Pierre Athanaze, vice-président du Grand Lyon en charge de l'environnement
Pierre Athanaze, vice-président du Grand Lyon en charge de l’environnement

Pierre Athanaze : "Il faut absolument végétaliser très, très rapidement"

Pierre Athanaze, vice-président de la Métropole de Lyon en charge de la nature en ville, est l'invité de 6 minutes chrono pour évoquer la canicule et la végétalisation de la ville.

Alors que la métropole vit un nouvel épisode de canicule tardive, Pierre Athanaze, vice-président de la Métropole de Lyon en charge de la nature en ville, avertit les habitants de l'agglomération : "L'année passée, on a eu trois canicules, avec des périodes bien différentes, de juin jusqu'à août. Cette année, ça a été août et septembre. C'est assez incroyable, puisque habituellement, après le 15 août, on est quand même dans des périodes où on se rafraîchit. Là, c'est là qu'on a le plus chaud. Et ce ne sera évidemment pas le climat d'Alger ou de Madrid, comme certains aimeraient nous le faire croire. Mais ce sera pas ça. On aura évidemment ces chaleurs-là, mais on aura également toujours des hivers. On le voit depuis trois ans d'affilée. On a des gelées tardives en avril. On a des orages très violents, avec énormément de grêle, avec de la pluie. On a trois fois plus d'épisodes de vent violent. Donc, ce n'est absolument pas ce climat-là".

« Ce ne sera évidemment pas le climat d'Alger ou de Madrid, comme certains aimeraient nous le faire croire. »

L'élu écologiste estime toutefois que la ville peut être rendue plus vivable grâce à la végétalisation des espaces publics : "Nous, on a objectivé ça avec une station où on a, sur un alignement classique avec des platanes tous les 14 mètres, et le même alignement, mais qui a été aménagé avec des plantations sur plusieurs strates, avec des arbres plus petits qui accompagnent, avec des arbustes hauts et des arbustes bas. On a sur les quatre mois d'été, juin, juillet, août, septembre, 4,2 degrés de différence. Mais en période de canicule, on a une différence qui peut monter jusqu'à 7 degrés neuf. Donc c'est important. Donc on est en capacité, avec de la végétalisation, effectivement de créer des îlots de fraîcheur".

La retranscription intégrale de l'entretien avec Pierre Athanaze

Aujourd'hui nous accueillons Pierre Athanaze. Vous êtes vice-président de la métropole en charge de la nature en ville. On vous a invités pour parlerde canicule, d'îlot de fraîcheur ou plutôt d'îlot de chaleur. Ce qu'on a connu, ça dépend de quand on est rentré de vacances, mais pour ceux qui sont rentrés, on va dire, mi-août, fin août, ils ont vécu un épisode de canicule. Et puis même là, cette semaine de rentrée, ça repart. Vous disiez, plutôt dans l'été, il faut s'habituer à la chaleur, puisque finalement on n'aura pas le climat d’Alger ou de Madrid, ce sera pire. Ça maintenant, c'est désormais une certitude. L'épisode qu'on a vécu fin août, ce sera finalement un épisode habituel des étés à venir ?


Alors oui, avec des formes différentes. L'année passée, on a eu trois canicules, avec des périodes bien différentes, de juin jusqu'à août. Cette année, ça a été août et septembre. C'est assez incroyable, puisque habituellement, après le 15 août, on est quand même dans des périodes où on se rafraîchit. Là, c'est là qu'on a le plus chaud. Et ce ne sera évidemment pas le climat d'Alger ou de Madrid, comme certains aimeraient nous le faire croire. Ce serait pas mal, c'est plutôt sympa. Manger des tapas, le soir et tout. Mais ce sera pas ça. On aura évidemment ces chaleurs-là, mais on aura également toujours des hivers. On le voit depuis trois ans d'affilée. On a des gelées tardives en avril. On a des orages très violents, avec énormément de grêle, avec de la pluie. On a trois fois plus d'épisodes de vent violent. Donc, c'est absolument pas ce climat-là. Ce qui veut dire que pour nous, en ce moment où il faut absolument végétaliser très, très rapidement pour arriver à donner de la fraîcheur aux habitants de la métropole, c'est très difficile parce qu'en même temps qu'on a ces températures, on a des sécheresses qui sont juste incroyables. Rappelez-vous le mois de février. Pas une goutte de pluie en février. On a vraiment des épisodes qui sont très, très durs et qui font que le climat qu'on vit maintenant et qu'on va avoir sera évidemment bien plus compliqué que le climat méditerranéen.

