Georges Képénékian, chirurgien et ancien maire de Lyon @Antoine Merlet

Képénékian : "l'ordre mondial est un désordre mondial"

Georges Képénékian, ancien maire de Lyon, évoque sur le plateau de 6 minutes chrono le sort du Haut-Karabagh.

A la demande de Georges Képénékian, ancien maire et élu d'opposition, la Ville de Lyon affiche sur sa façade sa solidarité avec le Haut-Karabagh, territoire arménien envahi par l'Azerbaïdjan : "La ville de Lyon est fidèle à sa tradition (...)On a trouvé d'un commun accord que ce n'est pas mal que la ville montre son engagement et prenne la défense, le parrainage d'un certain nombre de ces huit prisonniers aujourd'hui à Bakou en prison : tous les anciens présidents le président du parlement, l'ancien premier ministre".

L'ancien maire de Lyon évoque la situation au Haut-Karabagh, éclipsée par d'autres conflits dans l'actualité. "On a pu parler d'épuration ethnique, c'est, je pense, surtout un vidage ethnique. On a vidé le Karabagh en quelques jours de 100.000 personnes. C'est pour ça que je suis très attentif aux mots, il ne faut pas les galvauder parce qu'ils perdent autrement de leur valeur. Oui c'est un nettoyage au sens de "je nettoie un territoire de toutes les populations qui étaient le Karabagh". 120.000 personnes à peu près étaient à 99% arméniens aujourd'hui donc c'est plus de 100.000 sont partis. Il doit rester une quarantaine d'arméniens dans le karabagh vieux handicapés ou paysans ancrés dans leurs terres qui n'ont pas voulu partir parce qu'on leur a dit "vous pouvez rester vous prenez juste le passeport azerbaïdjanais autrement out", se désole-t-il.

La retranscription intégrale de l'entretien avec Georges Képénékian

 Aujourd'hui nous accueillons Georges Képénékian. Vous êtes un ancien maire de Lyon aujourd'hui encore élu municipal plutôt dans l'opposition à Grégory Doucet mais il y a au moins peut-être un sujet qui vous rassemble c'est la question du Haut-Karabagh la ville de Lyon a fait hisser un drapeau sur le fronton de l'hôtel de ville pour pour apporter son soutien au Haut-Karabagh, territoire arménien envahi par l'Azerbaïdjan. C'est un conflit aujourd'hui qui est relégué au second plan derrière la question israélo-palestinienne. Il se passe quoi en ce moment sur le terrain puisqu'on en parle beaucoup moins ?


Il y a plusieurs dans la question, trois éléments. D'abord dire que la ville de Lyon est fidèle à sa tradition. Elle avait reçu le président, l'avant dernier président de la république du Haut-Karabagh, une république autoproclamée certes mais fonctionnant comme une république, on l'avait reçu le 8 décembre, j'étais à ses côtés. On a trouvé d'un commun accord que ce n'est pas mal que la ville montre son engagement et prenne la défense, le parrainage d'un certain nombre de ces huit prisonniers aujourd'hui à Bakou en prison : tous les anciens présidents le président du parlement, l'ancien premier ministre. Bref la répression sournoise et sourde, vous me demandiez ce qu'il en est aujourd'hui, continue et il y a des blacklists pour prendre et emmener en prison pour terrorisme tout un ensemble de responsables. 


On parle parfois d'épuration ethnique au Karabagh ?

On a on pu on parler d'épuration ethnique, c'est, je pense,  surtout à un vidage ethnique. On a vidé le Karabagh en quelques jours de 100.000 personnes. C'est pour ça que je suis très attentif aux mots, il ne faut pas les galvauder parce qu'ils perdent autrement de leur valeur. Oui c'est un nettoyage au sens de je nettoie un territoire de toutes les populations qui étaient le Karabagh. 120.000 personnes à peu près étaient à 99% arméniens aujourd'hui donc c'est plus de 100.000 sont partis. Il doit rester une quarantaine d'arméniens dans le karabagh vieux handicapés ou paysans ancrés dans leurs terres qui n'ont pas voulu partir parce qu'on leur a dit "vous pouvez rester vous prenez juste le passeport aserbaïdjanais autrement out". En 1921, c'est ce qu'a fait Mustafa Kémal en disant aux arméniens vous n'êtes plus citoyen de la nouvelle république qui se préparait. Mon grand-père a sur son passeport retour interdit rayé en rouge donc on sait ce que c'est qu'un nettoyage où on vide un bassin de population de toute sa population. Aujourd'hui la situation elle n'est pas j'allais dire guerrière, elle a passé cette phase. Le gouvernement en 24 heures le 19 septembre dans une attaque brutale surprise a dû démissionner, se rendre aux azéries.


