Le Léman © Nadège Druzkowski

Escapades à Thonon-les-Bains : un écrin entre lac et montagne

Au bord du Léman, entre Genève et Évian, Thonon-les-Bains, destination balnéaire prisée l’été, dévoile aussi ses charmes en hiver. Capitale historique du Chablais, ancienne province savoyarde, elle est située tout près de conviviales stations de ski familiales. La ville offre une base idéale entre montagne, balades en bord de lac et découverte d’un riche patrimoine historique. Sans oublier de s’accorder une pause, au chaud, à l’espace bien-être des thermes afin de s’envelopper des bienfaits des eaux de Thonon.

Maison Art déco de la Grande-Rue, bâtie en 1928 © Nadège Druzkowski

Située au bord des flots bleus du Léman, la ville de Thonon-les-Bains offre une vue imprenable sur les monts du Jura et Lausanne, sur la rive suisse en face. Le centre historique de la “ville haute” est relié à la “ville basse” et au port de Rives.

Aisément accessible à pied, un charmant funiculaire opérant depuis 1888 permet également d’éviter la cinquantaine de mètres de dénivelé. Sur les rives du lac, la déconnexion est totale, bercée par le cliquetis des mâts des quelque huit cents bateaux amarrés et les cris des mouettes, goélands ou cormorans.

Le Léman est le plus grand lac d’Europe occidentale, partagé entre la France (40 %) et la Suisse (60 %). “Il est né il y a environ 15 000 ans par le retrait du glacier du Rhône. Principalement alimenté par le Rhône ainsi que quelques autres affluents comme la Dranse, il est profond de 310 mètres. Pour l’image, on pourrait y plonger la tour Eiffel, haute de 300 mètres, son sommet serait totalement immergé !”, explique Richard Brand, guide du patrimoine.

Propice à d’apaisantes balades, le quai de Rives abrite les anciennes douanes, au charme Belle Époque.

Une architecture qui ponctue de nombreux bâtiments de la Grande-Rue, aux jolies façades colorées mais aussi du boulevard de la Corniche, où de grandes villas bourgeoises tout comme l’ancien hôtel des Thermes (reconverti en appartements) rappellent l’essor thermal de Thonon, à partir de la fin des années 1880.


La fontaine du Champignon de la Versoie © Thonon Tourisme

L’eau minérale naturelle de Thonon

Déjà appréciée par les Romains, l’eau minérale naturelle de Thonon était autrefois baptisée eau de la Versoie, du nom de sa source. Aujourd’hui encore, il est possible de remplir ses bouteilles à la fontaine du Champignon de la Versoie.

Déclarée d’intérêt public en 1864, l’eau de Thonon chemine pendant trois à quatre ans du mont d’Hermone aux rives du Léman traversant de multiples couches géologiques. Depuis 1963, elle bénéficie du label d’eau minérale naturelle.

© C. Pedrotti et F. Louis / ADN com

Naissance du parc thermal

Suite à la déclaration d’utilité publique de l’eau de Thonon, les premiers thermes de la ville voient le jour entre 1886 et 1888. “La fin du XIXe siècle est marquée par la mode des voyages thermaux. L’impératrice Eugénie contribue dès les années 1860 à l’essor du thermalisme en France”, explique Richard Brand.

On vient alors “prendre les eaux” mais aussi se divertir et se montrer. C’est à cette époque que se construisent les somptueuses demeures du boulevard de la Corniche (baptisé, avant 1906, boulevard des Bains) ou encore le casino, prochainement réhabilité en lieu culturel.

Le bâtiment des thermes est reconstruit au milieu du XXe siècle. Les robes à crinoline ont aujourd’hui cédé le pas aux curistes venus soigner des maladies rhumatologiques et des affections des appareils urinaires et digestifs.

© C. Pedrotti et F. Louis / ADN com

Spa thermal : cocooning et bien-être

Gérés par le groupe ValVital, les thermes sont également équipés d’un espace bien-être ouvert au grand public : le spa thermal. Autour d’un grand bassin d’eau thermale à 32 degrés, c’est le refuge idéal pour profiter le temps d’un après-midi des bienfaits de l’eau de Thonon. Doté de grandes baies vitrées avec vue sur le parc, le spa thermal combine plusieurs parcours de massage en immersion, mais aussi cols de cygnes, grotte musicale, sauna, puits d’eau froide et hammam qui délieront les muscles les plus noués ou fatigués après une journée au grand air. De nombreux soins (massages corps, visage…) sont également proposés.

