De nouvelles analyses viennent alimenter la polémique sur les pollutions aux perfluorés. L'entreprise Arkema, déjà visée par un référé pénal environnemental, est à nouveau pointée du doigt.
"Des analyses de la production d'une ferme en agriculture biologique (à Grigny, NdlR) ont révélé, sur les épinards, des taux (de perfluorés, NdlR) dépassant les valeurs indicatives au-delà desquelles des études approfondies doivent être menées".
C'est ce que révèle l'AMAP (association pour le maintien d'une agriculture paysanne) Auvergne-Rhône-Alpes et Agribio (association des producteurs biologiques) Rhône-Loire, dans un communiqué de presse.
Cette nouvelle analyse inquiète les agriculteurs. Si des études approfondies venaient à révéler que les productions étaient impropres à la consommation, "les paysans pourraient perdre leur récolte entière et là, ils n'ont plus qu'à mettre la clé sous la porte", alerte Jean-François Colin, représentant du réseau AMAP Auvergne-Rhône-Alpes.
Et dans le cas où ces mêmes études n'allaient pas conduire les autorités à interdire la vente des productions agricoles, les agriculteurs redoutent que la polémique autour des pollutions aux perfluorés chassent les clients. "Il y a deux attitudes parmi les agriculteurs : certains pensent qu’il ne faut surtout pas en parler, car cela va impacter les ventes, d'autres pensent qu'il faut justement en parler pour alerter, ce qui est notre position" explique Laurence Paccard, porte-parole du Réseau Agribio Rhône et Loire.
Les PFAS, c'est quoi ?
Les PFAS sont une famille de plus de 4 700 molécules de synthèse produites par l'homme depuis les années 40. Leurs propriétés physico-chimiques, qui incluent leur résistance à la chaleur, aux acides, à l'eau et aux graisses, les rendent utiles dans de nombreux produits de consommation courante et applications industrielles tels que les textiles, les emballages alimentaires, les cosmétiques, les poêles anti-adhésives, les mousses anti-incendie, les imperméabilisants, les cires à parquet, les vernis et les peintures.
Cependant, leur large utilisation, combinée à leur faible dégradation, les rend omniprésents dans l'environnement, notamment dans les cours d'eau, faisant d'eux des "polluants éternels". Le Rhône, de l'aval de Lyon jusqu'à la Méditerranée, est particulièrement touché.
La littérature scientifique suggère que les perfluorés pourraient favoriser le cancer chez l'homme et causer des défauts de défense immunitaire chez les enfants.
Référé pénal environnemental
L'usine Arkema de Pierre-Bénite serait le principal lieu de rejet des perfluorés (PFAS) que l'on retrouve dans l'Ouest lyonnais, ces polluants éternels qui contaminent l'eau, les sols et l'air. En mai, une dizaine d'associations et 37 victimes de la pollution aux perfluorés avaient déposé un référé pénal environnemental contre l'entreprise Arkema.
Ce référé pénal environnemental vise à forcer Arkema à réaliser, à ses frais, une étude des risques sanitaires encourus par la population. Ces études devraient comporter des analyses sanguines de chaque victime ainsi que des analyses aléatoires chez les salariés d'Arkema et les habitants autour de Pierre-Bénite, mais aussi des analyses de sol, de lait maternel. Et dans les établissements scolaires. Au final, Arkema devrait réaliser 90 prélèvements de denrées alimentaires (céréales, fromage, lait, viande, fruit, légume, poisson et miel), chez des professionnels bio et non bio dans un rayon de dix kilomètres autour de l'usine.
Parmi les 47 plaignants (accompagnés de 11 associations et de syndicats), certains ont développé des pathologies liées à la contamination aux perfluorés (PFAS), dont plusieurs hypothyroïdies et un cancer des testicules chez un enfant de vingt mois. Des analyses ont aussi révélé des traces de perfluorés dans le sang et le lait maternel des personnes exposées.