Dans l'actualité internationale on ne parle plus du Karabagh ça veut dire que la situation maintenant elle est entre guillemets normalisée...


Alors elle s'est fait elle est normalisée. Il n'y a pas de mobilisation non. Vous savez bien que c'est fini le drame de notre société c'est qu'une tragédie non moins importante non moins dramatique chasse la précédente. On ne parle plus d'Ukraine  non plus donc vous voyez il y a une espèce de glissement. Chaque tragédie a son horreur le terrorisme du Hamas c'est il faut dire clairement les choses les images les propos ressortent ce terrorisme. Il ne peut pas résoudre une question politique ni pour les arméniens qui ont eu leur phase de terrorisme ni pour qui que ce soit. Les réponses sont politiques. Le problème c'est que le politique a disparu disparu il n'y a plus d'Onu au sens de l'après 45. Aujourd'hui l'ordre mondial est un désordre mondial avec un chaos et ce qu'on a du mal à faire dans nos sociétés c'est de comprendre ce qui lie la Palestine Israël ce qui lie l’Arménie le Karabagh et l’Azerbaïdjan et au fond l’Ukraine. C'est quelques dictateurs ou autocrates on va les nommer comme tel la Russie Erdogan les Etats-Unis qui peuvent avoir des jeux complexes, l'Europe qui a disparu du paysage, je ne vais pas tous les citer, qui sont là et qui au fond détestent les deux petits pays qui sont entourés d'autocraties et de dictatures, qui sont des démocraties parce que pour tous ces chefs d'état la démocratie est le mal. L'occident est le mal avec tout ce qu'il porte. Alors on a des responsabilités il faut écouter Bertrand Badie, ce grand spécialiste des relations internationales, qui a écrit un livre remarquable sur le temps des humiliés. On n'a pas été à la hauteur de nos missions. Toujours est-il qu'aujourd'hui et bien Moscou qui devait protéger les Arméniens c'était dans les accords à laisser faire peut-être même à favoriser cette expulsion de l'Azerbaïdjan des arméniens. L'autre dimanche Aliyev, le président d'Azerbaïdjan est venu lui-même physiquement devant le palais du gouvernement de Stepanakert où je suis allé des dizaines de fois piétiner le drapeau d'Arménie et a fait lever le drapeau azerbaïdjanais sur ce bâtiment. Depuis 2000 ans les persans ne l'ont pas fait les russes de l'empire russe ne l'ont pas fait et les ottomans ne l'ont pas fait. Il était tradition de garder le Haut-Karabagh parce qu'il était un territoire particulier de le laisser au prince pour qu'il le gère et bien vous voyez ,on est là dans une situation où le droit à l'autodétermination des peuples vient buter sur l'intangibilité des frontières et on oublie que la Turquie occupe le nord de Chypre dans une violation totale des droits internationaux depuis 74 et monsieur Poutine vient de décider d'installer un consulat dans le nord de Chypre une manière d'enterriner officiellement cette nouvelle situation. Il faut rajouter le pétrole et le gaz quand madame van der Leyen va à Bakou et dit à monsieur Aliyev, petit dictateur de père en fils ils sont au pouvoir depuis  les années 60, elle lui dit vous êtes un chef d'état fiable et on lui commande du gaz mais la production de gaz d'Azerbaïdjan qui arrive en Europe aujourd'hui est pour plus de 25% d'origine russe parce que l'Azerbaïdjan n'a pas assez donc pétrole, on marche sur les hommes.

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