Rassemblement en hommage à Dominique Bernard et Samuel Paty à Lyon. (@NC)

Attentat à Arras : à Lyon, les professeurs entre "sidération et tristesse"

Quelques centaines de professeurs et anonymes se sont rassemblés ce lundi soir place des Terreaux à Lyon pour rendre hommage à Dominique Bernard, professeur assassiné dans son collège à Arras.

Il y a de la gravité dans le regard de Sylvie lorsqu'elle rejoint ce lundi soir la place des Terreaux à Lyon. "La journée a été rude", souffle cette professeure de français à ses collègues. A l'appel des organisations syndicales, des professeurs et des citoyens se rassemblent pour rendre hommage à leur collègue, Dominique Bernard, tué par un terroriste islamiste vendredi 13 octobre à Arras, dans l'enceinte de son collège. Trois jours plus tard, l'émotion est toujours vive dans le corps enseignant, colorée, aussi, d'une forme de lassitude chez certains d'entre eux confrontés désormais à une terrible litanie. "Nous n'oublions pas non plus Samuel Paty", assure ainsi cette professeure au micro. Le professeur était décapité par un terroriste islamiste, il y a trois ans jour pour jour.

"Les élèves ont de suite compris pourquoi nous faisions une minute de silence"

"Ta silhouette, je la vois dans la salle des profs, je vois ta chemise, toujours, le gobelet que tu tiens, ton sourire malicieux parce que tu as un truc marrant à dire. Il était difficile de ne pas s’approcher, de ne pas t’écouter. De ne pas se laisser ravir par un conseil de lecture, une anecdote. Un rien. Un tout", écrit Aurélie, une ancienne collègue de Dominique Bernard, dans un texte lu par les représentants syndicaux. Sans pancarte ni slogan dans un souci "de respect et de dignité", les enseignants ont vécu ce lundi leur première journée de cours depuis l'assassinat de Dominique Bernard. Professeur de français et d'histoire-géographie au lycée professionnel Rabelais à Dardilly, Nicolas Chaphard a retrouvé ses collègues en salle des profs, "entre sidération et tristesse". "J'étais partagé entre une sorte d'appréhension et l'envie de se recueillir et d'échanger avec mes élèves", confie-t-il encore.

Dans cette salle des profs ce lundi matin entre collègues, on s'est questionné : "Qu'est-ce qu'on dit, qu'est-ce qu'on ne dit pas ? On devance les élèves ou on les laisse poser les questions", raconte Quentin Beaud, professeur d'histoire-géographie au collège. Mais que dire, face à cette génération d'élèves tristement habituée aux minutes de silence ? Après les attentats de 2015 et l'assassinat de Samuel Paty, ils savent déjà. "Ils ont de suite compris pourquoi nous faisions une minute de silence, les questions étaient d'ordre factuel, dans le respect", raconte encore Nicolas Chaphard. Après des échanges relativement brefs, "la reprise des cours s'est faite assez naturellement", raconte cette enseignante. Avec le retour à la vie, viendra sans doute rapidement l'heure des réponses. Sécuritaires pour certains, humaines pour tous, les professeurs veulent en tout cas "lutter contre toutes les formes d'obscurantismes". "Mais on a besoin de moyens", soupire Quentin Beaud.

Lire aussi : Attaque à Arras : le Conseil des mosquées du Rhône appelle à la solidarité

Un hommage de Grégory Doucet à l'Hôtel de Ville
Plus tôt dans la journée, une centaine de personnes était rassemblée dans la cour de l'Hôtel de Ville de Lyon pour respecter une minute de silence. "Disciple de René Char, Dominique Bernard avait certainement en tête que l’essentiel est sans cesse menacé par l’insignifiant. La République par ses opposants. Soyons à leur hauteur à notre tour", résumait Grégory Doucet dans son discours.

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