Renaud Payre, vice-président (EELV) de la Métropole de Lyon en charge du logement.

Annonces de Gabriel Attal : "On n'a pas besoin de communication en matière de logement"

Renaud Payre est vice-président de la Métropole de Lyon en charge du logement. Il était sur le plateau de l'émission "6 Minutes Chrono" de Lyon Capitale pour réagir aux annonces de Gabriel Attal, le nouveau Premier ministre, sur le logement en France.

L'élu débute en prenant position contre le projet du gouvernement de modifier la loi SRU sur le logement social. Pour rappel, la loi SRU, votée en 2000, impose à chaque commune la construction de 25% de logements sociaux afin de favoriser la mixité sociale et éviter la concentration de population aux revenus modestes. Depuis 24 ans, de nombreuses communes décident de ne pas respecter le texte et préfèrent payer des amendes. Aussi, d'autres n'y parviennent pas faute de moyens. L'idée du gouvernement serait donc de compter le "logement intermédiaire" parmi les logements sociaux afin d'aider les édiles à parvenir à 25% de logement social et leur permettre, indirectement, de construire davantage de logement en leur laissant les mains libres. Dans le détail, le logement intermédiaire est une catégorie de logements locatifs dont les loyers sont environ 20% moins chers que le marché libre. Ce type de location est accessible sous condition de revenus.

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Renaud Payre explique : "Si je vous fais une confidence : je n'y comprends plus rien, plus rien. Le premier ministre, en 2024, dit qu'il faut faire un choc de l'offre. Ca tombe bien, c'est ce qu'avait annoncé le président de la République en 2017. Ce choc de l'offre, dont Emmanuel Macron avait dit qu'il permettra de faire baisser les prix, on l'attend toujours. On est aujourd'hui en France, et notre métropole correspond à tout ce qui se passe dans le reste du pays, à un niveau de construction le plus bas depuis 20 ans. Donc il n'y a jamais eu ce choc de l'offre."

Renaud Payre défend la loi SRU

Le vice-président donne sa vision de la loi SRU : "C'est une des plus grandes lois de la République. C'est une loi qui a plus de 20 ans et qui permet de faire du logement social. Pour parler de notre territoire, ça permet de rééquilibrer. Ça permet, même si c'est lent, d'en faire un peu plus à l'ouest de la métropole. Et on voit que la dynamique certes est lente, mais elle permet finalement de faire plus de logements sociaux. Avant la loi SRU, vous n'aviez aucun moyen de contraindre un maire à produire du logement social. Ça a été une grande avancée. Et pourtant, ça ne suffit pas. Aujourd'hui, les Françaises et les Français ont besoin de logements sociaux. Si je prends le cas de notre métropole, 10 demandes de logements sociaux pour une seule qui aboutit. Donc, ce qu'on attend d'un premier ministre dans ce pays, c'est qu'il nous dise comment il va permettre de faire plus de logements sociaux. Je rappelle quand même que cela concerne 75% des Françaises et des Français."

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Plus de détails dans la vidéo.


Bonjour à tous, bienvenue dans l'émission 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale. Aujourd'hui, on va parler de logement social à l'occasion du discours de politique général du nouveau premier ministre Gabriel Attal. Le nouveau premier ministre souhaite “déverrouiller le secteur du logement” en créant “un choc de l'offre”, notamment en modifiant la loi SRU qui impose un quart de logement social dans les communes. Pour en parler, nous recevons Renaud Payre, qui est le vice-président de la Métropole de Lyon en charge du logement. Bonjour Renaud Payre. Alors, le président de la Métropole de Lyon, Bruno Bernard, a signé une lettre à côté des maires des 20 plus grandes villes de France appelant Gabriel Attal à préserver cette loi SRU qui préserve les 25% de logements sociaux. Pourquoi, pour vous, c'est une mauvaise idée de modifier ce taux en y intégrant certains logements qui n'en faisaient pas partie ? 


Si je vous fais une confidence : je n'y comprends plus rien, plus rien. Le premier ministre, en 2024, dit qu'il faut faire un choc de l'offre. Ca tombe bien, c'est ce qu'avait annoncé le président de la République en 2017. Ce choc de l'offre, dont Emmanuel Macron avait dit qu'il permettra de faire baisser les prix, on l'attend toujours. On est aujourd'hui en France, et notre métropole correspond à tout ce qui se passe dans le reste du pays, à un niveau de construction le plus bas depuis 20 ans. Donc il n'y a jamais eu ce choc de l'offre. Premier élément, deuxième élément, il nous dit comment il va essayer de le faire et il nous parle de la loi SRU. Je pense que c'est important de dire ce que c'est que la loi SRU. C'est une des plus grandes lois de la République. C'est une loi qui a plus de 20 ans et qui permet de faire du logement social, pas simplement dans les quartiers populaires  qui ont toujours répondu présent, mais on essaye d'en faire un peu de partout. Pour parler de notre territoire, ça permet de rééquilibrer. Ça permet, même si c'est lent, d'en faire un peu plus à l'ouest de la métropole. Et on voit que la dynamique certes est lente, mais elle permet finalement de faire plus de logements sociaux. Avant la loi SRU, vous n'aviez aucun moyen de contraindre un maire à produire du logement social. Ça a été une grande avancée. Et pourtant, ça ne suffit pas. Aujourd'hui, les Françaises et les Français ont besoin de logements sociaux. Si je prends le cas de notre métropole, 10 demandes de logements sociaux pour une seule qui aboutit. Donc, ce qu'on attend d'un premier ministre dans ce pays, c'est qu'il nous dise comment il va permettre de faire plus de logements sociaux. Donc, je rappelle quand même que cela concerne 75% des Françaises et des Français. Et là, il nous dit quoi? Il nous dit “pour la classe moyenne”. Mais c'est quoi la classe moyenne? C'est quoi ce logement locatif intermédiaire? Je suis allé regarder d'un peu plus près. Sur une grande partie de notre métropole, le plafond pour accéder au logement locatif intermédiaire, c'est : pour une famille avec deux enfants, 7 500 euros mensuels. Oui, c'est une vision un peu large quand même de la classe moyenne. C'est quand même un revenu aisé. 
Ça n'est pas les trois quarts des Françaises et des Français qui attendent un logement. Donc, tout cela, c'est de la communication. C'est encore une fois essayer de flatter les maires qui n'arrivent pas à atteindre le taux de 25% de logements locatifs sociaux comme l'oblige la loi SRU. Et on n'a pas besoin de communication en matière de logements. On a besoin de plus de logements et d'une aide aux bailleurs sociaux pour en faire un peu plus. 

