Pluie, neige, vent, brouillard, températures glaciales, rivières de boues... les 800 coureurs du Trail des Cabornis se souviendront de l'édition 2024.
Ils savaient que la météo ne serait pas terrible, pas qu'elle serait exécrable. C'est bien simple, dimanche 3 mars, les coureurs inscrits sur le 25 km (1 200 D+) et le 41 km (1 900 D+) de la 20e édition du Trail des Cabornis ont pratiquement tout connu climatiquement parlant : de la pluie glaciale (les températures ont avoisiné les 2°C), de la neige (fondue, bien lourde), un air glacé, du brouillard (sur les cols) et, pour pimenter le tout, quelques coups de vent de face ou de côté. Certes, pas de grêle ni d'orage...
Ceci étant, dimanche matin, nombreux ont été les coureurs à se lever pour regarder par la fenêtre, et se recoucher. Sur les 380 inscrits du long format, seuls 285 s'étaient alignés sur la ligne de départ (1/4 ont fait la grasse matinée) et, sur le 25 km, l'hécatombe a frisé les 36% de ré-endormis.
Alors forcément, les (90) bénévoles sur le pont dimanche saluaient à tue-tête les coureurs d'un "Tiens, un courageux !", que les coureurs s'empressaient de leur retourner, ces derniers passablement transis de froid aux intersections et aux ravitaillements.
Les sentiers se sont transformés en rivières d'eau et de boue. Les premiers kilomètres, tout le monde prenait soin de sauter par-dessus les flaques ou de les éviter en les contournant par les côtés (rendus piégeux par la boue glissante). Le temps passant, la pluie et la neige ayant copieusement fourni leur part, plus personne ne s'embêtait à ce petit jeu de saute-lagon (si on considère l'envergure et la profondeur de certains specimen).
Autant dire que les descentes étaient comiques, un brin périlleuses, entre la boue, les déluges d'eau, les racines et les pierres rendus invisibles.
De mémoire d'anciens, le Trail des Cabornis n'avait jamais été aussi épique. Les 794 partants pourront dire : "j''y étais !".
Tous les résultats du Trail des Cabornis 2024, sur Terre de Runners
La boue, champ expressif à part entière
On pourrait la voir comme un champ expressif à part entière, une nouvelle expression esthétique, la voie vers d’insolites manières de se mouvoir. Car la boue demande du mouvement.
Glissante, collante, liquide, pâteuse, grasse, molasse, sirupeuse, à certains égards muctilagineuse... La boue modifie la topologie. Elle déforme aussi les corps. Il suffit de jeter un œil au coureur qui vous précède dans les bois d'Alix, essayant d'éviter les racines des arbres, les pierres bien planquées sous les pelletées de boue : une sorte de pantin en version collant-pipette, avec bonnet sur la tête, qui court les jambes écartées, les pieds en "11h10".
La boue demande de l'humilité. Aussi. Beaucoup même.
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On les oblige ?