4 000 femmes âgées de 18 à 44 ans résidant dans le Rhône sont excisées, après avoir vécu violences sexuelles et mariage forcé. Le sujet s’importe suite aux migrations en particulier de l’Afrique vers l’Europe.
“Mon corps n’est pas tranquille.” De tous les mots prononcés cet après-midi, ceux de Naya* se font plus rares. Originaire de Guinée, la jeune femme est venue de Pont-de-Chéruy, en Isère, pour participer au groupe de parole des Orchidées rouges. Ce nouvel institut médico-psychosocial reçoit, à Lyon, les femmes ayant subi des mutilations sexuelles et résidant en Auvergne-Rhône-Alpes. Dans le Rhône, on recense environ 4 000 femmes excisées âgées de 18 à 44 ans.
L'ONG Les Orchidées rouges accompagne les femmes mineures et majeures, réfugiées ou résidant en France depuis des années et qui, comme Naya, ont survécu aux mutilations sexuelles et au mariage forcé subis dans leur pays d’origine. À ses côtés, Alima et Sandrine*, originaires de Guinée et du Mali, se sont déplacées d’Oullins et du quartier de Mermoz-Pinel, dans le 8e arrondissement de Lyon. Toutes trois prennent successivement la parole, assises en cercle autour d’une table basse, sur laquelle sont disposés des biscuits et du thé.
Albertine Pabingui, médiatrice en santé et animatrice de ce temps d’échange quinzomadaire, les écoute activement. Son pull rose contraste avec la grisaille extérieure. “Quand je dis le mot ‘violence’, vous pensez à quoi ?” Alima démarre le tour de table. Mariée de force et excisée à deux reprises en Guinée, elle a rejoint la France pour fuir les séquestrations et les viols perpétrés par son mari. “La deuxième fois que j’ai été excisée, ma tante m’a couchée sur un lit. Elle pensait que je n’avais pas vraiment été ‘coupée’.” En face d’elle, Sandrine hoche la tête. Excisée au Mali, violée par un passeur en Libye, elle a également rejoint l’Europe en traversant la Méditerranée.
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