Laurent Wauquiez à la région Auvergne-Rhône-Alpes
Laurent Wauquiez à la région Auvergne-Rhône-Alpes ©PHOTOPQR/LE PROGRES/Maxime JEGAT

Le plan train en demi-teinte de la Région Auvergne-Rhône-Alpes

Ce jeudi, le président LR de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez a détaillé ses investissements dans le ferroviaire et la nouvelle convention TER signée avec la SNCF.

En octobre, le président LR de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez annonçait "un effort d'investissement dans le ferroviaire" de 5,7 milliards d'euros pour "créer un choc d'offre" à horizon 2035. Un bel effet d'annonce dont l'énarque du Puy-en-Velay a le secret, mais qui a finalement déçu l'opposition, les syndicats et les associations d'usagers. De fait, 2,2 milliards d'euros sont dédiés au paiement des péages ferroviaires (environ 180 millions d'euros par an), comme l'avait pressenti la Fédération nationale des associations d'usagers des transports en Auvergne-Rhône-Alpes qui dénonçait "une manipulation des chiffres".

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41 véritables nouvelles rames, 19 déjà annoncées, 70 en renouvellement

Par ailleurs, l'exécutif qui a annoncé l'acquisition de 130 nouvelles rames, a oublié de préciser que 19 d'entres elles ont été commandées en 2019 et déjà annoncées. 70 autres remplaceront les trains Corail qui doivent eux être mis au rebut. Reste ainsi 41 véritables nouvelles rames, dont 36 devraient êtres livrées au cours des quatre prochaines années. Au total, l'effort financier reste malgré tout "considérable", rappelle Laurent Wauquiez puisque la Région va dépenser 259 millions d'euros par an jusqu'à 2035 soit un peu plus de trois milliards d'euros, contre 132 millions annuels sur la période 2016-2023. Aussi, le président assure que sa "Région [est celle] qui pousse l'Etat à plus d'investissement sur le train". Dans le cadre du Contrat plan Etat-Région, le ministre des Transports Clément Beaune aurait proposé d'engager la somme de 620 millions d'euros. "Je lui ai proposé de mettre 100 millions de plus chacun", s'enorgueilli Laurent Wauquiez.

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"Il y aura bien 60 000 places nettes en plus"

Frédéric Aguilera, vice-président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes en charge des transports

L'objectif de la collectivité est d'atteindre une fréquentation annuelle des TER de 300 000 usagers, contre environ 220 000 actuellement. Dans un communiqué de presse, la CGT Cheminots estime que la capacité d'emport dans les trains ne suivra pas, passant, selon le syndicat, "de 161 000 places par jour à 185 000... soit l'unique ambition de cet objectif est de mettre 150 000 usagers par jour dans des bus contre 60 000 aujourd'hui". "Il y aura bien 60 000 places nettes en plus, ce sera bien des gens dans les trains et pas dans les bus", répond auprès de Lyon Capitale, Frédéric Aguilera, vice-président en charge des transports.

Néanmoins, l'exécutif souhaite investir dans les cars, et entend doubler l'offre à horizon 2035, notamment dans les territoires ruraux avec le développement de véhicules d'environ neuf places. Un "non-sens historique" selon la CGT Cheminots qui estime que Laurent Wauquiez "affiche au grand jour sa préférence et axe sa politique des déplacements sur le développement du mode routier". "Je ne sais pas de quoi ils parlent, ils auront du travail, nous sommes prêts à les aider pour améliorer le service rendu aux usagers", rétorque Laurent Wauquiez. Du côté du groupe écologiste, la prudence est de mise. "Dans des territoires ruraux, ces petits bus peuvent être une solution", explique-t-on dans l'entourage du groupe politique.

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Train annulé, pénalité... un système durcit

L'exécutif a également présenté ce jeudi la nouvelle convention TER 2024-2033 - encore - plus exigeante à l'endroit de la SNCF. La précédente avait ainsi introduit un système de pénalités lorsque des trains arrivaient en retard ou étaient annulés le jour-même. "Le résultat, on l'a vu", s'est félicité Laurent Wauquiez expliquant qu'en cinq ans, "la régularité de ligne est passée d'un taux de retard de 13 % à 7,8 %". Le nombre de trains supprimés en dernière minute aurait quant à lui diminué de 32 % sur la même période. Ce système est ainsi reconduit et durcit puisque des pénalités s'appliqueront dorénavant en cas de grève nationale, d'annulation d'un train la veille pour le lendemain mais également si un incident lié à SNCF Réseau se produit sur une ligne.

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Reste maintenant pour l'exécutif à obtenir le nombre de trains annuels commandés sur les rails. En effet, selon les services de la Région, environ 10 % des trains commandés chaque année ne sont pas obtenus dans les faits. Concrètement, la collectivité paye pour des trains dont les usagers ne verront jamais la couleur. Les pénalités visent ainsi à réduire ce delta, qui "permettrait d'obtenir à horizon 2035 une hausse de 40 % de trains puisque cela s'ajouterait aux 30 % supplémentaires prévus avec notre investissement", détaille Frédéric Aguilera. Avec une augmentation tendancielle du nombre d'usagers annuels de 3,6 % sur le réseau TER, l'objectif de 300 000 voyageurs d'ici 2035 correspond "seulement" à une hausse annuelle de 2 %. "S'ils atteignent leur objectif, il y aura eu une inflexion", lâche-t-on dans l'entourage des écologistes. "Je veux bien annoncer 350 000 voyageurs, sauf que nous avons calibré par rapport à ce qu'on pense être possible, répond Frédéric Aguilera, et de s'interroger : Est-ce que la SNCF sera en capacité industrielle de répondre à ce choc d'offre ?"

Capable ou non, la SNCF aura du travail puisque la Région Auvergne-Rhône-Alpes va ouvrir son réseau à la concurrence dès 2029 sur un modèle d'allotissement en cinq zones géographiques d'exploitation. Pour cela, l'exécutif va activer la procédure de "transfert de bien" pour récupérer les rames de la SNCF "afin de garantir une égalité de traitement entre les différents candidats, opérateur historique et nouveaux entrants".

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