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Manifestation des Gilets jaunes à Lyon en mai 2019 @Antoine Merlet
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"Le maintien de l’ordre est un mal nécessaire en démocratie"

Éric Davoine, figure lyonnaise des CRS, est le commandant de la CRS 83, une unité “nouvelle génération” pour lutter contre les violences urbaines, parfois critiquée.

En 2021, le directeur général de la police nationale avait appelé de ses vœux la création d’une unité “nouvelle génération” pour lutter contre les violences urbaines qui se multipliaient, notamment dans les villes moyennes jusque-là épargnées par le phénomène. Quelques mois plus tard, le ministre de l’Intérieur annonçait le déploiement de la compagnie républicaine de sécurité 8, alias CRS 8. Le 24 janvier 2023, la loi d’orientation et de programmation du ministère de l’Intérieur (Lopmi), tout juste promulguée, actait la création de quatre nouvelles compagnies, sur le modèle de la CRS 8, dont une à Chassieu, installée fin novembre. Cette “nouvelle lame au couteau suisse des unités de force mobile”, selon la définition qu’en donne Gérald Darmanin, peut faire face à des affrontements urbains dans un temps très court, avec des moyens spécifiques. Elle a été critiquée par certains pour ses interventions parfois violentes, sur plusieurs théâtres eux-mêmes rugueux. Tête-à-tête avec Éric Davoine, figure lyonnaise des CRS et commandant de la CRS 83.

Lyon Capitale : Parcours d’obstacles et de cohésion, tests d’endurance, épreuve de tir, mise en situation opérationnelle, entretien oral devant un jury… Les candidats à la CRS 83 sont triés sur le volet et le recrutement est particulièrement sévère. Au point d’être en sous-effectif ?

La sélection est particulièrement exigeante. 30 % des candidats ont effectivement échoué, ce qui est pas mal pour des gens qui sont déjà très bien préparés, les trois quarts venant de CRS classiques et le dernier quart d’autres services, comme la préfecture de police. On a privilégié la qualité à la quantité, on a recherché des gens avec une très bonne condition physique et un bon équilibre psychologique, ce qui est un impératif pour intervenir dans des contextes tendus. Je souhaite qu’on soit en capacité d’aller au contact, ce qui veut dire qu’il faut des gens expérimentés, qui savent faire preuve de sang-froid, de discernement et de lucidité, même si c’est le chef d’unité qui décide quoi faire. On ne veut pas de “chiens fous”, ce qui explique la moyenne d’âge de trente-six ans. Le maintien de l’ordre, c’est impressionnant, ça chauffe. Les recrues les plus jeunes ont des CV déjà bien remplis, avec des maintiens de l’ordre assez difficiles, notamment les Gilets jaunes. J’étais sous l’Arc de triomphe le 1er décembre 2018, je peux vous dire que c’était vraiment dur. On était dans l’extrême violence. Ce jour-là, nous n’étions pas dans un contexte de maintien de l’ordre mais sur une journée d’émeutes généralisées à caractère insurrectionnel. Le comportement des unités CRS a été exemplaire et a permis d’endiguer le flot de violences qui se déroulait devant nous. La CRS 83, déclinaison de la CRS 8, a vocation à apporter une réponse rapide et de proximité en cas de nécessité ou de crise majeure, qu’il s’agisse d’émeutes, de maintien de l’ordre qui dégénère, voire d’attentat.

 Éric Davoine, commandant de la CRS 83
@Antoine Merlet

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