Samuel et Benjamin Kohen sont deux jeunes entrepreneurs qui lancent une série télé pour " promouvoir les valeurs artisanales françaises".
Samuel et Benjamin Kohen sont deux plombiers chauffagistes de Décines qui accueillent, chaque année, dans leur entreprise une cinquantaine d'apprentis, majoritairement issus des quartiers prioritaires ou des migrants "qui ont envie de réussir".
En 2024, sera diffusée la série télé qu'ils ont co-réalisée avec leur association d'intérêt général à caractère social "Semeur de Talents" et le producteur Black Road Productions. Dans un contexte tendu de recrutement, la série "L'Art de réapprendre" se donne pour ambition de "promouvoir les valeurs artisanales françaises ".
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Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouveau rendez-vous de 6 Minutes Chrono. Nous avons une chance inouïe, nous recevons les frères Kohen qui sont réalisateurs. Alors évidemment les frères Cohen c'est plutôt avec un "cas"K" ici. Samuel à ma gauche et Benjamin à ma droite bonjour.
Bonjour.
Merci d'avoir accepté notre invitation. Vous avez monté une entreprise de plomberie chauffage et climatisation, à Décines, et vous venez de produire, c'est pour cette raison qu'on vous invite, une série télé grâce à votre association qui est reconnue d'utilité publique "Semeur de Talents". Votre série s'appelle "L'Art de Réapprendre". Benjamin, quel était c'était quoi l'objectif de cette série ?
Benjamin Kohen : L'objectif, c'était d'abord de changer les mentalités de la filière. Quand on parle de filière, c'est le bâtiment. Et montrer à tous les patrons comme nous que prendre des apprentis et miser sur des profils un petit peu atypiques peut être intéressant aussi au sein de l'entreprise.
Oui parce qu'au sein de Sabeko, votre entreprise, vous accueillez une cinquantaine d'apprentis avec des profils atypiques, notamment des jeunes issus des quartiers prioritaires et des mineurs non accompagnés c'est ça
Samuel Kohen : Exactement. Aujourd'hui c'est une véritable révolution qui se passe dans le secteur du bâtiment, où on a énormément de main d'oeuvre, de jeunes qui arrivent des pays d'Afrique subsaharienne et qu'il faut savoir intégrer et voir comme une opportunité. Et c'est vraiment cette méthode-là qu'on essaye de montrer dans la série. Je précise juste qu'on n'est pas producteur ni réalisateur. On a eu l'idée et on soutient le projet mais on est accompagné par un producteur qui est Black Road Productions.
Et pourquoi la filière du bâtiment ? Effectivement la filière du bâtiment ça fait des années qu'on en parle. Il y a un problème de recrutement. Donc vous avez choisi cette filière parce que c'est un des secteurs les plus demandeurs ?
Benjamin Kohen : L'idée c'est d'arriver à trouver dans un secteur pénurique des profils pour venir. Et il y en a déjà très peu. Donc effectivement les jeunes de quartiers prioritaires, les jeunes mineurs isolés, les jeunes migrants, concrètement c'est des gens qui ont envie de travailler, c'est des gens qui veulent. Et l'idée c'est d'arriver à leur montrer qu'on est capable de les accompagner et de faire en sorte que ça fonctionne.
Vous avez donc effectivement ces profils. Vous les avez dans votre entreprise ? Ça fonctionne ?
Tout à fait. Aujourd'hui, c'est à peu près les deux tiers des candidatures en apprentissage chez nous. Ces profils jeunes migrants, ça fonctionne dans l'ensemble très bien. Après, c'est des populations qui ont des codes, qui sont différents, qu'on n'approche pas de la même manière que d'autres, qui peuvent avoir des problématiques de logement, des problématiques de langue, des problématiques administratives et de bureaucratie. Et donc ça demande de s'y adapter. C'est vraiment ce qu'on essaie de montrer dans la série c'est comment on travaille avec ces profils-là.
Et c'est que finalement c'est peut-être montrer aux chefs d'entreprise de dire "on a une bonne main d'œuvre, ils veulent travailler et rien n'est impossible".
C'est des gens qui se lèvent le matin, qui sont à l'heure, qui sont assidus, avec qui il n'y a quasiment aucun problème de discipline, qui ont envie de réussir. Il faut juste leur mettre le pied à l'étrier.
Alors l'un de vous je ne sais pas si c'est vous Benjamin ou vous Samuel, disait en parlant de cette série, "L'Art de réapprendre"que c'était un peu Top Chef à la sauce BTP.
Samuel Kohen : Le but, en fait, c'est d'avoir le même impact. Donc, c'est une série qui va passer à la télévision sur une chaîne de la TNT, en 2024. Il y aura sept épisodes, a priori, parce que c'est en discussion avec les chaînes. Et l'objectif, effectivement, c'est de revaloriser les métiers manuels et du bâtiment. Et c'est là qu'on fait cette comparaison avec Top Chef , où il y a eu un avant et un après Top Chef, dans les métiers de la restauration où, au début, ils n'étaient pas forcément très attractifs ces métiers et ils le sont devenus après. Et nous, on veut montrer que les techniciens du bâtiment, les ouvriers du bâtiment, c'est des gens qui ont un savoir-faire, qui sont artisans de la transition énergétique qui nous accompagnent pour faire des choix au niveau de nos énergies et que c'est un métier qui s'est énormément professionnalisé ces dernières années et qui est très attractif pour les jeunes.
On peut imaginer d'autres épisodes de "L'Art de réapprendre" sur d'autres filières que le bâtiment ?
Benjamin Kohen : Complètement. Bien sûr. L'idée, c'est de montrer que ça peut fonctionner et, au fur et à mesure, si la sauce prend, continuer ça d'années en années.
Et là vous avez des financements vous avez des aides des collectivités publiques ?
Samuel Kohen : Alors on a des aides de collectivités publiques, on a des aides d'entreprises privées aussi qui ont envie de s'associer à ce projet, et on a surtout après le financement de la chaîne qui est en train de se mettre en place et de tous les acteurs du cinéma en fait.
C'est vrai que vous Benjamin vous êtes plombier-chauffagistes, vous Samuel vous avez fait une école de commerce, vous travailliez dans la banque, vous avez fait une reconversion et vous avez monté, tous les deux, cette entreprise qui est une des principales entreprises de chauffage climatisation en Auvergne-Rhône-Alpe. Il y avait derrière tout ça très rapidement il y a une quête de sens ?
Samuel Kohen : Complètement. Moi j'ai commencé effectivement ma carrière en banque, où j'étais derrière mon ordinateur à faire des choses intéressantes mais dont je ne voyais pas forcément toujours la finalité, et quand je me suis reconverti pour rejoindre mon frère Benjamin, je faisais des choses très simples, déboucher des WC c'est pas dégradant, ça demande de l'humilité mais au moins on voit à quoi on sert on a une action concrète une utilité, et on est dans le service. Alors c'est pas tous les jours simple mais au quotidien on voit vraiment l'utilité de ce qu'on fait.
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