouver des tracés (de manifestations, NdlR) où les foules soient canalisées, où on ne peut ni dégrader, ni casser, ni arracher, ni vandaliser. On a des commerçants qui sont à bout de souffle, qui ont peur des manifestations."
"Les commerçants sont à bout de souffle (et) ont peur des manifestations."
Thierry Fontaine, président de l'Umih du Rhône
Dans un courrier envoyé quelques jours après la manifestation particulièrement violente du 1er mai, le porte-parole de la CHRD demandait une "réunion d'urgence" à l'intersyndicale (ayant opté pour les deux principaux syndicats, à savoir la CGT et la CFTC) pour "trouver ensemble un tracé aboutissant à une solution favorable pour tous, afin d'éviter un chaos que cette situation est en train d'entraîner, mettent les commerçants à genou!".
Sur le plateau de "6 minutes chrono" - Lyon Capitale, Thierry Fontaine précise : "je pense que ce n'est pas leur intérêt, en termes d'image, à chaque fois qu'il y a une manifestation, que tout soit rasé et que ce soit un chaos derrière leur passage. J'espère qu'on va trouver une façon que leur manifestation ait de la gueule mais qu'elle épargne les commerçants."
Quelle place pour les terrasses à Lyon ?
D'autant que le 1er mai a marqué la date officielle de l'ouverture de la saison des terrasses "sur stationnement" à Lyon. Il y en avait 1200 en 2022, la mairie n'a pas communiqué cette année. La très probable raison est que la Ville doit rendre, le 5 juin prochain, les résultats de la concertation sur les terrasses, attendue depuis... l'été dernier.
"Beaucoup, dans la profession sont un peu inquiets, car s'il y avait une bonne nouvelle à annoncer, la Ville de Lyon l'aurait fait tout de suite."
Thierry Fontaine, président de l'Umih du Rhône
Selon les résultats provisoires de l'Umih, les résultats sont très positifs. Les répondants ont une "vision très positive des terrasses" concernant l'impact sur leur cadre de vie, sont généralement pour le "statu quo" concernant une éventuelle évolution et pour une "augmentation de la durée d'autorisation des terrasses sur stationnement".
Lire aussi : Place des terrasses à Lyon, les premiers retours de la concertatio
Les résultats définitifs seront donc rendus publics par la Ville de Lyon lundi 5 juin. En toute logique, ils devraient rejoindre ceux donnés par l'Umih.
"Je ne veux pas faire d'alarmisme, explique Thierry Fontaine. Aujourd'hui, je n'ai aucun signal qui me dit qu'il faut alerter, s'inquiéter. J'ai confiance en l'état d'esprit du maire et à son analyse des questionnaires qui ont été faits. Les terrasses ont été largement très largement plébiscitées par les Lyonnais."
La restranscription textuelle et intégrale de l'entretien avec Thierry Fontaine
Guillaume Lamy : Bonjour à tous et bienvenue dans 6 minutes chrono, le rendez vous quotidien de Lyon Capitale. Nous recevons aujourd'hui Thierry Fontaine. Bonjour. Thierry Fontaine; vous êtes le président de l'UMIH du Rhône, le principal syndicat qui représente les restaurants, les hôtels, les cafés, les brasseries et les discothèques. Si on vous a invité, c'est pour parler de plusieurs choses, notamment l'ouverture des terrasses. La saison des terrasses a été lancée le 1ᵉʳ mai, ce sont les terrasses éphémères. Dans quel état d'esprit êtes vous?
Thierry Fontaine : Alors la profession est plutôt inquiète des de la concertation qui ait lieu et du délai à laquelle on lui a rendu la concertation.
Guillaume Lamy : Je le rappelle, la concertation des terrasses lancée par la Ville de Lyon dès le 30 août 2022.
Thierry Fontaine : Qui a démarré le 30 août 2022 oui et on attendait une restitution début mars. Au final, ce sera fait le 5 juin, donc ça fait que beaucoup dans la profession sont un peu inquiets, se disent bon, s'il y avait une bonne nouvelle à annoncer, on l'aurait fait tout de suite. Donc là, le fait que ça ait traîné un petit peu, ça inquiète un petit peu les gens. Moi, je ne veux pas faire de l'alarmisme. Aujourd'hui, je n'ai aucun signal qui me dit qu'il faut alerter, s'inquiéter. J'ai confiance aujourd'hui en l'état d'esprit du maire et à son analyse des questionnaires qui ont été faits. Les terrasses ont été largement très largement plébiscitées par les Lyonnais.
Guillaume Lamy : Parce qu'on avait eu des résultats provisoires, Lyon Capitale, donnés par l'UMIH, les résultats provisoires étaient plutôt très bons.
Thierry Fontaine : Positifs, oui. C'était hyper positif. Donc c'est vrai que dans ce cadre de concertation avec des réponses pareilles, on s'attend même à une extension de la taille de certaines terrasses quand la place le permet, des horaires de revenir sur certaines injustices, par exemple des commerces dans certains quartiers qui ne peuvent pas sortir leurs terrasses avant 11 h du matin par exemple.
Guillaume Lamy : Quels quartiers par exemple ?
