Xavier Odo
Xavier Odo

Mobilités : "On ne va pas mettre que des ponts levis"

Xavier Odo, maire Les Républicains de Grigny et conseiller régional d'Auvergne-Rhône-Alpes, est l'invité de 6 minutes chrono.

Les maires Les Républicains remettent le métro sur le tapis, une dizaine de jours après l'inauguration du prolongement de la ligne B vers les hôpitaux sud. Ils demandent à la Métropole de Lyon de relancer un plan métro, pourtant arrêté après une concertation. "Un plan métro qui se termine par zéro métro, je pense qu'on a peut-être plus d'ambition à donner à la ville de Lyon et plus largement à l'aire métropolitaine", ironise Xavier Odo.

Le maire de Grigny revient aussi sur une possible évolution du marché du "petit sorcier" organisé dans sa ville et qui pourrait prendre de l'ampleur : "une convention de marque Harry Potter peut être intéressante pour la ville, peut être intéressante pour le territoire. Cela n'existe pas en France, d'où l'idée de se projeter dans une négociation avec la Warner. C'est ce qu'on a essayé d'entamer avec eux et on est sur de bons rails"

La retranscription intégrale de l'entretien avec Xavier Odo

 Aujourd'hui on accueille Xavier Odo. Vous êtes maire Les Républicains de Grigny, vous êtes aussi conseiller régional, plutôt spécialisé dans les transports, c'est ce dont on va parler aujourd'hui. Avec de nombreux maires de droite ou centristes de la métropole et même finalement de la grande aire urbaine de Lyon, vous réclamez de nouvelles lignes de métro. Pourquoi rouvrir aujourd'hui ce débat alors qu'il avait été fermé par la majorité, par la métropole de Lyon il y a quelques mois après une concertation publique qui est arrivée à la conclusion qu'aucune ligne n'était pertinente au regard du coût de ce qu'est une ligne de métro. Pourquoi relancer ce débat maintenant ?

Parce qu'un plan métro qui se termine par zéro métro, je pense qu'on a peut-être plus d'ambition à donner à la ville de Lyon et plus largement à l'aire métropolitaine. En fait, nous étions un certain nombre de maires à être présents à l'inauguration du métro B et on attendait peut-être des annonces. Par exemple, on va se projeter sur un agrandissement du métro. Que nenni, rien, donc l'idée était de prendre le temps de réunir des gens pour se dire est-ce qu'on peut réfléchir à l'avenir du métro sur le territoire lyonnais.

Alors, vous, si vous deviez continuer le métro, j'imagine que, et c'était finalement ce qui s'est passé dans la concertation, chaque élu, chaque territoire a plaidé pour sa paroisse. Résultat, vous êtes neutralisés. Si on ne devait retenir qu'une ligne de métro pour vous serait laquelle, prolonger la baie jusqu'à Grigny, ville dont vous êtes le maire, j'imagine ?

Non, les maires sont responsables et je pense que chaque maire est capable d'entendre qu'on ne fait pas un métro pour chez lui. L'idée, c'est vraiment de se poser, de se dire c'est quoi l'avenir des transports décarbonés sur la métropole de Lyon. Des transports efficaces qui vont permettre de déplacer beaucoup de personnes en même temps. Seul le métro répond à cette attente. D'où l'idée de se poser, d'avoir un projet et une vision globale et ce projet donnera un calendrier et donnera ensuite des financements.

Mais si vous n'avez même pas d'idée, de préférence, c'est compliqué de se projeter. Mais ça serait trop simple de se dire chacun veut vers chez lui. Non, mais vous, par exemple, dans votre bassin de vie, le métro qui s'arrête aux hôpitaux sud, est-ce que c'est suffisant ?

On avait déjà fait des propositions pour le prolonger, en aérien jusqu'au 7 chemin à Brignais-Vourles. Cependant, ce n'est pas la question de Grigny, ce n'est pas la question du sud, c'est la question du territoire. L'Est a des besoins aussi, le stade n'est pas desservi, on a aussi du côté de Saint-Priest. Oui, mais le tram, ce n'est pas la même efficacité. Un tram, c'est 60 000 personnes par jour, quand un métro, c'est jusqu'à 500 000. On n'est pas dans la même logique. Le but, c'est pas de construire pour les 5 ans qui viennent, pour les 10 ans qui viennent, parce qu'il faudra déjà 10 ans pour le construire. L'idée, c'est de se projeter dans 20 ans, dans 30 ans, qu'est-ce qui sera nécessaire sur le territoire. C'est ça notre question qui est posée, c'est là que l'on veut répondre ensemble, et avec une opportunité qui est de se dire, on a du temps devant nous.

