roseraie parc de la Tête d'Or Lyon
@Guillaume Lamy

Comment Lyon est devenu "capitale des roses"

Le 93e concours de roses nouvelles de Lyon, ouvert au public, se tient à la roseraie du Parc de la tête d'Or vendredi 2 juin. Lyon Capitale vous raconte l'âge d'or de la rose.

Chaque année, depuis près d'un siècle, se déroule au parc de la Tête d'Or le Concours international de roses nouvelles - organisé par la Société française des roses, avec le service des espaces verts de la Ville de Lyon.

La 93e édition se tiendra cette année, vendredi 2 juin, entre 9h et 11h00 dans la roseraie de concours du parc. La fine fleur de la rose aura à juger 89 variétés de rosiers provenant de 29 obtenteurs qui représentent 11 pays du monde entier, dont l'Afrique du Sud, le Japon, le Canada, la Nouvelle-Zélande ou les Etats-Unis.

Un "jardin de roses" mi-anglais, mi-moderne
La Roseraie de la Tête d'Or occupe cinq hectares avec une ouverture de 200 mètres sur le lac entouré d'arbres très âgés. C'est un "jardin de roses" de style irrégulier, mi-anglais, mi-moderne, explique la Société nationale des roses. Sa particularité est de présenter de nombreux massifs de 100 à 500 rosiers appartenant à tous les groupes : arbustes, sarmenteux, pleureurs, miniatures… Plus de 350 cultivars et environ 30 000 plants sont regroupés sur le site.

Avenir économique florissant

Roses nouvelles ? Parce qu'elles n’existent pas encore dans le commerce et que, pour la plupart d'entre elles, elles n’ont pas encore de nom. Jugées sur leur vigueur, leur habillage foliaire, leur fleur, leur floribondité, leur résistance aux maladies ou encore leur parfum, les roses récompensées ont de fortes chances de connaître une certaine notoriété et, pour leur obtenteur, un avenir économique florissant.

Il se tient, cette année, 26 concours internationaux de roses

D'Europe et d'Amérique du Nord, tous les spécialistes en conviennent : Lyon est bel et bien la capitale des roses

C'est l'histoire qu'a vécu Lyon dans la deuxième partie du XXe siècle, quand la ville devient véritablement "capitale des roses". "Et ce n'est pas qu'une autoproclamation", peut-on lire dans l'ouvrage "Fleurs, fruits, légumes, l'épopée lyonnaise"*. "Où qu'ils soient en Europe ou en Amérique du Nord, tous les spécialistes (revues professionnelles, autorités horticoles, collectionneurs et paysagistes) en conviennent : Lyon fut bien, entre 1860 et 1914, la région la plus engagée dans la recherche de nouvelles obtentions et la plus dynamique dans la production et la commercialisation de" nouvelles variétés."

Entre 1850 et 1914, on estime à 60% le total des roses mondiales créées à Lyon. Les premières roses spécifiquement locales sont apparues vers 1830 chez Sédy, Emile Plantier, Jean Beluze ou encore Nérard, les grands rosiéristes de l'époque, après des croisements entre rosiers de souche européenne, rosiers du Bengale, introduits depuis la Chine à la fin du XVIIIe, et rosiers dits "odeur de thé". "Les précurseurs de l'école lyonnaise de la rose frappèrent fort avec des obtentions qui deviendront des références et restent aujourd'hui encore très prisées des collectionneurs."

Des obtenteurs remarquables et remarqués dans le monde entier
"En l'espace d'un peu plus d'un siècle, entre 1840 et 1950, ce sont près d'une centaine de rosiéristes qui obtinrent d'une, pour les plus humbles, à cent rose, pour les plus inventifs. Dans les années 1880-1914, l'engouement pour cette fleur était tel, tant parmi les collectionneurs que chez les obtenteurs, que l'on en compta plusieurs dizaines officiant en même temps dans la région lyonnaise !"

> in "Fleurs, fruits, légumes, l'épopée lyonnaise" - Stéphane Crozat, Laurence Bérard, Philippe Marchenay. Éditions lyonnaises d'Art et d'Histoire.

Dès 1867, le pépiniériste Guillot réussit une hybride révolutionnaire, La France, plus résistante au froid, plus feuillue, un rosier buisson qui marque le passage des roses anciennes aux roses modernes. Il y eut aussi les premiers rosiers multiflores du même Jean-Baptiste Guillot Fils "Soleil d'Or" connut un succès encore plus retentissant, avec la création d'une rose véritablement jaune, double et remontante.

Le succès est tel que "les rosiéristes lyonnais marquèrent l'histoire de la "reine des fleurs" par plusieurs inventions qui eurent une résonance mondiale". Quelques années plus tard, après quinze ans de recherche, le "magicien de Lyon", Joseph Pernet-Ducher, obtient une rose jaune. Une première. Contrairement à d'autres variétés horticoles, la rose résista à la Premier guerre mondiale. Chose unique sur la planète, les rosiéristes Guillot, Pernet-Ducher et Meilland sont encore en activité aujourd'hui et comptent plus de six générations de rosiéristes.
"Le dynamisme de la profession, assis sur une clientèle fidèle de "rosomanes" qui commandaient les roses lyonnaises depuis une centaine de pays, se traduisit entre les deux guerres par le rayonnement de la Société françaises des roses."

Paris découvre le pot aux roses
La Société françaises des roses a été fondée en 1896 et a son siège social à Lyon, au parc de la Tête d'Or, ce qui est assez rare pour une association à rayonnement national.
C'est le ministre de l'Agriculture de l'époque, Jules Méline, qui trancha en ce sens, "malgré la pression des rosiéristes de la région parisienne". Les Lyonnais arguèrent qu'ils étaient majoritaires dans le pays en nombre d'obtentions et en quantité de rosiers produits.
Cette association fut organisatrice d' "expositions fastueuses" réunissant jusqu'à douze mille rosiers de trois mille variétés. La société française des roses est à l'origine de la création de la roseraie de concours.

La Seconde guerre mondiale portera un coup fatal à la prééminence de la rose made in Lyon. Et la Roseraie internationale du parc de la Tête d'Or reste aujourd'hui le quasi unique témoin de l'histoire des roses lyonnaises.

Le concours international de Lyon se dérouler de 9h à 10h30 dans la roseraie du parc de la Tête d'Or. L'annonces des prix se fera dans la foulée

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