25 communes de la Métropole de Lyon vont recevoir un composteur individuel ©Antoine Merlet
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La Métropole de Lyon, bon élève du compostage individuel ? 

Depuis le 1er janvier 2024, les collectivités territoriales ont pour obligation de proposer une solution de tri à la source des biodéchets à leurs habitants. Une procédure légale respectée par la Métropole de Lyon, qui entend aller plus loin avec son service de bornes, disponible début 2024 dans 7 des 58 communes de l’agglomération.

Expérimentées dès 2021 dans les rues du 7e arrondissement de Lyon par la Métropole, les bornes métalliques marron dédiées au compost ont depuis investi les rues de la quasi-totalité des arrondissements de la troisième ville de France. Jusqu’ici absents du circuit de collecte opéré par les camions de la collectivité, les 5e et 9e arrondissements devraient y être intégrés au 1er trimestre 2024. 

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Sept villes de la métropole équipées

De quoi répondre à l’obligation légale prévue par la loi anti-gaspillage (loi Agec), votée en 2020, et qui impose aux collectivités territoriales depuis le 1er janvier 2024 de proposer une solution de tri à la source des biodéchets à leurs habitants. Cependant, lorsque l’on s’éloigne des frontières de Lyon, les trous dans la raquette apparaissent encore nombreux. Sur les 57 autres communes de l’agglomération, en début d’année seulement 6 (Villeurbanne, Sainte-Foy, Craponne, Dardilly, Écully et Champagne-au-Mont-d’or) disposaient de bornes. 

"À l’heure actuelle on répond déjà à l’échéance réglementaire" assure néanmoins Isabelle Petiot, la vice-présidente de la Métropole de Lyon en charge des déchets, non sans une pointe d’agacement. "On peut juger la réglementation trop légère, je le pense, mais elle ne stipule rien en termes de densité de solution, et de maillage insiste l’élue écologiste. Avant d’ajouter, elle dit juste, « il faut qu’il y ait une solution de tri". Certaines collectivités estiment être au rendez-vous de l’échéance réglementaire alors qu’elles proposent juste une solution de composteur individuel ou collectif, ce que l’on fait déjà depuis le début du mandat. Nous avons décidé d’aller plus loin".  

"Début 2024, il y a aura quand même tout Lyon qui sera couvert, que l’on me cite une collectivité qui a répondu de cette manière-là"
Isabelle Petiot, vice-présidente de la Métropole de Lyon en charge des déchets
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En début d’année 2024, 1 300 à 1 400 bornes, collectées en moyenne deux fois par semaine, avaient ainsi déjà été installées sur les sept communes citées précédemment. Suivront, dans le courant de l’année 2024, une vingtaine d’autres communes denses de la métropole. D’ici la fin de l’année, les habitants de Bron, Vaulx-en-Velin, Tassin-la-Demi-Lune, Chassieux, Oullins-Pierre-Bénite, Francheville, Caluire-et-Cuire, Rillieux-la-Pape, Genay, Neuville-sur-Saône, Fontaine-sur-Saône, Givors, Grigny, Vénissieux, Saint-Fons, Corbas, Feyzin, Saint-Genis-Laval, Charbonnière, Saint-Priest et Mions devraient ainsi pouvoir profiter de ces dispositifs de compostage. Le nombre de bornes variera en fonction de la population, mais il faut en moyenne compter "1 borne pour 500 habitants en zone urbaine dense" rappelle Isabelle Petiot, tout en précisant que dans les zones pavillonnaires, où il y a des maisons avec jardin, la collectivité continuera de privilégier une offre de composteurs individuels. 

