Alexandre Vincendet a annoncé faire appel de la décision d’exclusion des LR.

Alexandre Vincendet : "Il est paradoxal que Les Républicains puissent être un élément d'instabilité"

Alexandre Vincendet, député Les Républicains du Rhône, est l'invité de 6 minutes chrono.

Les partis politiques ont fini par répondre à la lettre qu'Emmanuel Macron leur avait adressé après les avoir reçu pendant plus de cinq heures pour sa rentrée politique. Cet échange épistolaire n'a pas suffi à faire sauter les digues partisanes. Eric Ciotti, président des Républicains, l'un des potentiels alliés de la majorité présidentielle, a fait part de sa déception. Alexandre Vincendet, député et président de la fédération LR du Rhône, milite, à l'inverse, pour un rapprochement : "si on veut avoir une stabilité institutionnelle pour éviter une sortie de route, qui peut amener à une dissolution qui, à mon avis, ne règle strictement rien, aujourd'hui, les Républicains, ma famille politique, pourraient être au rendez-vous de l'histoire. Le général de Gaulle a créé la Ve République parce qu'il voulait mettre fin à ce qu'il appelait le régime des partis. Et il est assez paradoxal finalement que ce soit un des partis issus du gaullisme qui aujourd'hui puisse être un élément parfois d'instabilité, on l'a vu avec la réforme des retraites".

Wauquiez et la prise de risques

Alexandre Vincendet note d'ailleurs que des synergies ont déjà lieu : "pour l'instant, on a plutôt trouvé des accords". Il revient aussi sur les propos de Nicolas Sarkozy appelant Laurent Wauquiez, préisdent LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes, à prendre plus de risques s'il veut être candidat en 2027 : "une campagne présidentielle, pour avoir participé à certaines campagnes, pour vous dire, je pense que c'est l'élection la plus dure qui soit. C'est un rendez-vous extrêmement important entre un candidat ou une candidate qui va à la rencontre des Français. Et c'est l'élection aussi, en guillemets, la plus violente. Et c'est celle où, en fait, vous êtes tellement passé au scanner qu'il faut un moment être à nu devant les Français pour qu'ils puissent se dire, cette personne-là a l'épaisseur, à la sincérité, à la solidité pour pouvoir diriger notre pays pour les cinq années qui viennent. Une chose qui est sûre, c'est que dans une compétition aussi difficile, il faut prendre des risques. Et un chef, un leader, c'est quelqu'un qui est capable de faire preuve d'audace, qui a une capacité d'entraînement hors du commun et qui, au-delà de ça, est en capacité aussi de prendre des risques".

La retranscription de l'entretien avec Alexandre Vincendet

Bonjour à tous et bienvenue, vous regardez 6 minutes chrono le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale et aujourd'hui on accueille Alexandre Vincendet. Vous êtes député LR, président aussi de la Fédération du Rhône, des Républicains. Avec vous, je voulais revenir un petit peu sur le climat politique du moment où Emmanuel Macron tente de créer des ponts avec d'autres partis, délargir sa majorité. Il a reçu tous les chefs de parti. Vous, vous faites partie donc des Républicains. Vous faites partie chez les Républicains de ceux qui appellent justement à répondre à cette main tendue. Visiblement, c'est une opinion minoritaire dans votre parti puisque Eric Ciotti a dit qu'il avait été relativement déçu finalement de ces échanges et de ce qu'on avait retenu Emmanuel Macron. En quoi il se trompe, Eric Ciotti ?