Thierry Fontaine : Le quartier Saint-Jean par exemple. On ne peut pas sortir de terrasses avant 11 h. Donc en général, les terrasses sont stockées à l'intérieur des établissements. Du coup, ce qui empêche carrément le commerce d'exploiter à 11 h du matin. Donc on se prive des petits déjeuners et le temps de la mise en place. On ne peut pas faire de brunch non plus. Le service de midi est un peu compliqué dans une ville touristique et surtout un quartier aussi touristique que Saint-Jean. C'est un peu dommage que des touristes ne peuvent ne puissent pas prendre leur petit déjeuner tranquillement à la terrasse.
Guillaume Lamy : Donc on attend le rendu de cette concertation par la ville de Lyon le 5 juin. Les relations entre l'humain et la ville de Lyon n'ont pas toujours été au beau fixe et aujourd'hui elles le vous, ça s'est un peu rééquilibré ou pas ?
Thierry Fontaine : Alors ça n'a jamais été noir non plus. L'Umih est là pour dire ce que ce que ses adhérents pensent quand il y a un problème. En effet, sur la sécurité, on a fait une sortie sur la sécurité, sur le stationnement, il y a eu deux ou trois sujets. On s'en parle des sujets qui touchent notre profession, pas des sujets plus génériques aujourd'hui. Ça a été entendu. On a trouvé une méthode de fonctionnement avec la mairie. Nos relations avec le maire sont plutôt très bonnes aujourd'hui. Il faut maintenant trouver un déroulé avec l'ensemble des adjoints qui permettent de travailler sereinement et d'avancer. Notre but commun étant le développement du tourisme sur la ville de Lyon et des commerces quels qu'ils soient, je parle des cafés, hôtels, restaurants, discothèques, mais aussi des commerces de manière générale.
Guillaume Lamy : Justement, c'est une bonne transition puisque sur les commerces vous avez récemment, l'UMIH, demander à l'intersyndicale justement une réunion en urgence pour pouvoir parler du parcours de la manifestation qui est prévue le 6 juin justement. L'idée c'est de dire quoi?
Thierry Fontaine : On a fait un constat, tout le monde a été choqué de ce qu'on a pu voir le 1ᵉʳ mai, où on passe des degrés de violences. Donc on est bien d'accord qu'aujourd'hui ce n'est pas la CGT et la CFDT qu'on cible dans ces violences, hein. On sait parfaitement que l'ultragauche, les anarchistes et tout ce qui va avec sont responsables des dégradations. Mais aujourd'hui, ils arrivent à prendre niche dans des manifestations de l'intersyndicale. Donc on aimerait pouvoir discuter avec l'intersyndicale. Je pense que ce n'est pas leur intérêt non plus en termes d'image, en termes de communication, qu'à chaque fois qu'il y ait une manifestation, que tout soit rasé et que ce soit un chaos derrière leur passage. Donc il faut qu'on arrive à travailler avec eux, avec bien sûr la Ville et la préfecture, les pouvoirs publics, de manière à trouver des tracés où les foules sont canalisées, où on ne peut pas dégrader, on ne peut pas casser, arracher, vandaliser. On a des commerçants qui sont à bout de souffle, qui ont peur des manifestations, qui nous appellent. Ils sont démunis. Il faut changer des vitrines. Ils ne savent pas à qui s'adresser, à quel tarif. Cela va du simple au quadruple. Comment ça se passe? Comment ça se passe avec leur assurance? Il y en a qui nous appellent avant pour mettre des panneaux de bois devant. Ce n'est pas une manière de travailler aujourd'hui.
On a quand même passé depuis 2015 une grosse série de crises successives. 2015, c'était les attentats. Ensuite, il y a eu la grève de SNCF. Il y a eu le Covid, les gilets jaunes, la hausse des matières premières qui a fait un bond jusqu'à fois deux fois trois sur certains produits, l'énergie fois cinq. Tout le monde nous parle de boucliers, non, s'adresse pas à tout le monde. On a quand même pas mal de commerçants qui ont aujourd'hui leur facture, c'est fois cinq plus. Donc tout ça, on a déjà du mal à répercuter qu'on vous fait des journées à vide et, globalement, des semaines entières où vous faites du - 70% - 80% le midi, ça devient compliqué. Donc il faut qu'on arrive à trouver une solution. Je pense que la CGT, les CFDT et les autres syndicats ne sont pas là pour que des commerçants soient dans l'obligation de licencier leurs salariés parce qu'il n'y a plus personne ou parce que c'est cassé et qu'ils n'ont plus les moyens ou de faire l'avance avant que les assurances les remboursent ou carrément ils se font radier des assurances. Je pense que cela va dans le sens de personnes qui pensent qu'ils sont raisonnables et responsables. J'espère qu'on va trouver une façon que leur manifestation ait de la gueule mais qu'elle épargne les commerçants.
Guillaume Lamy : Qui ont déjà un genou à terre. En tout cas, merci beaucoup, on suivra ça de très près. Merci beaucoup d'être venu sur le plateau de 6 minutes chrono. Plulus d'infos sur www.lyoncapitale.fr. À très bientôt. Au revoir.
Trouver une façon pour que les manifestations épargnent les commerçants": On peut espérer que :
1 les élus.es se responsabilisent et vérfient leurs affinités politiques
2 les élus arrêtent de justifier les manifestants violents
2 les élus évitent leurs discours complaisants
5 les élus.es portent plainte auprès police/gendarmerie
6 les élues.es comptabilisent les dégradations
7 les élus.es présentent les factures aux associations enregistrées.