Sans abris hébergement d'urgence
Un campement de fortune sur la place de la République à Lyon en juin 2021.

Le maire de Lyon demande à rencontrer Macron pour résoudre le manque d'hébergement d'urgence

Dans un courrier daté du 12 décembre, six maires français de gauche, dont Grégory Doucet, demandent à rencontrer Emmanuel Macron pour dénoncer "la crise humanitaire" en cours, liée au manque d’hébergements d’urgence. 

Un peu plus de deux mois après avoir intenté des recours contre l’État pour lui demander de leur rembourser les sommes déboursées par leurs collectivités afin de venir en aide à des sans-abris, les requêtes des villes de Paris, Lyon, Bordeaux, Strasbourg, Rennes et Grenoble sont restées lettre morte. Contactée, la préfecture du Rhône n'a pour l'heure pas donné suite à notre sollicitation.

"Nous ne pouvons pas pallier le sous-dimensionnement des dispositifs étatiques"

Le maires Paris, Lyon, Bordeaux, Strasbourg, Rennes et Grenoble

Dans un courrier daté de ce mardi 12 décembre, Grégory Doucet et ces cinq autres maires demandent donc un rendez-vous au président de la République pour aborder la question de l’hébergement d’urgence. "Maires de grandes villes, nous ne pouvons pas pallier le sous-dimensionnement des dispositifs étatiques ni répondre aux demandes d'un nombre croissant de personnes très vulnérables et d'enfants contraints de dormir à la rue", écrivent les six édiles, alertant sur la santé d’un système d'hébergement d'urgence "à bout de souffle" en France.

205 enfants à la rue à Lyon

Dans ce courrier partagé par la maire de Strasbourg Jeanne Barseghian, les élus de gauche (EELV et PS) estiment qu’"alors que l’hiver s’est installé […] le gouvernement n'a toujours pas pris de mesures urgentes à la hauteur des besoins pour mettre les personnes à l'abri ni saisi notre main tendue pour construire un dialogue avec les collectivités et les acteurs de terrain"

"Nous, élus de la République, demandons à rencontrer le chef de l’Etat pour trouver des solutions à la hauteur de la crise en cours"

Grégory Doucet, maire EELV de Lyon

Dans une réaction transmise à notre rédaction, Grégory Doucet ajoute qu'"avec 3000 enfants à la rue, la France est en état d’urgence sociale" et demande donc à l'État de travailler avec les collectivités locales "pour trouver des solutions à la hauteur de la crise en cours". Afin d'aboutir à une sortie de crise, les six édiles disent vouloir "poursuivre le dialogue" engagé l'année dernière avec le ministre de la Ville et du Logement Olivier Klein, "qui avait su, à l'hiver 2022, entrouvrir la porte des solutions avec la circulaire "aucun enfant à la rue"".

À date, la Ville estime toutefois à 205 le nombre d'enfants à la rue à Lyon et à 11 le nombre d'écoles occupées pour hébergées des familles sans-abris.

Lire aussi : Sans-abrisme : contraints de "trier jusqu'à l'abject", les acteurs de la solidarité poussent un cri d'alerte

À Lyon, l'occupation d'une église illustre la crise

À Lyon, vendredi soir, faute de solution d’hébergement, plusieurs dizaines de jeunes exilés qui étaient installés depuis des mois dans le square Pierre-Marie Perrin, dans le 3e arrondissement, ont décidé d’occuper Église du Saint-Sacrement. "Considérant la situation de ces jeunes dormant dehors", le Diocèse de Lyon a choisi de ne pas demander l’intervention des forces de l’ordre, appelant néanmoins les responsables politiques à "trouver une solution pérenne". Une réunion entre la préfecture, la Métropole et la Ville de Lyon est prévue en ce sens ce mardi.

Lire aussi : Eglise du Saint-Sacrement occupée à Lyon : une réunion pour "une solution pérenne"

La situation est pour le moins complexe, alors que ces jeunes, qui se revendiquent comme mineurs, n’ont, pour la plupart, pas été reconnus comme tels, notamment par les services de la Métropole chargés de l'évaluation de leur minorité. Appuyés par des collectifs, ils se retrouvent désormais en attente d'un jugement devant la justice pour contester la décision administrative sur leur minorité. 

À ce titre, lundi plusieurs groupes politiques de gauche ont demandé à la Métropole d’organiser leur mise à l'abri, en attente des décisions de justice, sur le principe de la présomption de minorité. De son côté, le vice-président de la Métropole de Lyon chargé de l'habitat et du logement social, Renaud Payre, reconnaissait lundi après de l'AFP que "ces jeunes ont besoin d'être pris en charge", mais renvoyait la balle à la préfecture du Rhône estimant qu’ils ont été évalués "majeurs" et "qu'ils dépendent donc du droit commun de l'Etat". Une énième situation de crise qui illustre la crise de l'hébergement d'urgence en cours.

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