Ce n'est pas les questions des personnes. Moi, je pars du principe et c'est une ligne que je défends avec d'autres dans ma famille politique : Rachida Dati, Jean-François Copé, Nicolas Sarkozy et beaucoup de collègues parlementaires d'ailleurs sont sur cette ligne. C'est de dire une chose : on a une situation politique et institutionnelle qui est inédite. Un président de la République qui ne peut pas se représenter. A partir du moment où le président réélu ne peut pas se représenter, sur l'ensemble du mandat, vous allez avoir une influence qui va s'amenuiser au fur et à mesure qu'on va se rapprocher de l'échéance de 2027. C'est, à mon sens, quelque chose qui peut affaiblir la fonction du président de la République dans son deuxième mandat. Cependant, c'est une règle. Elle s'applique, c'est la Constitution et c'est la règle suprême. Et donc, on a ce président de la République qui ne peut pas se représenter à l'issue de son deuxième mandat et un président de la République qui n'a qu'une majorité relative à l'Assemblée nationale. Et donc, si on veut avoir une stabilité institutionnelle pour éviter une sortie de route, qui peut amener à une dissolution qui, à mon avis, ne règle strictement rien, aujourd'hui, les Républicains, ma famille politique, pourraient être au rendez-vous de l'histoire. Le général de Gaulle a créé la Ve République parce qu'il voulait mettre fin à ce qu'il appelait le régime des partis. Et il est assez paradoxal finalement que ce soit un des partis issus du gaullisme qui aujourd'hui puisse être un élément parfois d'instabilité, on l'a vu avec la réforme des retraites. Où finalement, ma famille politique a défendu cette réforme lors de campagnes électorales, lors des primaires, lors des élections présidentielles, des élections législatives. Et pour autant, au Sénat, qui a validé la majorité LR au Sénat, le Sénat a voté, comme vous le dites très bien, cette réforme des retraites. Et à l'Assemblée nationale, c'est donc le groupe LR qui est un groupe pivot, qui peut apporter une stabilité institutionnelle qui était source d'instabilité. Et moi j'estime que quand vous êtes héritier d'un parti issu du gaullisme, vous ne mettez pas le feu au pays. Or certains ont joué avec le feu lors de cette réforme des retraites, parfois par petit calcul politicien, parfois aussi par manque de conviction. Moi j'estime que quand vous faites de la politique, avant de penser à votre propre boutique, à votre élection, on doit d'abord penser à l'intérêt du pays, et aussi on doit penser à défendre ce qu'on a défendu depuis des décennies. Donc il y a un moment, il faut prendre ses responsabilités, c'est ce à quoi, avec un certain nombre de mes amis, j'appelle, on est peut-être aujourd'hui minoritaire. Mais qui sait, vous savez, des fois il faut commencer minoritaire pour finir majoritaire.

Quelles sont les grandes différences aujourd'hui sur la ligne politique entre les Républicains et Renaissance, la majorité présidentielle, puisqu'on dit que la majorité présidentielle se déporte de plus en plus sur la droite, que l'époque du en même temps a un peu vécu et qu'on est aujourd'hui beaucoup plus sur la jambe droite que la jambe gauche…

