Illustration Beaujolais Nouveaux. (Photo de OLIVIER CHASSIGNOLE / AFP)

"55% de la production" de Beaujolais nouveau est consommée par les Français 

À compter de ce jeudi 16 novembre, 12 à 13 millions de bouteilles de Beaujolais nouveau vont être écoulées à travers le monde. Après la crise de l’export en 2022, le primeur regagne du terrain à l’étranger, mais cela reste un produit bien Français, 55% de la production étant réservée à la France.

Fruités et doux en bouche, les Beaujolais nouveaux arrivent dans les caves et sur les tables à compter de ce jeudi 16 novembre, quelques semaines seulement après que les grappes aient quitté les pieds. Malgré un été très sec sur la fin, l'eau n'a pas tant manqué cette année dans le Beaujolais, ce qui a permis aux viticulteurs de récolter des raisins bien mûrs. "Ça donne des vins assez fruités avec de la chair, de la gourmandise, des vins relativement charnus", décrit Philippe Bardet, le nouveau président de l’Inter Beaujolais élu cet été. 

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Plus un produit de "consommation de masse"

Véritable tradition dans le Rhône, le primeur issu du nord du département n’en a pas moins eu ses détracteurs au fil des ans, certains lui reprochant son manque de corps ou son goût de banane, mais les choses ont bien changé. Négociant en vins, Philippe Bardet, qui a remplacé le viticulteur Daniel Bulliat à la tête de l’interprofession, insiste sur le fait qu’il ne s’agit plus d’un produit de "consommation de masse". 12 à 13 millions de bouteilles de Beaujolais nouveau devraient certes être mises sur le marché cette année, après une récolte un peu plus abondante que l’année dernière", mais une "montée en gamme" du produit se dessine. 

"On est persuadé qu’au moment du Beaujolais nouveau on sort un vrai vin qui mérite plus que juste un clin d’oeil"

Philippe Bardet, président de l’intérêt Beaujolais 

De 3 à 5 euros il y a encore 4 à 5 ans, le prix moyen de la bouteille se situerait aujourd’hui entre 5 et 12 euros. Une hausse des prix qui résulte d’une volonté des producteurs de mieux valoriser leurs produits, pour faire évoluer la filière et in fine proposer des vins de meilleure qualité. "Le consommateur en boit peut-être une bouteille en moins, mais il boit une bouteille de qualité. C’est cette montée en gamme qui nous intéresse, car elle valorise notre filière et la consommation de nos produits, qui n’est plus une consommation de masse", explique Philippe Bardet. 

Installé à la porte nord du Beaujolais, le négociant assure que cette évolution était indispensable pour ce "vin fini, qui est aussi compliqué, voire plus compliqué, à produire qu’un autre vin". Et d’ajouter, "ce n’est pas si facile que ça de faire un vin nouveau prêt à être bu le 15 novembre, donc oui je partage bien cette idée que celui qui réussit son primeur en général c’est un bon vigneron, il saura faire d’autres choses". Autrement dit, un vin "qui mérite plus que juste un clin d'œil". 

20% de la production des vins du Beaujolais

Au fil des ans, les autres appellations du Beaujolais, qui ont parfois pâti de son image dégradée, s’en sont émancipées pour se faire une place sur les tables et valoriser le "savoir-faire" des viticulteurs de la région. Malgré cela, "le Beaujolais primeur reste un événement sensationnel pour découvrir le nouveau millésime", alors que les 1 800 exploitants du Beaujolais ont la possibilité de vendre 42% du potentiel d'exploitation de leur domaine sous cette appellation primeur. 

Le Beaujolais nouveau représente 20% de la production totale des Beaujolais. Chaque producteur peut vendre jusqu'à 42% du potentiel d'exploitation de son domaine sous cette appellation. (@Etienne Ramousse / Inter Beaujolais)

Alors qu’une bouteille sur cinq de Beaujolais devrait encore être vendue sous cette appellation cette année, soit environ 100 000 hectolitres sur les 600 000 attendus en 2023, le Beaujolais nouveau représente "20% de notre production", précise Philippe Bardet. Un chiffre en baisse depuis quelques années, mais qui a désormais tendance à se stabiliser. 

"Cela reste un produit très français le Beaujolais nouveau. En France, il n’y a pas d’endroit où l’on n'en vend pas"

Philippe Bardet, président de l’intérêt Beaujolais

La production devrait en grande partie être écoulée par les Français, qui restent aujourd’hui les principaux consommateurs de ce vin jeune. Selon le président de l’Inter Beaujolais, "55% de la production est réservée pour la France" et "45% part à l’export". "Cela reste un produit très français le Beaujolais nouveau. En France, il n’y a pas d’endroit où l’on n'en vend pas. Toute la grande distribution en aura, les cavistes aussi, les restaurants, les bars", assure avec une certaine fierté Philippe Bardet, qui vit la sortie de son premier primeur en tant que président de l'interprofession.

Recul de la grande distribution et reprise de l'export

Cette année, l’Inter Beaujolais s’attend toutefois à un léger recul des commandes de la grande distribution, qui serait lié au "phénomène de la baisse des consommations dans les grandes surfaces" estime Philippe Bardet. L’impact devrait toutefois être faible sur les recettes liées à la vente de ce millésime 2023, étant donné que "le Beaujolais nouveau n’est plus dépendant de la grande distribution", même s’il permet encore d’écouler 25% de la production.

"On pense que cette année on aura un petit retrait sur les ventes en grande distribution"

Philippe Bardet, président de l’intérêt Beaujolais

La bonne nouvelle est plutôt à trouver du côté de l’étranger, du fait d’une baisse des coûts de transports par rapport à il y a un an. Alors que l’an dernier il fallait compter 5 ou 6 euros, contre 3 auparavant pour exporter une bouteille au Japon, "les compteurs ont été remis à zéro", confie Philippe Bardet. Les chiffres douaniers pour cette année ne sont pas encore disponibles et ne seront livrés que dans un mois ou deux, mais "on a une belle demande à l’export cette année". 

Lire aussi : Le Beaujolais nouveau 2022 impacté par la sécheresse et la crise énergétique

Les commandes en provenance du Japon, qui avaient ainsi tendance à baisser ces dernières années, devraient être plus importantes, une véritable aubaine pour la profession, alors "qu’une bouteille sur deux" vendue à l’export part au Japon. Selon lui, "le deuxième marché, les États-Unis, va bien fonctionner aussi", tout comme ceux du Royaume-Uni, du Canada, de la Belgique ou encore des Pays-bas, qui sont aujourd’hui les principaux importateurs de Beaujolais Nouveau.

Au Japon, certains fêtent l'arrivée du Beaujolais nouveau en se baignant dedans. Une véritable tradition pour certains Japonais. (Photo de TOSHIFUMI KITAMURA / AFP)

Ce vin, qui "marque la célébration du nouveau millésime" a donc encore de belles années à venir devant, même si la profession mise aujourd’hui avec plus de force sur ses vins de garde, "qui durent et se vendent toute l’année". Et Philippe Bardet d’insister, "le Beaujolais nouveau ce n’est pas notre seul savoir faire".

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