Contre vents et marées, les Jeudis des Musiques du Monde sont de retour au jardin des Chartreux. Resserrée autour de quatre rendez-vous, la programmation est une fois de plus à la hauteur !
C’est la crise ma bonne dame ! Tout augmente sauf l’offre culturelle. Après la triste annulation du festival du Péristyle de l’Opéra, faute de moyens matériels et humains suffisants, c’est au tour du CMTRA (Centre des Musiques Traditionnelles Rhône-Alpes) de réduire sa programmation. L’association instigatrice des Jeudis des Musiques du Monde passe cette année de six rendez-vous à quatre sessions regroupées sur le mois de juillet. Rien en août : le désert sur fond de canicule…
Mais haut les cœurs, il y a tout de même matière à se réjouir au vu de la programmation 2023 de ces Jeudis hauts en couleur et en rebondissements.
L’équipe curatrice de l’événement croix-roussien nous a concocté un menu de gala, exigeant, éclectique, à l’image de l’effervescence de la pratique des musiques traditionnelles en Rhône-Alpes.
Tradi-punk et expérimentations à tout-va
On débute en fanfare le 6 juillet avec une première soirée choc ! Ramdam Fatal est le nouveau projet du groupe clermontois Ultra Zook, fleuron d’un rock complètement barré, fiévreux, dansant et gorgé d’humour. Le trio, basse-batterie-claviers-chants, s’est adjoint les services de cuivres et de violons pour nous servir un bal trad expérimental, déconfiné à la sauce Ultra Zook.
S’inspirant du folklore auvergnat, l’orchestre tumultueux nous livre un spectacle original organisé autour de textes carnavalesques et surréalistes appuyés par une musique à la fois rugueuse, poétique et quasi mathématique dans l’exécution des rythmes empruntés à la musique trad auvergnate savamment stylisés pour les “besoins” de la création.
En seconde partie de soirée, c’est Kin’Gongolo Kiniata qui prend la relève pour une expérience afro-pop congolaise aux accents cyber-punk. Émanation de la nouvelle génération de musiciens de Kinshasa, le quintette nous livre une musique de transe ébouriffante interprétée sur des instruments bricolés par les musiciens eux-mêmes à partir d’objets de récup recyclés (boîtes de conserve, bouteilles en plastique, etc.).
Les textes en lingala (une des langues les plus parlées au Congo) se font parfois politiques pour dénoncer la guerre au Congo ou encourager la jeunesse de Kinshasa.
Cap à l’Est !
On enchaîne avec une Odyssée greco-bulgare pour le deuxième plateau composé de Baba Marta & Ispolin et Deli Teli. Les premiers (Baba Marta & Ispolin) nous téléportent en terres bulgares à grands renforts d’instrumentaux débridés et d’airs chantés par des voix au caractère trempé.
Deli Teli ressuscite quant à lui les riches heures du pop rock psychédélique des années 60-70. Sonorités vintage un brin kitch mais tellement attachantes (bouzouki électrique, orgue farfisa…), refrains poppy à souhait, le trio en fera craquer plus d’un !
C’est la Syrie et le Moyen-Orient qui sont à l’honneur le jeudi suivant avec les instrumentaux hypnotiques et vaporeux de Shezar. Des compositions subtiles empruntant aux musiques orientales interprétées de main de maître par le quatuor.
Les choses se corsent sévèrement avec le jazz-rock oriental de Sarāb. Formé autour de la chanteuse franco-syrienne Climène Zarkan et du guitariste Baptiste Ferrandis, le groupe manipule jazz, rock, musique électro pour nous servir un cocktail oriental explosif, moderniste et envoûtant.
Final latino
Nos jeudis s’achèveront avec la transe afro-colombienne passée à la moulinette psyché 70 d’Aïtawa. Le quatuor lyonnais nous offrira, à travers un son hybride et débridé, une évocation furtive de certaines nuits humides et rythmées à Bogotá.
Puis le Colectivo Caliente y Elegante fermera le bal au son du Son (musique populaire cubaine) et de la salsa afro-cubaine avec classe et en costard s’il vous plaît !
Les Jeudis des Musiques du Monde – Du 6 au 27 juillet, au jardin des Chartreux, Lyon 1er https://lesjeudisdesmusiquesdumonde.org