"On comprend que la hausse des taux est là pour limiter l’inflation mais, pour l’instant, ça ne marche pas." Philippe Layec ©Photo Aline Perier-2
« On comprend que la hausse des taux est là pour limiter l’inflation mais, pour l’instant, ça ne marche pas. » Philippe Layec ©Photo Aline Perier-2

Logement neuf en 2024 : "Il y a une petite lumière au bout du tunnel" (vidéo)

Philippe Layec est président de la FPI, la fédération des promoteurs immobiliers de la région lyonnaise. Il fait le point sur la conjoncture du secteur du logement neuf.

Philippe Layec explique les causes des difficultés de son secteur et les perspectives en 2024 : "on commence à voir une petite lumière au bout du tunnel, encore lointaine. 2023 a été une année extrêmement difficile. 2024 le sera aussi, ne nous leurrons pas. Après un enchaînement Covid, guerre en Ukraine, guerre maintenant au Proche-Orient. Celà étant, notre lueur d'espoir, c'est une stabilisation et puis une petite amorce de baisse des taux d'intérêt, qui est fondamentale pour la relance de notre activité. C'est le principal point noir, disons."

Lire aussi : "On s'oriente peut-être vers une baisse des taux en 2024" (vidéo)

Il explique aussi ce que son secteur attend de l'Etat : "Ce qui est  fondamental selon nous, c'est qu'aujourd'hui, la politique de l'État, nous semble-t-il, c'est de mettre en avant au maximum les investisseurs institutionnels. Il en faut, mais ça ne suffit pas. Les investisseurs particuliers, depuis des années, ont permis de mettre sur le marché des logements locatifs, à loyer plafonnés, pour des locataires qui sont sous plafond de ressources. Ça n'existera plus aujourd'hui, à partir du 1er janvier 2025. Il faut absolument, c'est ce que la FPI demande de façon forte, qu'il y ait un nouveau statut du bailleur privé, ou la possibilité pour les investisseurs particuliers de pouvoir bénéficier aussi des conditions des prêts LLI, de façon à ce qu'à partir de 2025, on ait un relais du PINEL qui n'existera plus."

Plus de détails dans la vidéo.


Bonjour à tous, bienvenue dans l'émission 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale. Aujourd'hui, on va parler d'immobilier, de logements neufs, de promotion, avec Philippe Layec, qui est président de la FPI, la fédération des promoteurs immobiliers de la région lyonnaise. Bonjour Philippe Layec. Merci d'être venu sur notre plateau. On va rentrer dans le vif du sujet. Voilà, en cette rentrée 2024, est-ce que votre secteur, la promotion immobilière, voit le bout du tunnel ? On se rappelle qu'en 2023, votre secteur a été durement frappé par la hausse des taux de crédit, avec un effondrement finalement de la construction et quasiment une division par deux des nouvelles constructions. Est-ce que 2024 sera aussi difficile ? 

Alors, on commence à voir une petite lumière au bout du tunnel, encore lointaine. 2023 a été une année extrêmement difficile. 2024 le sera aussi, ne nous leurrons pas. Après un enchaînement Covid, guerre en Ukraine, guerre maintenant au Proche-Orient. Celà étant, notre lueur d'espoir, c'est une stabilisation et puis une petite amorce de baisse des taux d'intérêt, qui est fondamentale pour la relance de notre activité. C'est le principal point noir, disons. 

Voilà, les gens ne peuvent plus emprunter facilement, c'est ça qui pénalise juste pour montrer le processus. 

C'est  l'une des difficultés de notre profession, il y en a d'autres, mais aujourd'hui c'est vraiment le carburant qui manque, c'est le financement de nos clients, qui par ailleurs, en tant que particuliers, ne sont pas ou très peu aidés. 

Alors, on peut parler justement de ces aides, de ces dispositifs publics pour aider l'accès au logement. Il y a toujours le dispositif Pinel de défiscalisation qui tient en 2024, le prêt à taux zéro, l'action logement. Il faut aller plus loin ? 

Oui, alors le Pinel se termine au 31 décembre 2024, mais il existe encore, donc j'incite les investisseurs qui le souhaitent à en profiter pendant qu'il y a encore du temps. Le PTZ a été renforcé dans les zones tendues, c'est une bonne chose. Par contre, il a été supprimé pour le logement neuf dans les zones détendues. C'est une extrême mauvaise décision, donc espérons que ce point soit revu. 

Les zones détendues, en deux mots, ce sont les villes de taille moyenne ? 

Les  villes moyennes ou les métropoles moyennes, les secteurs qui ne sont pas classés en A ou en B1. Le prêt à action logement, c'est ce que finance la participation des entreprises, le fameux 1%, qui est 0,45%, qui existe et qui permet à un acquéreur, sous plafond de ressources, d'emprunter 30 000 euros. Donc, il faut l'utiliser, c'est un prêt à 1%, donc il faut l'utiliser. 

