Philippe Cochet
Philippe Cochet

Jean Moulin et le "mystère de Caluire"

Philippe Cochet, maire de Caluire-et-Cuire, revient sur l'anniversaire de l'arrestation de Jean Moulin dans sa commune le 21 juin 1943.

Le 21 juin 1943, Jean Moulin était arrêté à Caluire-et-Cuire dans la maison du Docteur Dugoujon. 80 ans plus tard, la ville de Caluire-et-Cuire va commémorer son arrestation. "Chaque année aux alentours de 17 h 45 18 h, nous avons systématiquement un moment mémoriel. Alors ce moment mémoriel, il a d'autant plus d'importance. 80 ans après, et comme vous l'avez indiqué, nous avons fait en sorte de pouvoir travailler bien en amont de cette de cet anniversaire", explique le maire de Caluire-et-Cuire.

Philippe Cochet développe aussi le lien créé depuis 80 ans entre la commune et la mémoire de Jean Moulin : "quand on est dans cette commune, on a un devoir de transmission de la mémoire. Et je crois que pour nous, c'est indispensable de savoir et de transmettre, non pas en idéalisant, en essayant d'objectiver les choses, parce que les choses étaient complexes".

Retranscription intégrale et textuelle de l'entretien avec Philippe Cochet sur le lien entre la ville de Caluire-et-Cuire et Jean Moulin

Aujourd'hui, on ne va pas forcément parler d'enjeux politiciens, des batailles qui peuvent être parfois homériques à la métropole de Lyon. On voulait revenir sur Jean Moulin, cette personnalité. On va célébrer dans quelques jours les 80 ans de son arrestation à Caluire et Cuire. C'est pour cette raison qu'on vous a invité puisque la ville de Caluire va organiser différents temps mémorial pour rendre hommage à Jean Moulin. Notamment, il y a une cérémonie qui aura lieu le 21 juin à 17 h 45. Qu'est ce qu'elle va avoir de particulier par rapport à d'autres cérémonies qui peuvent avoir lieu où il y a des commémorations en la mémoire de Jean Moulin, soit par des enfants, soit lors des cérémonies, notamment d'hommage de la Libération ? Qu'est ce qui va être différent cette année ?

Alors, le 21 juin donc, Jean Moulin a été arrêté le 21 juin 1943. Il était en fait dans la maison du docteur du Goujon vers 14 h 20 14 h 30. Et donc chaque année aux alentours de 17 h 45 18 h, nous avons systématiquement un moment mémoriel. Alors ce moment mémoriel, il a d'autant plus d'importance. 80 ans après, et comme vous l'avez indiqué, nous avons fait en sorte de pouvoir travailler bien en amont de cette de cet anniversaire. Tout d'abord, les personnes âgées et les enfants. Il y a 80 ans, comment se passait cette période de la guerre ? Et on a été très marqué de la relation et de l'intérêt qu'avaient les enfants par rapport aux anciens qui ont pu expliquer ce qui se passait, ce qui se faisait, la vie de tous les jours. Tout le monde n'était pas impliqué complètement dans la résistance, mais la complexité qu'il y avait simplement, par exemple pour se nourrir, pour se déplacer. Et toujours cette crainte de savoir les murs avaient des oreilles et dans ce contexte là, ça a permis, je crois, aux enfants de comprendre que tout n'était pas noir, tout n'était pas blanc. Il y avait des zones grises où on ne savait pas qui était qui et il fallait être un peu sur la réserve parce qu'on pouvait voir des gens qui étaient des héros ou des salauds. Je crois qu'on peut trouver malheureusement dans ce genre de choses.

Et en cette journée du 21, il y a encore des zones grises, même après.