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Une solution pour toutes les communes fin 2024

Après avoir essuyé des "non catégoriques de certaines communes", plutôt de droite, l’échéance réglementaire imposée par la loi a assurément gonflé la voile de la Métropole de Lyon, qui annonce, par la voix d’Isabelle Petiot, que d’ici fin 2024 toutes les communes auront une solution, via des bornes à compost, des composteurs individuels ou des composteurs grutables. Cette troisième solution, testée à grande échelle à Chambéry, devrait être proposée à une vingtaine de communes moins denses de l’agglomération, après avoir fait l’objet d’une expérimentation de six mois sur les communes de Charly et Solaize. Concrètement, il s’agit de bornes grutables où est rajouté du broya, afin d‘espacer les collectes qui seront réalisées une fois toutes les six semaines.

En chiffres
- 1 400 bornes début 2024 ;
- 2 500 bornes à terme ;
- Une vingtaine de communes équipées en 2024 ;
- Le coût : 12 millions d'euros ;
- Le prix d'une borne : 1 000 euros ;
- Le tonnage collecté en 2023 : 3 540 tonnes ;
- L'objectif à terme : 30 000 tonnes.

Alors que fin décembre le ministère de la Transition écologique ne cachait pas qu’en 2024 seuls 27 millions de Français, soit 40% de la population, auraient une solution de collecte en porte-à-porte, en point d'apport volontaire proche de chez soi, ou en bac de compostage volontaire, la Métropole semble avoir pris ce vaste chantier par le bon bout. À titre de comparaison, à Paris la collecte des biodéchets à domicile, expérimentée depuis 2017 dans les IIe, XIIe et XIXe, prendra fin en septembre prochain, du fait d’une collecte famélique. À la place la mairie de Paris installera, d’ici fin 2024, 500 bacs à biodéchets sur ses points de collecte de tri, qui viendront s’ajouter aux 200 déjà installés sur les marchés de la capitale depuis 2020. Soit 700 bacs à venir pour la ville de Paris, quand la seule ville de Lyon en compte déjà près de 900, alors que deux arrondissements ne sont pas encore couverts. 

"Depuis des années, des solutions assez intéressantes étaient proposées avec des composteurs d’immeuble et de quartier, mais ce n’était pas une solution massive pour pouvoir répondre au nombre d’habitants de la Métropole"
Claire Duliere, chargée de plaidoyer au sein de Zéro déchets Lyon
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"Ils sont encore en train de déployer [les bornes, Ndlr], mais c’est une des plus grosses métropoles de France, ce n’est pas quelque chose qui se fait en un claquement de doigts. Ils ont pris le sujet à coeur et avec sérieux dès le début de leur mandat. Ce n’est pas le cas de beaucoup d’autres métropoles ou communes", salue Claire Duliere, chargée de plaidoyer au sein de Zéro déchets Lyon. "On pourrait toujours faire mieux, j’aurai souhaité que ça se fasse plus vite,  néanmoins quand je suis arrivée en début de mandat il n’y avait rien dans les cartons. Cela a déjà été une prouesse de lancer une première phase d’expérimentation en moins d’un an, puis d’enchaîner le déploiement à cette vitesse", insiste Isabelle Petiot. 

Un investissement lourd, pour une solution massive

Surtout, la Métropole de Lyon s’est donné les moyens de ses ambitions. Pour proposer une solution massive à même de répondre aux besoins de ses habitants, la collectivité à débloqué un budget de 12 millions d’euros, qui comprend l’installation des bornes, dont le coût est estimé à 1 000 euros l’unité, la distribution de bio-seaux et de sacs aux grands-lyonnais, et surtout la sensibilisation. Un volet essentiel pour faire adhérer les habitants au dispositif et sur lequel la collectivité n’a pas lésiné en investissant 2 millions d’euros. "La sensibilisation est essentielle. Car si le geste peut paraître très simple est évident pour certains, pour d’autres il faut vraiment bien l’expliquer", justifie l’élue écologiste face à cette facture importante. 