Plus d’infos : https://www.valvital.fr/Spa-Sejours/Thonon-les-Bains-Station-thermale-de-Thonon-les-Bains

Tarifs : 22 € (trois heures) – 12 € (une heure avant la fermeture)


© Gustave Desarnaulds

Basilique Saint-François-de-Sales

L’histoire de Thonon est étroitement liée à saint François de Sales, fondateur, avec Jeanne de Chantal, de l’ordre de la Visitation, au début du XVIIe siècle.

Sa statue orne partout les églises et les sommets du Chablais. Suite à l’invasion bernoise de 1536, le Chablais devient protestant jusqu’à la reconquête de ses terres par le duc de Savoie en 1593. François de Sales s’installe alors à Thonon et œuvre à la reconversion des Chablaisiens entre 1594 et 1598.

© Nadège Druzkowski

La basilique Saint-François-de-Sales, construite au XIXe siècle, porte son nom. Elle a la particularité de partager son clocher avec l’église Saint-Hippolyte, accolée et qui est, quant à elle, dotée d’une façade baroque.

© Nadège Druzkowski

Testament artistique de Maurice Denis

De part et d’autre du chœur, la basilique est pourvue d’un somptueux décor, œuvre du peintre postimpressioniste Maurice Denis, théoricien du groupe des Nabis et fondateur des Ateliers d’art sacré.

En 1943, à 73 ans, il réalise deux grands tableaux de plus de cinq mètres de haut présentant L’Agonie au jardin des oliviers et L’Apparition du Christ à Marie Madeleine complétés par quatorze peintures du chemin de croix.

Leur force en fait le testament artistique du peintre qui décède accidentellement, renversé par un camion, cette même année. Privilégiant les formes simples et les aplats de couleurs irréelles, on y retrouve l’empreinte de son maître, Gauguin.


© Sémaphore Photographie

Le pôle culturel de la Visitation

Mêlant patrimoines ancien et contemporain, l’ancien couvent de la Visitation a été muni d’une superbe verrière au-dessus de son cloître et rassemble plusieurs activités culturelles : médiathèque, école de musique et de danse, Académie chablaisienne et un espace d’art contemporain situé dans l’ancienne chapelle. Le lieu organise quatre expositions par an et accueille jusqu’au 9 mars prochain les travaux du plasticien Alexandre Leger.

Plus d’infos : www.ville-thonon.fr/452-pole-culturel-de-la-visitation.htm


Bellevaux-Hirmentaz dans la vallée du Brevon © Bellevaux-Hirmentaz

Skier aux portes du Léman

À une trentaine de minutes de Thonon, de nombreuses petites stations proposent un ski familial avec des forfaits à prix doux. Reliées entre elles, les stations Les Habères (Vallée verte) ou Bellevaux-Hirmentaz (vallée du Brevon) totalisent 50 kilomètres de pistes tous niveaux.

Thollon-les-Mémises © Vanessa Andrieux

Côté pays de Gavot, on trouve les stations de Bernex et Thollon-les-Mémises (à la vue exceptionnelle sur le Léman) et un peu plus haut Abondance, station village à l’entrée du domaine des Portes du Soleil.

Plusieurs stations proposent également des parcours de fond : Moises, Joux Plane, Les Mouilles, Bellevaux… Balades en raquettes ou à pied, comme au mont Forchat, offrent également de saisissants panoramas entre sommets enneigés et vue sur le lac.


Le Chablais : un Géoparc reconnu par l’Unesco

Le Chablais, espace naturel remarquable courant sur 50 kilomètres de Thonon-les-Bains au col de Joux Plane (Morzine), fait partie des neuf Géoparcs reconnus par l’Unesco en France.

Un Géoparc mondial (comme celui du Beaujolais) est un territoire qui, par le biais d’initiatives communautaires, met en valeur sa diversité géologique afin de promouvoir le développement durable régional.