Absolument. Et on appelle ça le mystère de Caluire. Alors je dirai que cette notion, le mystère de l'arrestation de Jean Moulin pour un certain nombre de personnes qui ont, qui ont vécu et qui ont laissé un certain nombre de messages pour ces personnages, je pense qu'il n'y a pas beaucoup d'hésitation pour les historiens. Il y a un certain nombre d'hésitations et c'est tout à fait respectable. Je crois qu'également se pose la question d'un des participants à cette réunion qui n'était pas invité au départ, qui a pu s'échapper. Donc en l'occurrence, donc Hardy, pour ne pas le citer, qui a été condamné deux fois, qui a été exempté de peine deux fois. Il faut se remettre dans le contexte de l'époque. Le général de Gaulle avait une France qui était complètement fracturée, partagée. Il y avait des gens qui avaient été remarquables pendant cette période, d'autres qui étaient des ignobles personnages. Et néanmoins, il fallait quand même réconcilier le pays. Et je pense qu'à l'époque, la volonté était de favoriser la réconciliation plutôt que de solder les comptes de ce qui a pu se passer à cette époque là. Mais c'est vrai que Caluire et Cuire, il faut savoir que cette réunion était la première réunion. Il n'y avait pas eu de réunion qui avait été organisée dans la maison du Docteur du Goujon. Donc avant celle ci, le lieu avait été choisi donc par Lassagne qui était un ami, donc du docteur Dugoujon, et le docteur Duchamp ne savait même pas quelle qu'elle allait être l'importance de cette réunion. Et finalement, Jean Moulin est resté dans cette maison une demi heure à peu près, et ça a changé. Le cours de l'histoire de la Résistance savait qu'il fallait trouver un remplaçant au général de Gaulle qui avait été arrêté à Paris. Et cette réunion était là justement pour définir qui allait prendre la responsabilité, donc de la coordination de la résistance.

Et ces quelque minutes aussi marquer l'identité de votre ville. C'est quoi l'importance finalement dans l'identité de Caluire de Jean Moulin ? C'est parce qu'il y a le musée, le mémorial, il y a la maison du professeur du goujon qui se visite. Vous avez les entretiens Jean Moulin. C'est devenu finalement le vecteur entre guillemets numéro un de communication de votre communication. Ça ne marche pas du tout avec ce dont on parle aujourd'hui, mais d'identité. En tout cas, je crois.

Que quand on est dans cette commune, on a un devoir de transmission de la mémoire. Et je crois que pour nous, c'est indispensable de savoir et de transmettre, non pas en idéalisant, en essayant d'objectiver les choses, parce que les choses étaient complexes, on l'a, on l'a bien indiqué, mais garder cette possibilité. Et ce lieu qui n'est pas un musée, qui est un mémorial, durable, visitable et on ouvre assez régulièrement. Mais il y a un côté intimiste, il y a un côté sobre, il y a un côté dénudé et on se rend compte que quand même, une partie de l'histoire de la France pendant la période de la Seconde Guerre mondiale s'est passée ici, dans ce lieu qui a été Caluire, qui aurait pu être une autre commune ou quoi que ce soit, mais qui finalement illustre bien la. La ville de caractère où on a un nombre également important de personnes qui ont été des résistants, des gens qui ont été des justes parmi les nations, des gens qui ont hébergé des gens qui étaient en recherche, mais également qui était un lieu qui a aussi hébergé un des responsables de la Gestapo de l'époque. Donc, ce qui montre bien que sur un même lieu, il pouvait y avoir des gens qui avaient des positions qui étaient radicalement différentes. Mais nous, en tant que commune de Caluire et Cuire, on souhaite faire vivre ce mémorial en ce mémorial, en relation avec le Centre d'Histoire, la Résistance et la déportation. Montluc bien évidemment, la prison et ce triptyque. Il est indispensable pour bien faire comprendre qu'on voit des gens de France, de l'étranger qui sont sur cette place, qui viennent rencontrer, qui viennent visiter cette maison, et on leur explique à chaque fois cette approche là. Et on se rend compte 80 ans après, que ça reste très présent dans l'esprit des uns et des autres.

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