Les vendanges à Montmelas-Saint-Sorlin, dans le Beaujolais. (Photo de JEFF PACHOUD / AFP)

Les vendanges avancées dans le Beaujolais en raison de la canicule

Alors que les viticulteurs envisageaient une récolte autour du 10 septembre, les vendanges devraient être avancées d’une semaine, la canicule ayant accéléré la maturité des grappes. 

Plutôt clémentes jusqu’à l’épisode de canicule survenu il y a une dizaine de jours dans le Rhône, les températures estivales laissaient jusqu’ici supposer une campagne de vendanges 2023 mi-septembre dans le Beaujolais. "La canicule précipite un peu les vendanges. On a eu le phénomène en 2003 et en 1983. La canicule, ça fait mûrir le raisin beaucoup plus vite et ça dessèche un peu les grains", explique toutefois Pierre-Marie Chermette, un viticulteur des Pierre Dorée installé à Saint-Vérand. 

Dès le 1er septembre

Propriétaire d’une cinquantaine d’hectares répartis entre le nord et le sud du Beaujolais, ce vigneron devrait donc débuter ses vendanges autour du 4 septembre. Idem au domaine des Terres Dorées à Charnay où Jean-Paul Brun qui prévoyait "de vendanger entre le 5 et le 10 septembre" donnera les premiers coups de sécateur dans sa cinquantaine d'hectares plutôt autour du 5 septembre. Dans les "zones les plus précoces des 12 appellations du Beaujolais", les vendanges débuteront même "autour du 1er septembre", confie-t-on du côté de l’Inter Beaujolais. 

"On va avoir un fruit plus mûr que si on n(avait pas eu de canicule. On aura des vins avec moins d’acidité et plus de sucre, de degrés"

Pierre-Marie Chermette, viticulteur installé à Saint-Vérand

Après une année 2022 précoce, où les vendanges avaient débuté dès le 25 août par endroits, comme en 2020 et 2019, à l’inverse de 2021, "où l’été avait été moins chaud et plus humide" se souvient Pierre-Marie Chermette, 2023 se situe dans un entre-deux. "Là on est un peu à mi-chemin, la canicule active un peu les choses et ça s’accélère d’un coup", souligne Jean-Paul Brun. Ce qui n’est pas anodin, puisque "le fruit sera plus mûr que si on n'avait pas eu de canicule", précise le propriétaire du domaine Chermette. Conséquence de ces fortes chaleurs de dernière minute, le millésime 2023 dans le Beaujolais devrait offrir aux palais des amateurs "des vins avec moins d’acidité et plus de sucre, de degrés", décrypte le vigneron de Saint-Vérand.

L'ombre de la grêle

La récolte devrait toutefois être plutôt satisfaisante cette année dans le Beaujolais. "On s’attend à une bonne récolte, un peu plus que les années dernières. Je pense que l’on fera le rendement officiel, c’est bien, on n'en demande pas plus", souligne Jean-Paul Brun. Une bonne nouvelle pour les professionnels après les dégâts causés par le gel en 2021 et des rendements plus faibles en 2022, du fait des fortes chaleurs qui avaient perduré tout l’été, asséchant les grappes. 

"C’est toujours quitte ou double. On peut être dessous ou à côté, il faut l’accepter, on ne peut rien faire",

Jean-Paul Brun, domaine des Pierres Dorées Charnay

Reste toutefois l’inquiétude des orages et de la grêle annoncés dès ce vendredi après-midi dans le département du Rhône. "C’est toujours quitte ou double. On peut être dessous ou à côté, il faut l’accepter, on ne peut rien faire", lâche avec un réalisme froid le propriétaire des Terres Dorées. Légèrement plus optimiste, un oeil sur une application de météo, Pierre-Marie Chermette tente de se rassurer en constatant que dans son secteur. "Les pluies devraient démarrer dans la nuit, donc c’est beaucoup moins risqué que si elles arrivaient à 18 heures. Personnellement je n’ai jamais vu grêler la nuit dans notre région, confie le viticulteur, avant d’ajouter, enfin avec ces grosses chaleurs on ne sait jamais."

Des vendangeurs originaires d’Europe de l’Est
Alors que certains domaines peinent encore à compléter leurs équipes de vendangeurs, que ce soit au domaine Chermette ou aux Terres Dorées on affiche complet, ou presque, pour cette année. Les deux viticulteurs reconnaissent toutefois qu’il est de plus en plus difficile de recruter au niveau local. "Il ne faut même pas y penser, mais ce n’est pas seulement pour les vendanges que c’est difficile de recruter, c’est toute l’année", souffle Jean-Paul Brun. Depuis quelques années, ce viticulteur "travaille avec des Gitans et des Bulgares". Du côté de la famille Chermette, même constat. "En Beaujolais les vendangeurs c’est des Polonais ou des Bulgares. Il y a encore des vignerons qui arrivent à recruter des Français, mais c’est plus rare et généralement il s’agit d’équipes de retraités", assure Pierre-Marie. Lui, qui emploie un chef de culture polonais, fait appel à une société polonaise qui vient désormais d’année en année.

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