Les paysages du Chablais, dotés de plusieurs géosites notables, racontent l’histoire de la formation des Alpes, vieille de 245 millions d’années.


© Fondation Ripaille

Le château de Ripaille

Bijou architectural au bord du Léman, à une vingtaine de minutes à pied du port de Rives, le château de Ripaille, ceint de vignes et d’une grande forêt préservée, dévoile de nombreux pans de l’histoire, depuis le Moyen Âge à son raffiné décor Art nouveau.

D’abord pavillon de chasse puis ancienne résidence des ducs de Savoie au XIVe, le château de Ripaille est transformé, au début du XVe siècle, en ermitage par Amédée VIII, premier duc de Savoie.

Le château, doté aujourd’hui de quatre tours, en comptait alors sept. Détruit au XVIe siècle lors des guerres de Religion et des invasions bernoises, la bâtisse devient sous l’impulsion de saint François de Sales un monastère chartreux.

Confisquée comme bien national à la Révolution, la chartreuse est un temps propriété de Dupas, général du Premier Empire, puis connaît une renaissance en 1892 lors du rachat par l’industriel esthète Frédéric Engel-Gros.

© Nadège Druzkowski

Ce dernier rénove l’édifice médiéval en y ajoutant une touche Art nouveau. Plus d’une vingtaine de pièces se visitent, replongeant le visiteur dans plusieurs siècles d’histoire (fumoir, cuisine, salle à manger, salle de bains, bureau, ancienne cave, etc.).

© Fondation Ripaille

Les tissus dans la chambre des époux Engel-Gros, tout comme nombre de rideaux, sont signés William Morris, fondateur du mouvement Arts and Crafts et initiateur de l’Art nouveau. Autre trésor Art nouveau : la remarquable fontaine en céramique de l’artiste Max Laeuger.


Le vin de Ripaille : un AOC local réputé

Entourant le château, le vignoble de Ripaille produit un recherché vin blanc, à la robe claire. Contrairement à de nombreux autres vins blancs de Savoie utilisant la jacquère, il est issu du cépage chasselas.

Sorte de petite péninsule sur le lac, le domaine de Ripaille bénéficie d’un microclimat qui donne au vignoble, avec son sol graveleux et perméable, toute sa singularité. Si les vignes existent depuis Amédée VII, le domaine s’est agrandi ces cinquante dernières années, totalisant aujourd’hui dix-huit hectares de blanc et deux de rouge. Le domaine appartient à la famille Necker-Engel depuis 1892.

C’est aujourd’hui Paule Necker, ingénieure agronome et œnologue, qui dirige le lieu.


Le saviez-vous ?

L’expression “faire ripaille” pour désigner faire bonne chère est bien connue. Et si elle est aujourd’hui associée au château, ce serait… la faute à Voltaire ! Dans son Épître, en arrivant dans sa terre près du lac de Genève, il sous-entend qu’Amédée VIII s’est retiré à Ripaille pour vivre une vie voluptueuse.

Le nom du château viendrait pourtant, lui, de rispe (mauvais bois, broussailles) et non du verbe riper (gratter, racler), les convives ripailleurs raclant souvent leur plat.


Où manger ?

• Temps d’M, intimiste, produits locaux et plats faits maison
https://restaurantletempsdm.wordpress.com

• Ô Vent d’Anges, cuisine raffinée et produits frais
www.oventdanges.com

• Raphaël Vionnet, table gastronomique d’un ancien étoilé
https://raphaelvionnet.fr

Où se loger ?

• Corniche 22, chambre d’hôtes dans une chaleureuse villa des années 1920
https://www.savoie-mont-blanc.com/chambres-dhotes/corniche-22-634367/

• Le Comte Rouge, charmant hôtel 2*, central
www.lecomterouge.com

• L’Arc en Ciel, hôtel 3* à 5 minutes de Thonon
www.hotelarcencielthonon.com

Comment s’y rendre ?

• En voiture : 2 heures 30 depuis Lyon

• En train : TER Lyon-Thonon 3 heures, avec correspondance à Bellegarde-sur-Valserine

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