Pour mémoire, en mars, 13 maires de communes du Sud-Ouest lyonnais avaient annoncé leur volonté de porter plainte collectivement pour obtenir réparation de la pollution aux perfluorés. La plainte pourrait être déposée dans les prochaines semaines.
"Il pourrait y avoir jusqu'à 350 000 personnes contaminées par ces polluants dans le Sud de Lyon."
Louise Tschanz, avocate spécialiste en droit de l'environnement
Pour Maître Louise Tschanz, du cabinet Kaizen Avocat, en charge du dossier, "C’est un scandale sanitaire d’ampleur". Une vingtaine de communes du Sud Lyonnais sont touchées par ces pollution avec des concentration locale allant jusqu'à 11 fois la limite recommandée.
Lire aussi : La carte des pollutions des eaux lyonnaises
Limiter les émissions
Afin de faire face à "la plus grosse contamination aux PFAS de France", elle demande par le référé, la limitation des rejets de perfluorés par l'usine d'Arkema Pierre-Bénite dans l'eau à 1 kilogramme par mois (en mars, les rejets ont été de 14 kilos). La préfecture avait déjà imposé à Arkema une réduction progressive de ses émissions par un arrêté en septembre 2022. "On ne demande pas le zéro car on sait que ça va être difficile à atteindre, mais on demande une réduction", conclut l'avocate.
Une production qui enregistre déjà une baisse selon l'industriel. "Grâce à un investissement substantiel en R&D, le site sera en mesure de fabriquer ses produits sans aucun recours à des additifs fluorés dès la fin 2024 et cette transition est déjà en cours. Le site de Pierre Bénite a mis en service dès fin novembre 2022 un dispositif de filtration du 6 :2 FTS qui permet depuis février 2023 de réduire les rejets de plus de 90% à ce stade", avance Anne Plaisance, porte parole du géant de la Vallée de la Chimie.
S'il est atteint, le quota de 1 kilogramme de PFAS rejetés par mois pourrait faire une forte différence. Un rapport de l’IGEDD (Inspection générale de l’environnement et du développement durable) de décembre 2022, avait confirmé l'importance des flux de PFAS libéré dans le Rhône par Arkema à 3,5 tonnes par ans.
Lire aussi : Pollution aux perfluorés : "Il faut que l'on parle tous d'une même voix"
10 km de l'usine alors que l'eau du réseau qui alimente des exploitations agricoles de tout l'Ouest Lyonnais est issue de l'eau du Rhône ?!
Ce réseau va jusqu'à 40 km !!!!
Quant aux problèmes kafkaïens d'indemnisations et d'arrêt de ventes du bio et des autres... on n'en serait pas là dans une économie postmonétaire... seulement voilà, les idées postmonétaires sont "stupides", les postmonétaires ne "comprennent rien" ! :/
On verra bien comment le monde corrompu par le fric va se sortir de ce merdier...
Seul un monde postmonétaire peut ne laisser personne sur le carreau et lancer dès à présent des recherches pour contrer les problèmes que cette pollution massive va générer.
Et si on parlait des pompiers de l'incendie des 2 et 3 juin 1987, il y a 35 ans.
Ils ont déversés quoi ?
Bon, une fois que vous aurez compris cela, vous reviendrez nous voir avec vos idées révolutionnaires.
Les "gents"c'est : métro boulot dodo et n'aiment pas entendre les mauvaises nouvelles,.. Et ça arrange les polueurs/tueurs...
Ça ne tue pas en quelques secondes comme le l'arsenic,donc même les victimes font l'ignorant,etc... Et ça arrange certains...
Depuis un an le journal le progrès en parlait déjà..
Et de l'affaire "Metaleurop"
C'est un nouvel exemple d'analyse (après les analyses faites sur es œufs de poules élevées par des particuliers) sur des productions alimentaires supposées indemnes de toute contamination.
De nouveau ceci montre que quand on ne s'intéresse qu'aux intrants (ce qui est le cas de l'agriculture biologique), il est possible d'obtenir des produits contaminés sans que personne le sache.
Il serait grand temps de revenir à la base à savoir contrôler réellement les productions alimentaires même en agriculture biologique.