Il y a une chose qui est sûre, c'est que depuis le début de cette mandature, depuis 2022, si vous regardez beaucoup de textes, si ce n'est la quasi totalité des projets de loi qui sont votés au Parlement, et donc à l'Assemblée nationale, ils le sont avec l'appui des Républicains qui donc permettent de faire passer les textes. Depuis le début de ce quinquennat, nous avons pu faire passer les mesures sur le pouvoir d'achat en juillet dernier avec un certain nombre de mesures aussi dans la loi rectificative, le projet de loi de finances, pardon, rectificative qu'on avait voté, avec le pack pouvoir d'achat en juillet dernier, avec une baisse assez immédiate d'un certain nombre de produits ou d'items qui impactent le pouvoir d'achat des Français, je pense notamment à l'essence, mais pas que. Il y a eu le chèque énergie, le bouclier tarifaire, etc. Vous avez un certain nombre de lois structurantes, la loi de programmation du ministère de l'Intérieur avec des augmentations inédites de crédit pour les forces de l'ordre. Vous avez eu la loi de programmation militaire, 413 milliards d'euros pour remettre notre armée à flot. Et on le voit aujourd'hui, on a une guerre aux portes de l'Europe. C'est nécessaire de réarmer nos militaires et aussi de nous rééquiper. Vous avez la loi de programmation justice. Au bout du compte, on est tombé d'accord sur l'augmentation des places de prison, sur l'augmentation de 1500 magistrats, sur une augmentation sans précédent si des crédits alloués à la justice. Donc sur le volet régalien, pour l'instant, on a plutôt trouvé des accords. Alors bien sûr, il y a eu le psychodrame de la réforme des retraites. Mais dans le silence, on a même voté la loi la plus importante de ces 40 dernières années sur la programmation énergétique avec l'augmentation et la modernisation du parc nucléaire. Donc ça veut dire qu'aujourd'hui, on arrive à trouver des points d'accord importants avec la majorité. Après, il y aura d'autres débats, sur la loi émigration notamment. Il y aura peut-être, c'est certainement des débats sur la loi de programmation des finances publiques qui arrivent dans quelques jours à l'Assemblée nationale. Donc bien sûr qu'il y a des différences. Mais dans le même temps, le but aujourd'hui, c'est de trouver des points de convergence et qu'on arrête un petit peu à chaque fois de se cacher derrière les étiquettes politiques pour une bonne et simple raison, c'est que les Français que je rencontre dans ma circonscription, mais aussi ailleurs, nous disent une chose. Arrêtez de ne penser qu'à vous et à vos petites boutiques, à vos petites querelles. Pensez à nous et trouvez des solutions. Je pense qu'aujourd'hui, on est à l'aune d'une nouvelle donne politique. Et au-delà de ça, il faut penser un petit peu au pays et un petit peu moins au parti.

Cette nouvelle donne, elle se prépare, comme vous l'évoquiez, du fait qu'Emmanuel Macron ne puisse pas se représenter tout le monde à 2027 en tête. Cet été, dans un nouveau volume de ses mémoires, Nicolas Sarkozy a confié son admiration pour Gérald Darmanin. Il a aussi exhorté Laurent Wauquiez à prendre des risques. Est-ce que vous trouvez que Laurent Wauquiez ne prend pas assez de risques ?

Je ne vais pas parler des personnes encore une fois. Le vrai sujet, c'est que je pense qu'une campagne présidentielle, pour avoir participé à certaines campagnes, pour vous dire, je pense que c'est l'élection la plus dure qui soit. C'est un rendez-vous extrêmement important entre un candidat ou une candidate qui va à la rencontre des Français. Et c'est l'élection aussi, en guillemets, la plus violente. Et c'est celle où, en fait, vous êtes tellement passé au scanner qu'il faut un moment être à nu devant les Français pour qu'ils puissent se dire, cette personne-là a l'épaisseur, à la sincérité, à la solidité pour pouvoir diriger notre pays pour les cinq années qui viennent. Une chose qui est sûre, c'est que dans une compétition aussi difficile, il faut prendre des risques. Et un chef, un leader, c'est quelqu'un qui est capable de faire preuve d'audace, qui a une capacité d'entraînement hors du commun et qui, au-delà de ça, est en capacité aussi de prendre des risques. Vous savez, quand vous dirigez une collectivité importante, une mairie ou quand vous êtes parlementaire, vous prenez parfois des risques, même parfois parce que c'est nécessaire. Et puis vous avez toujours la question de dire, est-ce que je me sécurise sur un vote ou sur une position, ou est-ce qu'à un moment je fais preuve d'audace parce que c'est l'intérêt collectif qui prime ? C'est exactement la même chose pour une élection présidentielle, d'autant plus que c'est encore une fois le poste le plus difficile de la République et que vous dirigez la cinquième puissance mondiale. Je pense que celui ou celle qui sera le plus en capacité de rassembler dans les quatre ans qui viennent, ça sera en effet celui qui ira le plus à la rencontre des Français, en étant le plus sincère possible, et au-delà de ça aussi, en étant en capacité de faire preuve beaucoup d'imagination et de sortir des vieilles recettes pour proposer un chemin nouveau aux Français pour les années qui viennent.

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