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Damien Rieu au tribunal judiciaire de Lyon. (@NC)

Affaire Rieu-Benzema : un procès coup de pub pour le militant d'extrême droite

Damien Rieu était audiencé ce mardi à Lyon pour deux tweets jugés diffamatoires par le footballeur brondillant, Karim Benzema. Une affaire médiatique, en forme de coup de pub pour ce partisan d'Eric Zemmour.

Le dispositif policier avait été renforcé ce mardi 20 juin aux abords du tribunal judiciaire de Lyon. Entouré de trois "gardes du corps" tirés à quatre épingles, le militant d'extrême droite, chargé de communication du parti d'Eric Zemmour, Reconquête!, Damien Rieu, a pénétré dans la salle E du palais de justice en toute décontraction. Poursuivi par le footballeur brondillant, Karim Benzema, pour diffamation après un tweet lui reprochant ses accointances avec un immam perquisitionné au lendemain de l'assassinat de Samuel Paty, et un autre juxtaposant des photos de djihadistes et du footballeur, doigts en l'air, le militant, comme il l'avait annoncé, s'est servi de cette tribune pour diffuser ses idées.

"C'est lui qui devrait être à ma place"

Depuis maintenant une semaine, celui qui se défini comme un "lanceur d'alerte", s'épand sur les réseaux sociaux, appelant ses followers à le soutenir financièrement pour faire face aux sept procédures judiciaires intentées à son encontre. Une vingtaine de têtes grises était bien présente dans la salle des pas perdus, applaudissant Damien Rieu à la sortie de l'audience. Impassible et accompagné de Bruno Attal, ex-candidat aux élections législatives dans la 14e circonscription du Rhône - d'aucuns se souviennent qu'il avait invité les journalistes à un atelier de tir - le partisan d'Eric Zemmour et du grand remplacement avait enfilé son plus beau tee-shirt, profitant des caméras pour une belle mise en scène.

Seul ce tweet a été retenu par le procureur dans ses réquisitions.

"[...] qu'Allah fasse descendre son châtiment sur celui qui empiète sur l'honneur du prophète", y était inscrit, accompagné d'un commentaire : "Aimé par Karim Benzema après la décapitation de Samuel Paty." A la barre, Damien Rieu, tout comme son conseil maître Pierre-Vincent Lambert, ont adopté une attitude tantôt agacée, tantôt provocatrice. "Cette façon de rire devant un tribunal n'est pas correcte", a d'ailleurs recadré la présidente. Chemise bleue, pantalon clair à la poche arrière déchirée et baskets aux pieds, le chargé de communication de Reconquête! n'a pas tenté d'afficher une image polissée, mais bien revendiqué celle qui lui colle à la peau. "Karim Benzema envoie des signaux ambigus, il like la publication de quelqu'un qui justifie la décapitation de Samuel Paty, lance Damien Rieu. Et d'ajouter : C'est lui qui devrait être à ma place."

Le post d'un combattant de MMA tchétchène après la décapitation de Samuel Paty, liké par Benzema.

"Ne doit-on pas se réserver une forme de prudence, même lorsque l'on est lanceur d'alerte", interroge la présidente. Et Damien Rieu de rétorquer : "La prudence, c'est de ne pas liker une publication qui justifie des attentats." "Vous êtes salariés de ce parti politique dont vous faites la communication ? Combien gagnez-vous ?", lance encore la présidente. "Je gagne beaucoup moins d'argent que Benzema", lâche, provocateur, le militant, refusant de donner le montant de son salaire. Agacé, mais visiblement résilié face à la faiblesse de son dossier, maître Sylvain Cormier, conseil de Karim Benzema a tenté une plaidoirie axée sur la personne de Damien Rieu, laissant de côté les détails techniques de l'affaire. "C'est un drôle de lanceur d'alerte que nous avons là. Nous avons en fait affaire à un idéologue", lance l'avocat, réclamant 48 000 € de dommages et intérêts.

10 000 € requis par le procureur

Une faiblesse d'éléments factuels que n'a pas manqué de soulever Me Pierre-Vincent Lambert. "Vous devez entrer dans les détails, vous êtes obligés de tenir compte du contexte de ces tweets, tance l'avocat, offensif, parfois arrogant. Le second tweet de Damien Rieu (sur lequel une photo de Benzema doigt en l'air est associée à trois photos de djihadiste effectuant le même signe, NDLR) arrive après que Karim Benzema a liké une publication sur laquelle il était écrit : 'qu'Allah fasse descendre son châtiment sur celui qui empiète sur l'honneur du prophète'." Le conseil a ainsi demandé la relaxe de son client, ajoutant, "il n'y a rien de diffamatoire puisqu'il n'y pas d'allégation précise dans ce tweet".

Le procureur, Alain Grellet, a de son côté réclamé 10 000 € d'amende, tout en excluant de son réquisitoire le premier tweet qui pointait du doigt les liens du footballeur brondillant avec l'immam de Meaux. "L'allusion de Monsieur est insultante à l'égard de ceux qui ont souffert du terrorisme. Elle fait un amalgame abjecte et grotesque", a tancé le parquet. Le tribunal rendra sa décision le 19 septembre prochain.

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