Il y a la question de la pertinence budgétaire du métro qui se pose, puisque un métro transporte plus qu'une ligne de tram, mais coûte 10 fois plus cher, on va dire. Si ça 10 fois au minimum, 10 fois plus cher. On en reprendra. Il y a toujours ce qui est pointé par les spécialistes, les économistes des transports, de dire, finalement, le dernier voyageur d'une ligne de métro qu'on va aller récupérer, on paye excessivement cher en travaux, puis en fonctionnement, pour des lignes finalement qui, à leurs extrémités, seront assez peu fréquentées. Est-ce que finalement, aujourd'hui, il y a des territoires où la pertinence du métro arrive finalement à dépasser l'argument budgétaire ? Est-ce que le besoin est suffisamment fort en population ?

Je rappelle à chaque fois, nous avons 2 millions d'habitants environ sur l'aire métropolitaine. C'était le cas de Paris en 1900. Entre 1900 et 1920, à Paris, on a fait 8 lignes de métro. Et pourtant, il n'y avait pas plus d'argent, il y avait une guerre en milieu, c'était compliqué. Comment on prépare l'aménagement du territoire ? C'est ça la question du métro, c'est l'aménagement du territoire. Comment demain, les gens qui sont en dehors, c'est pour ça qu'on a voulu associer aussi les territoires partenaires, les gens qui sont en dehors, la CAPI par exemple, Bourgoin-Jallieu, c'est quand même 100 000 habitants. Comment ces gens-là qui viennent travailler pour une partie sur Lyon, pour une partie de Lyonnais qui vont travailler là-bas, comment on leur offre une solution décarbonée ? Comment on leur offre une solution hors voiture ? Parce qu'en fait, aujourd'hui, il y a des difficultés.

Il pourrait y avoir le RER à la Lyonnaise qui peut-être plus pertinent que le métro, qui coûtera moins cher...

Non, parce qu'en fait le RER c'est toutes les 15 minutes et c'est pertinent. Il faudra une ligne qui va certainement sur Grenoble. Mais l'idée c'est vraiment comment on va chercher à l'entrée du territoire les gens alors qu'on a mis une ZFE. On est en train de mettre une zone à la trafic limitée au centre de Lyon. Comment on répond à cela ? On ne va pas mettre que des ponts levis. Il faut qu'on mette aussi des tunnels qui vont permettre aux gens de se déplacer. D'où l'idée de se poser et se dire quelles sont les priorités. Sur le long terme et dans sa priorité, comment on les finance ? Vous avez raison, c'est plus cher un métro. Un tram c'est à peu près 35 millions d'euros du kilomètre. Si vous prenez les T6, T9 et T10 qui sont préparés, en ce moment c'est 35 millions d'euros du kilomètre. Le métro B qui vient de se terminer, c'est 160 millions. C'est 5 fois plus cher, très bien. Mais ça transporte 10 fois plus de personnes. D'où l'idée de préparer la suite. Et en se disant, on se projette sur 20 ans, sur 30 ans s'il le faut. Comment on finance pour aller chercher des gens un peu plus loin ? Parce que la ZFE, on va pas se mentir. Elle va sûrement s'agrandir. Et comment les gens de ces territoires partenaires, on va pouvoir les faire rentrer dignement dans la métropole ? C'est la question que l'on pose. On n'est pas dans le temps court, on est dans le temps long.

Avant de se quitter, une petite question sur une des actualités en ce moment dans votre ville à Grigny. Vous organisez chaque année le marché du petit sorcier, qui a pris un essor considérable, avec parfois plus de 10 000 visiteurs. La Warner a repéré que des fois il y avait des utilisations de Harry Potter, les droits leur appartiennent, et ils vous ont demandé de régler une somme de 10 000 euros. Est-ce que c'est le début peut-être d'un partenariat ? Est-ce qu'à terme, ce marché du petit sorcier pourrait devenir un marché officiel Harry Potter ?

Alors la Warner nous a découvert ou on les a découvert, je ne sais pas dans quel sens cela se fait. L'idée pour nous, c'est de se projeter sur la suite. On fait le marché du petit sorcier, mais la marque Harry Potter et une convention de marque Harry Potter peut être intéressante pour la ville, peut être intéressante pour le territoire. Cela n'existe pas en France, d'où l'idée de se projeter dans une négociation avec la Warner. C'est ce qu'on a essayé d'entamer avec eux, et on est sur de bons rails.

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