Virginie Carton
Virginie Carton, directrice générale d’OnlyLyon Tourisme & Congrès

Tourisme à Lyon : comment allonger le temps de séjour des touristes et des congressistes

Lyon consolide son statut de place forte française du tourisme d'affaires et d'agrément. Avec un enjeu pour demain : celui de faire rester plus longtemps les touristes et les congressistes.

Lyon profite de l'embellie du tourisme. En 2023, 9,4 millions de nuitées marchandes (+12% par rapport à 2023, équivalent 2019) ont été enregistrées, dont 5,4 millions (+11% par rapport à 2023, +2% par rapport à 2019) en hôtel. Des chiffres notamment tirés par la "belle reprise" de l'industrie des salons et de l'événement en général, se félicite Virginie Carton, directrice générale d'ONLYLYON Tourisme & Congrès.

Lyon est ainsi la première ville à coté de Paris pour l'organisation d'événements professionnels, grâce à sa capacité hôtelière de près de 20 000 chambres.

A Lyon, 75% de touristes français et 25% d'étrangers

Le tourisme d'affaires, qui a toujours tiré le tourisme de loisirs, représente 60% de l'ensemble.

Là encore, en 2023, presque 1 million de visiteurs ont été accueillis par les prestataires touristiques (visites guidées, activités, Lyon City Card, etc.), notamment grâce à l'aura de Lyon en matière culturelle (2e ville de France par le nombre d'événements organisés tout au long de l'année).

Les enjeux de demain : Augmenter la durée de séjour ça se fait en faisant revenir les gens et en montrant l'ensemble de l'offre sur la métropole en fait pas seulement l'offre de l'hypercentre.

Hybridation tourisme d'affaires et de loisirs

Si Lyon a, depuis 2010, pris le virage autour du tourisme social, environnemental, plus durable et plus inclusif, le travail porte depuis peu sur les comportements de consommation avec l'enjeu d'allonger le temps de séjour à la fois des touristes purement loisirs et des congressistes (+ 220 000 journées l'année dernière).

Une étude va être prochainement lancée pour "savoir comment est-ce qu'on fait rester un congressiste ou comment on le fait revenir".
"On est vraiment sur ces sujets d'hybridation entre un touriste d'affaires, qui moyennant des facilités, peut vite devenir un touriste de loisir, et rester un jour ou deux ou anticiper de venir un peu plus tôt."

Aujourd'hui, le temps moyen de séjour à Lyon est de 3,5 jours. "L'objectif est de le doubler" explique Robert Revat, président d'ONLYLYOn Tourisme & Congrès

A suivre...


La retranscription intégrale de l'entretien avec Virginie Carton

Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouveau rendez-vous de 6 minutes chrono. Nous recevons aujourd'hui Virginie Carton directrice d'OnlyLyon Tourisme et Congrès.

Bonjour.

On va essayer de faire un bilan 2023 du tourisme à Lyon qui marche sur deux jambes, tourisme d'affaires et tourisme d'agrément. Sur le tourisme d'affaires, a-t-on constaté une reprise des salons ?

Il y a une belle reprise de l'industrie des salons et de l'événement en général. Clairement, les événements se repassent de nouveau en présentiel. On a un petit peu d'hybridation mais vraiment très peu. Et Lyon conserve sa 1re place à côté de Paris dans le monde du tourisme d'affaires en France.

La sémantique a changé : Lyon n'est numéro 2 mais 1re à côté de Paris...

C'est aussi une autre manière de se présenter. Parce qu'effectivement je pense qu'on a le deuxième parc hôtelier français. En termes d'offre de réunions, c'est la même chose. On a quatre sites majeurs, beaucoup de lieux d'espace et de réunion,. On est vraiment la 1re option après Paris, à côté de Paris.

J'imagine qu'on n'est peut-être pas retour post-Covid ?

En termes de nuitées hôtelières, si : on est même légèrement en progression par rapport à 2019. On est à 71,40 % de taux d'occupation, c'est un très bon taux qui montre l'équilibre de la métropole, puisque c'est un taux d'occupation à la fois en semaine et puis un taux d'occupation également en week-end.

Les salons c'est quand même un secteur hyper concurrentiel. Strasbourg j'imagine il y a peut-être d'autres villes. Lyon historiquementn on ne va pas faire l'histoire, mais ça a toujours été une ville marchande. On a toujours expliqué à Lyon que finalement le tourisme d'agrément a été tiré par le tourisme d'affaires. Est-ce que c'est encore vrai aujourd'hui ou c'est en train de changer un peu ?