Cette bataille-là sur le réchauffement, sur la température qu'il va faire. Bruno Bernard dit dans le dernier mensuel de Lyon Capitale, qui est en kiosque du reste, et dont je vous conseille la lecture, cette bataille, pour les degrés, elle est perdue. Ce qu'il reste à faire, c'est rendre la ville vivable. Vous, vos plans de végétalisation, ils ne visent qu'à ça. Ils ne visent pas à essayer de faire baisser la température. C'est simplement de rendre vivable. D'adapter les Lyonnais, les grands Lyonnais, à vivre à 40 degrés ?


Alors après, nous, quand on agit, on agit par quartier. Sur un quartier, sur une rue qu'on plante, on sait faire baisser la température. Mais c'est du local. Et il va falloir qu'on arrive effectivement à faire baisser la température.

Ça peut aller jusqu'à combien par exemple dans la rue, ici, en bas ?

Nous, on a objectivé ça avec une station où on a, sur un alignement classique avec des platanes tous les 14 mètres, et le même alignement, mais qui a été aménagé avec des plantations sur plusieurs strates, avec des arbres plus petits qui accompagnent, avec des arbustes hauts et des arbustes bas. On a sur les quatre mois d'été, juin, juillet, août, septembre, 4,2 degrés de différence. Mais en période de canicule, on a une différence qui peut monter jusqu'à 7 degrés neuf. Donc c'est important. Donc on est en capacité, avec de la végétalisation, effectivement de créer des îlots de fraîcheur.

Mais est-ce qu'on peut rafraîchir toute une ville, toute une métropole ? Alors rafraîchir toute une métropole… Allez, on va dire, rentrons dans l'utopie. Il n'y a pas d'enjeu financier.


Ça ne va pas suffire. Effectivement, la végétalisation, c'est l'outil, et c'est vraiment l'outil qui permet le plus rapidement d'apporter des solutions. Mais on arrivera à des solutions à l'échelle d'un territoire, uniquement si on devient enfin sobre, tant qu'on continuera à émettre des gaz à effet de serre, comme on le fait maintenant avec nos industries, avec l'air conditionné, avec les voitures…

Mais le climat n'est pas que lyonnais…


Il n'est pas que lyonnais, mais justement, on l'a bien vu, en juillet, jamais le globe terrestre n'a été aussi chaud. On attend les résultats d'août, ça risque d'être la même chose. Évidemment que ce n'est pas que lyonnais. En attendant, l'année passée, les canicules ont fait 11 000 morts en France. 11 000 morts en France, ça veut dire qu'il y a plusieurs milliers de grands lyonnais qui sont décédés prématurément de la canicule. On a une responsabilité, je porte une responsabilité très forte là-dessus. Et c'est vraiment une course contre la montre qu'on engage pour effectivement que les habitants de nos villes, que ce soit Lyon, que ce soit Voire-en-Velin, Vinicieux, peu importe laquelle, puissent, dans ces moments vraiment très très chauds, trouver des espaces de fraîcheur. Est-ce que vous craignez, peut-être que la ville, la métropole perde des habitants, des gens qui disent que moi je ne veux plus vivre à Lyon parce que il fait trop chaud, est-ce que les villes peuvent devenir invivables ? Effectivement, quand on a bu cette canicule, canicule qui a duré, c'est une canicule record de 18 jours d'affilée, avec des températures qu'on n'avait jamais connues, 41,4 degrés, c'est des choses qu'on n'a jamais vues. Donc les gens disent, il faut absolument que je trouve une solution. Et la solution souvent c'est partir, c'est pas remettre ces comportements en jeu. Et moi ce que j'ai peur, c'est qu'il arrive fin septembre, quand l'automne sera enfin là, que finalement on oublie et puis qu'on continue finalement les mêmes comportements. Et c'est bien beau de demander aux élus, de me demander à moi de trouver des solutions quand le thermomètre atteint 30 degrés, mais c'est ce combat-là, on doit le mener collectivement, que ce soit les élus locaux, que ce soit évidemment les élus métropolitains, que ce soit nos parlementaires, afin qu'enfin on prenne réellement conscience, si on se donne les moyens d'émettre moins de gaz à effet de serre. La solution au final, elle sera là. Et même si on l'a trouvé aujourd'hui, il va falloir plusieurs années avant que ça baisse. Si on arrêtait toute émission et gaz à effet de serre sur le globe, l'effet ne sera pas immédiat. On est dans une situation telle que ce climat-là, on l'a pour quelques décennies.

Merci beaucoup Pierre ATHANAZE d'avoir répondu à notre invitation à nos questions. Moi je vous retrouve très bientôt pour une nouvelle édition de 6 minutes chrono. Au revoir.

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