Il faudrait aller plus loin sur ces dispositifs ? 

Ce qui est  fondamental selon nous, c'est qu'aujourd'hui, la politique de l'État, nous semble-t-il, c'est de mettre en avant au maximum les investisseurs institutionnels. Il en faut, mais ça ne suffit pas. Les investisseurs particuliers, depuis des années, ont permis de mettre sur le marché des logements locatifs, à loyer plafonnés, pour des locataires qui sont sous plafond de ressources. Ça n'existera plus aujourd'hui, à partir du 1er janvier 2025. Il faut absolument, c'est ce que la FPI demande de façon forte, qu'il y ait un nouveau statut du bailleur privé, ou la possibilité pour les investisseurs particuliers de pouvoir bénéficier aussi des conditions des prêts LLI, de façon à ce qu'à partir de 2025, on ait un relais du PINEL qui n'existera plus.  

Je comprends. J'aimerais qu'on parle un petit peu aussi de la métropole de Lyon. Plus particulièrement, dernièrement, Fabienne Buccio, la préfète du Rhône, a réquisitionné la compétence des permis de construire de certains maires qui ne construisaient pas assez de logements sociaux, notamment dans le Rhône et dans la métropole de Lyon. Vous, le manque ou la faiblesse des permis de construire, c'est quelque chose que vous pointez depuis des années. Est-ce que cette reprise en main par l'État, à travers la préfète, va pouvoir relancer la construction aussi sur notre territoire ? 

C'est une mesure que nous saluons. C'est une mesure extrêmement courageuse. Comme quand même, si nous sommes critiques sur le manque d'action de l'État ces dernières années, la représentante de l'État a eu le courage de reprendre la main sur les permis dans sept communes de la métropole et du Nouveau-Rhône. C'est une décision qui a fait l'objet d'un vote au CRHH, qui est importante parce que cela va nous permettre enfin, dans ces communes réticentes à construire, de pouvoir obtenir des permis de construire et de sortir des opérations. Je rappelle qu'encore aujourd'hui, il y a près de vingt communes dans la métropole qui n'ont aucune offre de logements neufs. Et puis, cela fera valeur d'exemple également pour les maires qui seraient un peu réticents. Et j'en profite pour rappeler une proposition que nous faisions au niveau de la FPI, c'est qu'il faut aussi aider les maires. Aider les maires, c'est leur apporter des financements pour leurs équipements. Une façon de le faire assez simple serait de dire qu'au-delà d'un certain seuil de logements construits par an, on considère que la TVA est partagée entre l'État et les communes. J'espère que cela aussi fera partie des actions du futur gouvernement. Il faut garder espoir. 

Voilà, de partager la valeur et donc d'inciter les maires finalement. Pour terminer sur la Métropole de Lyon, il y a aussi un plan d'urgence qui a été mis en place par la métropole de Lyon pour aider le logement neuf et le logement de manière générale, forcément indirectement. L'idée, c'était de faire des bailleurs sociaux, le bras armé de la Métropole, pour acheter des lots sur des programmes qui étaient à l'arrêt, qui étaient en difficulté. Le salut vient-il des bailleurs sociaux pour le secteur de la promotion ? C'est cela aujourd'hui ? 

Je crois qu'on connaît une crise, je pense la plus grave depuis la crise des années 90. Dans ces situations, toutes les mesures censées sont bonnes à prendre. Et donc là aussi, la FPI AURA salue cette décision. C'est 10 millions d'euros. Ça peut paraître beaucoup, ça peut paraître peu. Mais en tout cas, ces 10 millions d'euros vont permettre à des bailleurs sociaux d'acheter du logement PLS ou des logements BRS dans des opérations lancées par les promoteurs. Et ça participera de la pré-commercialisation et ça aidera ces opérations à sortir. Et j'ose espérer que lorsque les 10 millions d'euros seront consommés, la Métropole votera une seconde tranche de 10 millions d'euros. Enfin, je l'espère. 

Très bien. Juste simplement, BRS et PLS, non, pardon, sont les tranches du logement social plutôt supérieures.

 
Oui, alors le PLS, pour simplifier, je crois que c'est 30% de revenus en plus pour les locataires. Et le BRS, donc là, c'est un mode d'accession à la propriété, en démembrant le foncier et le bâtiment. Mais c'est aussi comptabilisé dans le logement social. 

Très bien. Merci beaucoup Philippe Layec. C'est déjà la fin des 6 minutes chrono. Merci d'être venu sur notre plateau. 
Quant  à vous, je vous remercie d'avoir suivi. Cette émission, plus d'infos sur Lyon Capitale.fr. À très bientôt.  

réseaux sociaux
X Facebook youtube Linkedin Instagram Tiktok
d'heure en heure
d'heure en heure
Faire défiler vers le haut