Hommage à Claude Bloch
La ville de Lyon a rendu un dernier hommage à Claude Bloch, dernier rescapé d’Auschwitz décédé le 31 décembre. (Photo HJ)

"Témoins du témoin", les Lyonnais ont rendu un dernier hommage à Claude Bloch

Un peu plus d’un mois après le décès de Claude Bloch, le dernier rescapé lyonnais de la Shoah, environ 350 personnes, dont 70 élèves, lui ont rendu un dernier hommage à l’hôtel de ville de Lyon, prêts à prendre le relais de ce "passeur de mémoire".

Peu ou prou à l’heure où le président de la République Emmanuel Macron rendait hommage aux victimes françaises des attentats du 7 octobre en Israël, en dénonçant "le plus grand massacre antisémite de notre siècle", la Ville de Lyon tenait un dernier hommage en mémoire du dernier rescapé lyonnais de la Shoah, décédé le 31 décembre 2023. Véritable "incarnation de l’humanité" et "vigie face à la haine et le racisme", pour reprendre les mots du maire de Lyon, Claude Bloch s’est éteint à l’âge de 95 ans après une vie passée à "témoigner", pour "léguer l’immense héritage de son expérience", relevait Grégory Doucet ce mercredi 7 février devant la famille du défunt, les forces vives de la lutte contre l’antisémitisme et le racisme et des élèves de la Métropole de Lyon.

"À plusieurs reprises, vous nous avez dit ´je suis petit et pas bien costaud’. Aujourd’hui, nous pouvons témoigner de votre grandeur"

Témoignage d’une élève du lycée Chevreul Lestonnac de Lyon
Un peu plus de 350 personnes, dont 70 élèves, étaient réunis à l'hôtel de ville mercredi 7 février pour rendre hommage à Claude Bloch. (Photo Hj)

Fervent passeur de mémoire auprès des jeunes

Des élèves qui, depuis une trentaine d’années, sont nombreux dans l’agglomération à avoir entendu le témoignage de ce rescapé des camps de la mort, arrêté à Lyon alors qu’il n’avait que 15 ans. "Claude nous le savons tous était un homme de parole et de transmission. S’il est parvenu […] à quitter l’enfer d’Auschwitz, Auschwitz ne l’a pas quitté. Il n’a pas gardé son histoire pour lui et il nous l’a transmise. Aujourd’hui il nous l’a donné en héritage", insistait d’ailleurs ce mercredi Richard Zelmati, le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) en Auvergne-Rhône-Alpes. Un héritage qui vit aujourd’hui au travers de tous les jeunes élèves venus témoigner du souvenir et des mots légués par ce rescapé de la Shoah au moment de lui dire adieu. 

Lire aussi : Claude Bloch, le dernier survivant lyonnais d’Auschwitz s’est éteint

"Grâce à votre intervention dans notre établissement, nous avons compris ce qu’il s’était passé pendant la guerre. Ce moment nous a permis de réfléchir, car outre transmettre et ne pas oublier ce que nous avons reçu, il nous importe de ne pas refaire les erreurs du passé. Merci pour votre récit, nous entretiendrons votre mémoire et la transmettrons. Passeurs de mémoire nous sommes dès lors témoins du témoin", témoignait ainsi devant la famille de Claude Bloch une élève du lycée Chevreul Lestonnac de Lyon. Des mots profonds, qui auraient sans aucun doute touché celui qui, le 8 mai 2023, lors de l’hommage rendu à Jean Moulin par Emmanuel Macron au Mémorial de Montluc, était encore là pour transmettre son histoire, cette fois au président de la République.

"Être digne de sa mémoire"

"Claude Bloch, par son parcours, a fait beaucoup de bien à notre ville", estimait Grégory Doucet au début de son discours d’hommage, ajoutant "il nous faudra désormais nous débrouiller sans lui […] nous sommes orphelins, mais pas démunis". Claude Bloch aimait à dire que "ceux qui ne connaissent pas leur histoire s’exposent à ce qu’elle recommence". A Lyon, nombreux sont ceux qui connaissent désormais la sienne. Charge à eux "d’être dignes de sa mémoire en faisant vivre son message à l’heure d’une explosion des actes antisémites", insiste Myriam Picot, la présidente de l'antenne Auvergne-Rhône-Alpes de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra). 

Visiblement très affecté par la recrudescence des actes antisémites qui touchent la France ces derniers mois, son fils Christian Bloch confiait avec émotion : "vous avez entendu son message d’espoir et d’une construction d’une vie heureuse après le malheur. Notre père vous a transmis cette volonté de toujours se battre contre la folie des hommes. Il nous disait « j’ai 17 descendants, alors que j’étais destiné à ne rien avoir ». Il ne faut jamais lâcher. Je dis à nos enfants attention. Il faut lutter tous les jours".

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