En fait, les deux sont intimement liés. D'abord, historiquement, Lyon est une destination de tourisme d'affaires. On a une histoire d'une ville ouverte sur les foires. Un tourisme d'affaires avec des lieux emblématiques, un parc hôtelier qui permet d'accueillir des événements de 500 personnes à plusieurs milliers. Ce que n'ont, clairement, d'autres villes françaises. Accueillir un congrès international ce sont les professeurs, les directeurs de recherche, les directeurs scientifiques, l'écosystème qui va porter ce congrès, c'est aussi la capacité hôtelière, ce sont toutes les infrastructures qui desservent aussi ,le train l'aéroport etc. Et bien sûr les lieux d'accueil de manifestation. Donc ça c'est vraiment ce qui fait la spécificité de Lyon.
Et on parlait de tourisme d'agrément. Depuis une quinzaine d'années il y a eu un fort développement de l'image et du tourisme de loisir. Alors effectivement, dans plusieurs objectifs desservis par ce développement : à la fois un équilibre qui était de dire qu'il faut que le week-end, les hôtels soient aussi une activité satisfaisante en termes de rentabilité et pour attirer de nouveaux hôtels et de nouveaux investisseurs. Et puis aussi pour porter l'image de la ville.
Parce qu'en fait nous on le sait bien en tant que Lyonnais : quand les gens viennent à Lyon, quand les visiteurs viennent à Lyon, ils sont extrêmement séduits ravis. Donc on avait besoin de faire connaître cette image de la ville également au bénéfice des réunions d'entreprises ou des salons ou des congrès. On ne voit pas forcément dans un congrès dans une ville non séduisante en quelque sorte.

Est-ce qu'aujourd'hui l'enjeu c'est aussi d'augmenter la durée de séjour du tourisme ?

Alors c'est un vrai sujet du côté du tourisme de loisir qui est d'augmenter la durée de séjour. Augmenter la durée de séjour ça se fait en faisant revenir les gens et en montrant l'ensemble de l'offre sur la métropole en fait pas seulement l'offre de l'hypercentre.

Donc Lyon camp de base et puis après en étoile.

Voilà et même effectivement en étoile par exemple sur le Beaujolais. Donc on est en train de monter un partenariat avec Destination Beaujolais. Et d'ailleurs quand on accueille des professionnels du tourisme ou des médias, très souvent, en fait il y a forcément une petite excursion dans le Beaujolais. On travaille beaucoup avec nos partenaires dans le Beaujolais.

Et est-ce qu'il y a aussi un enjeu sur le congressiste : de faire en sorte qu'il reste un peu plus longtemps aussi pour faire du tourisme d'agrément.

Oui, c'est un sujet qu'on aimerait bien étudier parce que je pense qu'il y a eu tellement de modifications de comportement dans le travail ces dernières années avec la généralisation du télétravail. Donc, il y a peut-être des modes de fonctionnement et de consommation qui ont changé. Et donc on va lancer une étude cette année pour savoir vraiment comment est-ce qu'on fait soit rester un congressiste soit comment on le fait revenir à quel moment est-ce qu'il faut lui parler etc.
Donc on est vraiment sur ces sujets d'hybridation entre un touriste d'affaires, qui moyennant des facilités peut vite devenir un touriste de loisir, et rester un jour ou deux ou anticiper venir un peu plus tôt.

Je vous pose quand même une question parce que ça avait fait un peu de bruit. La fameuse touriste américaine Angela qui avait fait une vidéo qui pleurait en disant que personne ne l'accueillait comment vous à l'office du tourisme avez pris la chose de manière sérieuse j'imagine ?

Bien sûr forcément parce qu'à chaque fois qu'il y a quelqu'un qui n'a pas une bonne expérience sur la destination on en est vraiment désolé. Donc on l'a d'abord pris en lui disant qu'on est désolé ça peut arriver à n'importe qui dans n'importe quelle destination. Revenez-vous voir pour qu'on vous montre vraiment ce qu'on est capable de vous proposer.
Et puis c'est un vrai sujet aussi qui est de se dire comment est-ce qu'on parle à quelqu'un qui visiblement n'est pas rentré par les canaux classiques. C'est-à-dire que l'office du tourisme était ouvert, nous on avait clairement identifié tout ce qu'il y avait à faire pour la soirée du 31, notre site internet était à jour, on est sur les réseaux sociaux. Mais effectivement on peut avoir des visiteurs qui arrivent par d'autres biais.
C'est un de nos sujets d'ailleurs dans les années à venir c'est plutôt de comment est-ce qu'on s'assure que l'accueil touristique quel que soit le point d'entrée sur la destination il est quand même extrêmement satisfaisant. Donc comment est-ce qu'on forme une communauté d'accueillants en fait.

Avec l'enjeu de ne pas d'éviter, comme à Barcelone ou Venise, de voir des pancartes "tourists, go home"...

Avec cet un sujet sur lequel la Métropole est assez impliquée puisqu'elle finance une étude qui permet de mesurer sur l'ensemble de la métropole le taux d'acceptation du tourisme avec des benchmarks par rapport à d'autres villes européennes. Et c'est un taux qui est très raisonnable. On a à peu près 80% des habitants de la métropole qui sont très favorables à leur tourisme. Maintenant c'est vrai que dans de l'hyper centre, ou vraiment dans certaines rues dans le Vieux-Lyon, je comprends qu'il peut y avoir des problèmes de tolérance par rapport à des flux extrêmement importants sur certains moments. On a déjà commencé à travailler dessus. Nous on a organisé nos visites guidées de façon différente le samedi. Voilà on essayait vraiment d'éviter la rue Saint-Jean.

Très bien. Merci beaucoup.

Merci beaucoup de m'avoir accueilli.

A très bientôt. Au revoir.

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