Le mot du mois : [Physicalité]

Le mot est aussi lyrique qu’un âne bâté. Et aussi fictif que son emploi dans un dictionnaire. Pourtant, c’est le mot qu’il faut utiliser si on veut avoir l’air de s’y connaître en rugby.

Il a été révélé au grand public sur TF1, le 8 septembre dernier, à l’occasion de France - Nouvelle-Zélande, en ouverture de la coupe du monde de rugby 2023. Écorchant au passage les oreilles d’une bonne partie des 15 millions de téléspectateurs. Et nous rappelant au bon souvenir de la "bravitude" de Ségolène Royal – qui avait assumé (avec bravoure), carillonnant qu’"il y (avait) très peu de personnes qui (pouvaient) construire des mots qui durent". Espérons (pour elle, surtout) que sa nouvelle carrière comme prof d’instruction civique dans la classe de Cyril Hanouna sera moins brève.

Physicalité, donc. La première page qui sort sur Google nous ramène à l’anthropologue Philippe Descola qui explique que la physicalité concerne "la forme extérieure, la substance, les processus physiologiques, perceptifs et sensori-moteurs, voire le tempérament ou la façon d’agir dans le monde en tant qu’ils manifesteraient l’influence exercée sur les conduites ou les habitus, par des humeurs corporelles, des régimes alimentaires, des traits anatomiques ou un mode de reproduction particuliers". On vous laisse pourpenser.

Dans "Physicalités en transition : le cas des barrages hydroélectriques dans les vallées alpines françaises", deux membres de l’ENS Lyon traduisent la physicalité comme ce que peut faire un corps, sa capacité à agir.

La "physicalité" version ovalie, c’est la force, la puissance des joueurs de rugby particulièrement costauds, lourds et massifs, autorisés à plaquer et cogner leurs adversaires pour prendre possession du ballon. Mais c’est comme l’endémique hoquet linguistique "du coup", supplice pour toute ouïe qui se respecte, ça cherche noise.