Des soutiens associatifs et des occupants du squat se sont rassemblés devant l’Hôtel de Ville ce mercredi. (@NC)

Expulsion pressentie du squat Pyramide à Lyon : "Personne ne sait où aller"

Ce mercredi, des occupants du squat Pyramide à Lyon et des militants associatifs ont manifesté devant la mairie pour demander à la municipalité écologiste d'empêcher l'expulsion pressentie du bâtiment dans lequel résident plus de 250 personnes.

Depuis 00 h 01, ce jeudi, les plus de 250 habitants du squat Pyramide dans le quartier de Gerland à Lyon sont sous la menace d'une expulsion. Mi-juillet, une partie des occupants a été destinataire d'une lettre d'un huissier de la société propriétaire des lieux. Ce courrier rappelle une décision rendue par le tribunal judiciaire de Lyon rendant l'occupation illégale, et indique : "passée cette date (le 13 septembre à 00 h, Ndlr) , je me verrai contraint de procéder à votre expulsion et à celle de tous les occupants de votre chef."

"Nous sommes dans le même bateau, dans la même souffrance, on trouve de la solidarité"

"Personne ne sait où aller", déplore Mohamed Bangoura, l'un des référents du squat. Originaire de Guinée et âgé de 33 ans, il se mobilise ce mercredi devant l'Hôtel de Ville pour demander une intervention de la municipalité pour éviter l'évacuation des lieux. "Sur place, nous sommes dans le même bateau, dans la même souffrance, on trouve de la solidarité", ajoute Mohamed. Konaté est lui aussi originaire de Guinée, arrivé en France il y a bientôt 14 ans. A 37 ans, il fréquente le squat pyramide régulièrement. "Parfois, je pars faire travailler dans les vignes en tant qu'ouvrier viticole, donc je ne suis pas tout le temps à Pyramide, confie-t-il. Et d'ajouter : C'est bien le but, si on est là, c'est parce qu'on est francophone et parce qu'on veut travailler."

Dans cet immeuble de cinq étages résident des hommes seuls comme Konaté et Mohamed, parfois en CDI, des familles avec enfants, des femmes seules, "il y aussi des caucasiens, même des Français", précise Konaté. Aujourd'hui, ces occupants, sans solution d'hébergement, sont dans l'attente. "La préfecture se refuse à leur donner des indications", déplore Colette Blanchon, membre du collectif Intersquats.

"On créé du désordre volontairement"

Sollicitée, la préfecture du Rhône indique de son côté avoir démarré une évaluation sociale pour identifier les personnes les plus vulnérables. Aucun délai ni aucune date ne peut être donné puisque c'est au propriétaire de faire appel aux pouvoirs publics pour procéder à l'évacuation des lieux, nous indiquent encore les services de l'Etat. "Ces gens que l'on va remettre à la rue, que vont-ils faire ? Où vont-ils aller ? On créé du désordre volontairement", juge Colette Blanchon. Et d'ajouter : "On est dans une affaire de survie, on parle de la vie des gens. Donc on estime que la mairie doit se positionner, montrer ce qu'est la solidarité."

Reçus en délégation par Sandrine Runel, adjointe en charge des solidarités à la Ville de Lyon, et Mohamed Chihi, en charge de la sûreté, les occupants et leurs soutiens n'ont pas tout à fait été rassurés. "Il y a eu des propos rassurants nous disant qu'il n'y aurait pas imminence dans l'évacuation, mais nous n'avons aucune garantie", déplore Bernard Merlin, du collectif Intersquats. Les soutiens du squat demandaient notamment à Grégory Doucet de prendre un arrêté empêchant toute expulsion, "pour gagner du temps jusqu'à la trêve hivernale", mais ils n'ont pour l'instant obtenu qu'une fin de non-recevoir. La municipalité écologiste aurait par ailleurs tenté d'organiser une rencontre entre une délégation du squat et la préfecture, ce que les services de l'Etat auraient refusé.

"Pour l'instant, les choses sont du ressort du propriétaire", tient à préciser de son côté la préfecture du Rhône. Etant une SCI, ce dernier n'a pas de contact direct avec les occupants de l'immeuble. La mairie du 7e arrondissement de Lyon aurait toutefois eu des échanges avec cette SCI qui a par ailleurs déposé un projet pour le bâtiment à la fin du mois d'août. Les permis de construire sont toutefois bloqués par la municipalité sur le site.

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