Pour vous, l'idée de simplifier, de donner plus de liberté, peut-être même aux édiles, aux maires, ce n'est pas forcément une bonne idée ? La dérégulation pour libérer finalement, peut-être au niveau législatif, les acteurs pour essayer de construire plus. Ça ne fonctionnerait pas ?

Ça n'a jamais marché. Il y a une part du logement qui doit se faire par le marché, le logement libre. Il n'y a pas de doute. Je ne suis pas du tout en train d'appeler à la collectivisation. Ce n'est pas mon propos. Mais par contre, oui, en matière de logements, on voit bien que le marché ne se régule absolument pas tout seul. 

Ce logement intermédiaire, vous avez donné les plafonds, effectivement. Dans le détail, c'est une réduction des loyers de 15 à 20%. C'est un loyer plafond. Du fait, ça concerne beaucoup de monde. Vous avez raison, pour une personne, le plafond, c'est 30 000 de revenus annuels nets. Pour un couple, c'est 42 000. L'inclure dans le logement social, ce serait tricher, finalement ?

Mais bien sûr que c'est tricher. Moi, en ce moment, je fais un plaidoyer au niveau européen pour qu'on essaye de pousser une politique européenne du logement. Donc, je rencontre beaucoup de villes européennes. Mais toutes nous disent : “vous avez de la chance d'avoir un modèle du logement social, quand même, en France, qui permet quand même de produire du logement pour 75 % des personnes qui ont les revenus les plus modestes”. 

Je crois même qu'on représente quasiment un tiers du logement social en Europe. 

Mais bien sûr, parce que c'est un modèle qui a plus de 120 ans. C'est un modèle qui a porté ses fruits. C'est un modèle qui a permis aux ouvriers, aux classes moyennes, aux classes moyennes modestes, j'ai envie de dire, d'accéder à un logement sur plus d'un siècle. Donc, on ne peut pas se permettre de jeter ce produit du progrès social parce qu'on fait un clin d'œil à je ne sais qui. Je trouve que ce jeu est un peu dangereux quand même. 
Ce clin d'œil, cette ouverture, évidemment, du gouvernement vers sa droite, cette idée quand même d'aller flatter une partie des élus qui précisément ne répondent pas aux exigences de la loi SRU, risque précisément de faire qu'il y aura des perdants. Et les perdants, c'est les demandeurs de logements sociaux qui aujourd'hui sont désespérés. C'est pour ça que moi, je me bats depuis 2020, pour qu'on essaye d'en faire le plus possible, qu'on imagine les surélévations, qu'on fasse plus de préemptions qu'autrefois, c'est-à-dire qu'on puisse faire du logement social au cœur de la métropole. C'est tout cela qu'on explore. Mais encore une fois, 
nous n'y arriverons pas si on n'a pas un gouvernement qui met au-dessus de la pile la question du logement. Et rêvons qu'il y ait un ministre du logement. 

Oui, c'est vrai qu'à l'heure actuelle, au moment où on enregistre cette émission, nous n'avons pas de ministres du logement déclarés. Donc pour vous, on peut résumer ça à de la communication politique ? 

Mais c'est sans aucun doute de la communication politique. Et je suis rassuré évidemment du courrier que nous avons adressé au premier ministre, et de la réaction du logement social. Et puis j'ai écouté avec grande attention la Fondation Abbé Pierre. Lors des 70 ans de l'appel de l'Abbé Pierre quand même, il faut rappeler la réalité du mal logement, elle était forte. Ce mal logement, il était fort en 1954. Il a pris un tout nouveau visage dans les années 2020. Il y a encore des hommes, des femmes qui meurent dans la rue, qui meurent dans des caves, qui meurent de ne pas avoir de logement. Donc tout cela, nous y répondrons par plus de logements sociaux qui concernent encore une fois, car n'ayons pas de stéréotypes sur le logement social, 75% des Français et des Français. 

Voilà, donc une large part. Merci beaucoup Renaud Payre d’être venu sur notre plateau pour donner la position de la Métropole de Lyon sur les annonces du nouveau premier ministre Gabriel Attal. Quant à vous, je vous remercie d'avoir suivi cette émission. Plus de détails sur Lyon Capitale. À très bientôt.  

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