Fusillades et développement du crack au Tonkin : "C'est très inquiétant pour le quartier"

Une semaine après les trois fusillades qui ont eu lieu en cinq jours dans le quartier du Tonkin à Villeurbanne, les habitants se disent inquiets notamment de l'arrivée du crack dans le quartier.

C'est un quartier au cœur de l'actualité depuis la semaine dernière mais des problématiques qui existent depuis de nombreuses années. En l'espace de cinq jours, trois fusillades ont eu lieu au Tonkin, à Villeurbanne. En plein jour et à proximité d'une école, des coups de feu ont été tirés en direction d'un point de deal bien connu de tous les habitants du quartier. Ces derniers, réunis au sein du collectif "Tonkin Paixsible" ont vécu ces journées avec la peur au ventre.

Le collectif, qui réunit parfois une centaine de personnes lors d'événements organisés dans le quartier, a vu le jour il y a plus de trois ans. "Le déclenchement de notre mobilisation, ça a été une fusillade qui a eu lieu juste en bas de nos fenêtres, parc de l'Europe, entre deux bandes de dealers" explique Arthur*, membre fondateur du collectif, souhaitant rester anonyme. "A ce moment-là on s'est dit que ça ne pouvait plus continuer ainsi. On s'est surtout dit que s'il y avait beaucoup de dealers dans le quartier, au final leur nombre était infime par rapport à tous les habitants du Tonkin. Si individuellement les gens ont souvent peur d'affronter les dealers, le fait de s'unir en collectif, ça nous a permis d'aller à la confrontation" poursuit-il.

"Aujourd'hui, on est incapable de fermer le moindre point de deal de manière pérenne"
Arthur, un habitant du Tonkin

Depuis, ce collectif se regroupe régulièrement pour évoquer les difficultés vécues par les habitants du quartier. Parfois même, il se substitue à la force publique en délogeant les dealers, comme la semaine dernière, entre deux fusillades dans le quartier. "Malgré les efforts de la police et du maire actuel, les choses n'évoluent pas positivement. Aujourd'hui, on est incapable de fermer le moindre point de deal de manière pérenne", déplore Arthur qui réclame une présence policière plus importante et la fermeture en urgence du point de deal du 9 rue Henri Rolland, situé juste en face d'une école. "C'est insupportable que les enfants voient ça tous les jours".

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Depuis jeudi soir, jour de la troisième fusillade de la semaine, une demi-compagnie de CRS quadrille le quartier. "C'est plus calme" avoue Arthur depuis la fenêtre de son appartement. "La seule chose qui fonctionne vraiment contre les trafics c'est la présence policière en continu. Mais on voit bien aujourd'hui que la présence de ces CRS dans le quartier n'empêche pas la poursuite des deals".

Après Mazagran, le crack débarque au Tonkin

"L'efficacité des CRS est bonne dans un rayon de 50 mètres. Au-delà, les points de deals sont toujours actifs, sous les yeux des policiers" détaille Arthur, qui avoue avoir observé des ventes de stupéfiants sur le point de deal théâtre des fusillades de la semaine dernière. En plus de ces fusillades qui ont braqué les projecteurs sur le quartier du Tonkin, un autre évènement inquiète de plus en plus les habitants : le développement du crack, drogue dérivée de la cocaïne. "Ça fait deux mois environ qu'on observe de plus en plus de vente de cette drogue. On voit aussi des consommateurs qui le prennent sur place, juste après l'avoir acheté" assure Arthur. "C'est très inquiétant pour le quartier, on ne veut pas que le Tonkin devienne la colline du crack comme on peut le voir à Paris."

Si des consommateurs de cocaïne base ou crack avaient été observés il y a quelques mois déjà du côté de la place Mazagran, à Lyon, aucune revente structurée et pérenne ne semblait exister jusqu'à présent dans la Métropole. Une nouvelle drogue, répandue depuis plusieurs années en région parisienne qui pourrait charrier derrière elle de nombreux problèmes de sécurité et de santé publique.

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Dans une lettre ouverte envoyée à l'attention de Gérald Darmanin, et lue publiquement ce lundi 13 octobre dans le quartier, le collectif "Tonkin Paixsible" a d'ailleurs voulu alerter le ministre de l'Intérieur sur ce point.

Des renforts dans le quartier "jusqu'au retour au calme"

Tout comme le maire de Villeurbanne, Cédric Van Styvendael, les habitants réclament la qualification du Tonkin en quartier de reconquête républicaine (QRR). Une mesure qui permettrait l'arrivée de renfort policier, entre 25 et 30, dans le quartier. De plus, chaque QRR engendre la création d'une cellule dédiée à la lutte contre les trafics.

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Pour l'heure, les renforts policiers débloqués en urgence la semaine dernière par la préfète Fabienne Buccio, sont encore sur place. "C'est sûr que c'est mieux depuis jeudi, mais ce n'est pas révolutionnaire" conclut Arthur qui sera reçu mardi soir en préfecture avec le collectif "Tonkin Paixsible". "La question qu'on se pose tous c'est 'et après ?', quand les CRS vont quitter le quartier." Si la préfète déléguée à la sécurité, Juliette Bossart-Trignat a expliqué hier que les renforts de police resteraient "jusqu'au retour au calme", les habitants de ce quartier espèrent que des solutions pérennes seront trouvées prochainement pour le quartier.  

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