Laurent Wauquiez
Laurent Wauquiez (Jean-Pierre Clatot/AFP)

De la Turquie à Trump, qu'est ce que "l'Etat profond" que dénonce Laurent Wauquiez ?

Dans un entretien accordé au journal Le Point, Laurent Wauquiez s'en prend aux autorités administratives indépendantes, un "Etat profond" qui empêcherait de gouverner. Une rhétorique habilement maniée par Donald Trump lors de son passage à la présidence des Etats-Unis.

C'est une position que le président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes avait déjà défendue lors d'une assemblée plénière du conseil régional le 30 mars dernier. "Les autorités administratives indépendantes sont un problème démocratique dans notre pays" disait alors Laurent Wauquiez.

"Une administration autonomisée du politique"

Un mois plus tard, il fait la une du journal Le Point, auquel il accorde un long entretien dans lequel il est question de "décadence", de "culture de la déconstruction", mais aussi d'un "Etat profond", "une administration qui s'est autonomisée du politique, voire politisée avec ses propres objectifs". Si ce terme d'Etat profond apparaît en Turquie dans les années 80, il désigne alors un réseau clandestin gérée en sous-main par le ministère de l'Intérieur et chargé d'empêcher une potentielle invasion soviétique.

Ce n'est qu'à partir des années 1990 que le terme est employé pour désigner un pouvoir invisible, représenté par les magistrats, les diplomates ou les grandes écoles d'administrations. Dans les années 2010, la sphère complotiste d'extrême-droite s'empare du terme d'Etat profond, propulsé sur le devant de la scène par le candidat d'alors, Donald Trump et le "Deep state" qu'il accuse dans un premier temps de vouloir faire empêcher son élection, puis une fois au pouvoir, de l'empêcher de gouverner.

Faire sauter les contre-pouvoirs

C'est dans cette filiation que s'inscrit le président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes lorsqu'il déplore le "monstre juridique" que seraient devenues ces autorités indépendantes. Tout en associant l'Anses à ce monstre juridique, qui est pourtant bien une agence de l'Etat et non une autorité indépendante. La Cada en revanche, qui a sommé Laurent Wauquiez de donner suite aux demandes de Mediacités concernant ses notes de frais en est bien une. La Cnil, qui pose des limites à l'utilisation de la vidéosurveillance, outil que Laurent Wauquiez déploie dans les lycées de la Région, également.

"A force d'avoir mis des contre-pouvoirs, il n'y a plus de pouvoir", déplore ainsi le président de la Région qui s'en prend également aux plus hautes juridiction françaises, Cour de cassation et Conseil d'Etat qui auraient "organisé" un "coup d'Etat". S'il ne s'en prend pas directement aux magistrats "petits pois", comme avait su le faire Nicolas Sarkozy, Laurent Wauquiez estime que ces juridictions se sont "arrogé le pouvoir d'écarter la loi". Et le président d'Auvergne-Rhône-Alpes de conclure : "Dans l'Histoire, aucun pays n'est sorti de la décadence sans changer la façon dont il était dirigé."

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