Une fois collectés, les biodéchets des bornes sont envoyés sur des sites de traitement, comme ici chez Les Alchimistes. (Photo CM)

Au vu des chiffres enregistrés sur l’année 2023, la greffe semble déjà avoir bien pris avec 3 540 tonnes de biodéchets collectées. C’est encore loin de l’objectif annoncé de 30 000 tonnes de déchets alimentaires par an, mais la collecte devrait monter en puissance au fur et à mesure du déploiement des bornes, qui a déjà été revu à la hausse. Initialement estimé à 2 000, leur nombre devrait finalement atteindre 2 500 sur l’agglomération. Une course aux chiffres, qui n’est pas s’en générer une certaine inquiétude du côté de l’association Zéro déchets Lyon. "Il faut faire attention parce que ça risque de déculpabiliser le geste de gaspillage. Ça reste une solution de traitement des déchets vertueuse, mais il ne faut pas oublier que derrière ça reste une part de gaspillage alimentaire", alerte Claire Duliere. Un constat partagé par Isabelle Petiot, qui appelle à s’affranchir de ces chiffres pour ne "pas aller vers une course au tonnage concernant le tri des déchets alimentaire, qui ne doit pas cacher la lutte que l’on doit mener contre le gaspillage alimentaire".

Les réserves du milieu associatif

Avec une collecte qui augmente et un déploiement qui se poursuivra tout au long de l’année 2024, la Métropole semble pouvoir arborer sans rougir la casquette de bon élève français du tri à la source. À Lyon ce déploiement massif et à grande échelle ne se fait toutefois pas sans critiques de la part de certains "professionnels du biodéchet". "C’est un bon élève au regard de la loi biodechets, parce qu’effectivement elle [la Métropole de Lyon, Ndlr] sera beaucoup plus en avance que plein d’autres métropoles. Mais si on réfléchit en termes seulement écologiques, c’est-à-dire émission de gaz à effet de serre, création de matière, création d’emplois locaux, relocalisation de l’économie … je trouve cela dommage d’être allé aussi vite et un peu à l’encontre de ce qui émergeait sur le territoire jusque là", déplore Pierre Ulrich, l’un des co-fondateurs de l’association Eisenia. 

"C’est une politique qui se met aux normes avec la loi, qui fait réfléchir les habitants, mais ce n’est pas a proprement parlé une politique écologique"
Pierre Ulrich, co-fondateur de l’association Eisenia. 
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Implantée depuis une dizaine d’années sur le territoire, où elle propose des solutions de lombricompostage aux particuliers, aux copropriétés ou encore aux collectivités, l’association est tombée de haut à l’annonce du déploiement de bornes à compost sur l’agglomération. "Jusqu’au changement de majorité, absolument personne n’avait envisagé la collecte, ce n’était pas dans les tuyaux. La solution de collecte a pris toutes les associations de cours. C’est arrivé très rapidement comme une solution imposée, impossible à discuter. Dans ce que l’on propose, j’ai l’impression de cocher toutes les cases de l’économie et du social, des valeurs défendues par cette majorité", s’agace Pierre Ulrich, qui craint de voir les bornes faire péricliter le lombricompostage. Un dispositif de compostage à la source déployé depuis près des 10 ans dans l’agglomération par l’association et présenté comme plus écologique, car il ne nécessite pas de collecte et de transport, la dégradation des déchets se faisant sur place.

En faisant le choix des bornes, jugées plus simples d’utilisation pour les habitants, car elles acceptent tous les déchets alimentaires, le pari de la Métropole était avant tout de rendre le "service plus accessible et plus facile, afin que l’habitant n’ait plus aucune excuse pour ne pas faire ce tri", soutient Isabelle Petiot. Une habitude qui semble déjà bien adoptée par les Lyonnais au vu des tonnages collectés sur la dernière année. De quoi permettre à la Métropole de Lyon d’espérer que cette collecte se substitue pour partie à celle des ordures ménagères existantes, "car on ne rajoute pas des déchets, ils sont déjà existants".

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